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Thèse présentée à la faculté des sciences de Paris
pour obtenir le grade de Docteur es Sciences
Physiques
par
J. Lavaux
Sur une association naturelle de deux
diméthylanthracènes
soutenue le 15 janvier 1910
devant la commission d'examen :
Bouty, E., président
Haller, Blaise, examinateurs
Je
me propose, ainsi que l'indique le titre de ce Mémoire, d'étudier un curieux
mélange de deux diméthylanthracènes qu'on trouve généralement associés parmi
les produits
d'un certain nombre de réactions. Il présente les caractères
apparents d'un corps défini, se montre à peu près
inséparable par l'emploi des méthodes physiques seules et sur
sa nature se sont mépris un certain nombre de chimistes, non des moindres, qui
l'ont eu entre les mains. Friedel et Crafts dans trois réactions différentes, Anschütz
d'abord, puis ailleurs Anschütz et Immendorff, Elbs et
Wittich, enfin Zincke et Wachendorff obtinrent des corps
auxquels ils attribuèrent tous la formule d'un diméthylanthracène.
Tous
ces produits furent regardés par leurs auteurs comme des composés
définis, et certains de ces corps leur parurent être identiques entre eux.
C'est ainsi que, pour Friedel et Crafts, leurs trois produits n'étaient qu'un même composé.
Pour Anschütz, il y avait identité entre ses deux produits et celui de Zincke
et Wachendorff.
Enfin
le dérivé d'EIbs et Wittich paraissait différent, tandis
qu'entre ceux de Friedel et Gratis, d'une part, et d'Anschütz
Anschütz, d'autre part, on pouvait entrevoir une identité possible, mais non
certaine, dont les auteurs, d'ailleurs, n'ont jamais parlé.
Ayant
eu l'occasion de préparer l'un de ces corps, en faisant agir,
suivant les indications de Friedel et Crafts, CH2Cl2 sur le
toluène, en présence de AlCl3, je m'aperçus que la
diméthylanthraquinone dérivée de ce carbure était un mélange de
deux isomères. Reprenant le carbure, je parvins à isoler l'un des
constituants, en petite quantité, comme résidu moins soluble par des
épuisements successifs du carbure brut par le toluène froid. Je l'appellerai carbure A; ce
doit être le i .6-diméthylanthracène. En oxydant la portion restée dissoute et
épuisant par l'alcool la quinone brute ainsi obtenue, on isole comme résidu la quinone du
second carbure, B, qu'on en peut régénérer par réduction et qui paraît être le
dérivé 2.7. On peut par ce procédé obtenir la séparation des deux isomères
et les
isoler à l'état pur.
Par
la suite, je reconnus qu'un autre produit dérivé du toluène avec
C2H2Br3 et AlCl3 était le même mélange et j'examinai alors la liste des divers
diméthylanthracènes connus. Certains, par leurs constantes physiques ou leur mode de
formation, me parurent devoir être ce même mélange; je fus amené à les
étudier. Il avait été décrit jusqu'ici 15 modes de production de diméthylanthracènes et de plus
une quinone. Les voici :
Quinone :
1 4-diméthylanthraquinone (on ne connaît pas le carbure) Gresly.
Carbures :
1° 1.3-diméthylanthracène
(?) de Louise (p-diméthylanthracène);
2° 1.3-diméthylanlhracène(?)
de Gresly (incompatible avec le précédent);
3° 2.3-diméthylanthracène
d'EIbs et Eurich ;
4° 2.6-dimélhylanthracène
de J. Dewar et H.-O. Joncs ;
5° Diméthylanthracène
de Friedel et Crafts par AlCl3, CH2Cl2 et toluène ;
6° Diméthylanthracène
de Friedel et Crafts par AlCl3, C6H5-CH2 et C6H5-CH3 ;
7° Diméthylanthracène
de Friedel et Gratis par AlCl3 sur le chlorure de xylyle ;
8° Diméthylanthracène
d'Anschütz par AlCl3, C2H2Br4 et toluène ;
9° Diméthylanthracène
d'Anschütz et Immendorff par AlCl3 sur le toluène ;
10° Diméthylanthracène
de Zincke et Wachendorff dit du goudron de houille ;
11° Diméthylanthracène
d'EIbs et Wittich par AlCl3, CHCl3 et toluène ;
12° Diméthylanthracène
d'Anschütz à partir d'un hydrure de tétraméthylanthracène ;
13° a-diméthylanthracène
de Louise ;
14° Diméthylanthracène
du pseudocumolstyrol ;
15° Diméthylanthracène
de Van Dorp.
On pourra, d'après cet aperçu
historique, juger de l'état de la question, quand j'ai entrepris ces
recherches et du peu de développement des connaissances chimiques relatives à
ces corps. Parmi eux, dans 7 cas, j'ai retrouvé le même
mélange des carbures A et B. Dans un huitième cas décrit
par Anschütz, j'ai reconnu le carbure B. Enfin j'ai obtenu
un nouveau corps, répondant à la formule d'un diméthylanthracène,
de constitution encore inconnue, que j'appelle C.
L'étude des diverses réactions
où prennent naissance les diméthylanthracènes A et B, l'étude de leur
constitution et de quelques-uns de leurs dérivés les plus importants feront
l’objet de ce Mémoire.
CONCLUSIONS
La très faible différence des
unités normales et des unités actuelles, environ 1 sur 50, est de l'ordre de
grandeur de celle que tolèrent les industriels lorsqu'ils assimilent le
cheval-vapeur français au horse-power anglais. Cette assimilation
courante qui néglige 1/75e de la valeur de l'unité, ne choquant
et ne gênant personne, on peut en conclure que remplacer le kgm. actuel par le
N. kgm serait une réforme qui n'apporterait aucun trouble et passerait industriellement
inaperçue. Ses multiples avantages, tant théoriques que pratiques, dont on a
pu juger par les exemples précédents, invitent à l'effectuer. Je rappelle ce que j'ai
dit, que le N. cheval-vapeur de 75N.Kgm.p.sec. pourrait être
toléré actuellement; il ne différerait du horse-power que de 1/190 en plus,
tandis que le cheval-vapeur actuel en diffère de 1/75 en moins. Mais l'unité normale rationnelle
de puissance industrielle, le poncelet normal, ou si l'on
veut cheval métrique, équivaudrait au kilowatt, ce qui est le
point fondamental. Il suffirait, pour réaliser cette réforme
capitale, d'une décision d'un congrès de physiciens d'abord, adoptant pour
valeur normale de la gravité G == 10. Cela ne tarderait pas à entraîner
l'adhésion des congrès de mécaniciens et d'électriciens et de celle de la
Conférence générale des Poids et Mesures.
Dans l'exposé qui précède, je
me suis attaché à conserver tout ce qu'il est à la rigueur possible de garder
du système
actuel des mécaniciens, principes, noms des unités, et
cela dans le but d'éviter les impedimenta. Ainsi toute la
réforme se réduit au seul changement de la valeur officielle g
=9'",81 en la valeur normale G=10m/sec2. II n'en reste pas moins des
points faibles, des lacunes sans intérêt pour l'industrie, mais de
nature à heurter l'esprit des physiciens. Le mot gramme pris isolément ne peut plus
aujourd'hui signifier autre chose qu'une masse; il n'y a donc plus
lieu d'employer jamais l'expression gramme-masse. Il n'en est pas de même de
l'expression gramme-force qu'il faut bien utiliser, faute de mieux, pour exprimer le
poids, ne serait-ce que pour désigner le kilo-gramme-force normal, unité
pratique de force du système que je viens d'exposer. On va voir que cette association
de deux
mots distincts n'est pas heureuse, mais que dire du mot
kilogrammètre auquel je n'ai pas voulu toucher? Il nous ramène à
la confusion complète entre la masse et le poids, car dans ce mot, par suite des
conventions reçues et de la nature de l'unité, kilogramme ne peut représenter qu'une force.
Il faudrait dire kilogramforce-mètre et encore en écrivant
en un seul mot kilogramforce, sans quoi kilo-gramme-force-mètre signifierait
«produit du kilogramme par une force et par le mètre», ce qui n'aurait pas le
sens désiré.
Pour que le système des unités
normales fût irréprochable aussi bien dans la désignation de ses unités,
qu'il l'est, je crois, dans leur nature et dans leur valeur, il faudrait
faire choix d'un mot unique désignant sans ambiguïté le poids normal du
gramme, unité secondaire de force. Au contraire, dans le cas général, les mots poids du gramme à
Paris, à la latitude 45°, etc., suffiraient pour s'exprimer.
Pour cette unité au lieu d'adopter un nom quelconque mieux vaudrait par son
étymologie en rappeler la nature. L'expression gramforce écrite en un seul mot pourrait
suffire; mais il n'est pas logique d'associer en un seul deux
mots, l'un grec, l'autre français, ni d'imposer aux
physiciens étrangers le mot français force. En le traduisant en
grec, on éviterait ces deux inconvénients et l'on
arriverait au molgramdyne qui pourrait encore avoir l'avantage de
rappeler, par sa terminaison, la relation de l'unité avec
la dyne. Mais, quel que soit le mot -adopté, les
physiciens auraient avantage à faire cesser l'incorrection du langage actuel,
en prenant une décision dans ce sens, en même temps qu'ils adopteraient G == 10 pour valeur
normale de la gravité. Il n'y aurait plus alors aucune
ambiguïté, ni anomalie dans le langage : le gramme serait
la masse, le gramdyne son poids normal, poids au lieu où G == 10. l'unité
pratique de force, kilo-gramme-force normal, serait le kilogramdyne et le
kilo-grammètre normal prendrait le nom logique de kilo-gramdynemètre.
Voilà ce qu'il faudrait pour
compléter utilement le système que j'ai exposé, mais ce serait peut-être
de-mander beaucoup aux mécaniciens, tandis qu'on pourrait le réclamer
hardiment des physiciens. Le mieux serait sans doute que ceux-ci prissent pour
leur usage une telle résolution, en laissant leurs habitudes aux mécaniciens. Il est
vraisemblable que ceux-ci seraient bientôt entraînés par l'exemple
et gagnés aux nouveaux usages.
MOTS CLEFS :
anschütz / carbure / cheval / constitution / corps / crafts / dérivé / dewar /
anthracène / elbs / étude / formule / friedel / gresly / horse / houille / hydrure / immendorff
/ impedimenta / isomère / mécanicien / mesure / méthode / nature / poncelet / power / principe
/ procédé / produit / pseudocumolstyrol / quinone / réaction / séparation / toluène /
wachendorff / wittich / xylyle / zincke / bouty
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