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Mouton
Marcel
Docteur en Pharmacie/Ex-interne des
asiles de la Seine/Interne des Hôpitaux de Paris
Application de la 2-4
dinitrophénylhydrazine à l'essai de quelques préparations galéniques
Les réactifs de la fonction carbonyle C = 0, tels que
l'hydroxylamine, la semicarbazide, la phénylhydrazine ne donnent pas toujours
avec facilité des dérivés bien cristallisés, susceptibles de se prêter à un
dosage ; aussi a-t-on cherché depuis quelque temps à augmenter le poids
moléculaire des réactifs et surtout à y faire entrer des éléments ou
groupements électronégatifs tels que Br ou NO2 qui favorisent la production de
combinaisons insolubles dans l'eau et même dans l'alcool et présentent des
points de fusion nets.
Dans le cas de la phénylhydrazine, on a expérimenté divers
composés dans lesquels un atome de brome ou un groupement nitré remplaçait un
atome d'hydrogène du noyau benzénique contenu dans la phénylhydrazine.
La parabromophénylhydrazine et la paranitrophénylhydrazine
ont donné dans la voie cherchée des résultats supérieurs à ceux obtenus avec le
réactif primitif.
En continuant la substitution des groupements précités aux
atomes d'hydrogène, on accroît l'insolubilité des hydrazones. On arrive donc
ainsi à des dérivés disubstitués dont la 2-4 dinitrophénylhydrazine est le
type.
Ce corps a été étudié simultanément en 1894 par PURGOTTI en
Italie et CURTIUS et DEDICHEN en Allemagne. CURTIUS et MAYER en 1907
élargissent l'utilisation de ce produit, mais il semble que pendant une
trentaine d'année la «carrière» de la 2-4 dinitrophénylhydrazine soit
interrompue.
C'est, seulement vers 1923 que son étude a été reprise et
depuis lors, les mémoires concernant les travaux faits sur ce sujet se sont
multipliés tant en Angleterre et en Amérique qu'en Espagne et en Allemagne.
On s'est étonné de l'oubli dans lequel était tombée la 2-4
dinitrophénylhydrazine durant cette longue période. D'après ALLEN il serait dû
au fait que les premiers expérimentateurs de ce réactif ne l'auraient appliqué
exclusivement, qu'aux aldéhydes et cétones de la série aromatique. Ceux-ci
donnant déjà des produits cristallisés avec la phénylhydrazine elle-même,
l'usage de la 2-4 dinitrophénylhydrazine n'offrait pas d'avantages
particuliers.
C'est BRADY et ELSMIE qui ont attiré l'attention des auteurs
sur l'utilisation de ce réactif pour la caractérisation des aldéhydes
aliphatiques.
La 2-4 dinitrophénylhydrazine donne en effet, avec ces corps
des hydrazones stables, de points de fusion nets et bien cristallisées. Leur
obtention à cet état est facile grâce à la faible solubilité de ces dérivés
dans l'alcool.
De plus, le poids moléculaire élevé de la 2-4
dinitrophénylhydrazine permet d'obtenir un poids déjà notable d'hydrazone avec
de faibles quantités d'aldéhyde ou cétone, cette qualité trouve son application
dans le dosage de ces composés à l'état de 2-4 dinitrophénylhydrazones.
Outre ces avantages, la 2-4 dinitrophénylhydrazine se
conserve indéfiniment même à l'air, supériorité appréciable sur la
phénylhydrazine qui, dans les mêmes conditions, s'oxyde; le jaunissement et le
brunissement, successifs de ce réactif traduisent, cette altération inévitable,
si l'on ne prend soin de conserver la phénylhydrazine en ampoules.
Le seul gros inconvénient présenté par la 2-4 dinitrophénylhydrazine
est. encore a l'heure actuelle, son prix relativement, élevé de trois francs
environ le gramme.
Sa préparation a été donnée par différents auteurs :
PURGOTTI, ALLEN. BRADY et ELSMIE.
CAMPBELL utilise le même procédé mais il remplace l'alcool éthylique
par l'alcool isopropylique moins coûteux.
La 2-4 dinitrophénylhydrazine se. présente sous la forme de cristaux rouges
dont PURGOTTI a étudié la structure. Au microscope, il a noté l'existence de
deux variétés cristallines : des lamelles appartenant, au système monoclinique et
des prismes, qu'il a démontré par de nombreuses expériences bien appartenir à la
même substance.
D'après cet auteur, le point de fusion de la 2-4
dinitrophénylhydrazine est de 194°. CURTIUS et DEDICHEN donnent 198°.
Cette dernière constante se trouve plus en accord que la précédente avec celle
déterminée par nous au laboratoire. Nous avons en effet trouvé au bloc de MAQUENNE :
199°-200°.
Ce réactif est insoluble à froid dans l'eau distillée et
encore très peu soluble dans l'eau bouillante, difficilement soluble dans
l'alcool à froid et à chaud, dans le benzène, le chloroforme et le sulfure de
carbone.
Sa dissolution dans les alcalis et les carbonates alcalins a été étudiée par
STRAIN.
La 2-4 dinitrophénylhydrazine se dissout à chaud dans les acides
chlorhydriques et sulfuriques concentrés ou faiblement dilués.
Comme toutes les hydrazines, elle manifeste un caractère réducteur
vis-à-vis de la liqueur de FEHLING et de la solution de nitrate d'argent
ammoniacal, d'après CURTIUS et DEDICHEN .
KILLEN MACBETH et PRICE, outre l'étude qu'ils ont faite sur le spectre
d'absorption des nitrophénylhydrazines, ont expérimenté l'action des bases sur la
2-4 dinitrophénylhydrazine et, ultérieurement, sur les 2-4
dinitrophénylhydrazones. Sur ces dernières; ils ont également étudié l'action du
chlorure de titane.
Enfin, les dérivés de cette hydrazine, d'une part les sels de la base :
chlorhydrate et nitrate, ont été préparés et étudiés par CURTIUS et DEDICREN, d'autre
part les composés obtenus par l'action du réactif sur les corps à groupement
carbonyle constituent les 2-4 dinitrophénylhydrazones dont nous nous sommes
proposé d'étudier quelques-uns, particulièrement en vue d'une application pratique à l'essai
de quelques médicaments appartenant à la pharmacie galénique et dont les
principes actifs sont des aldéhydes ou des cétones.
L'exposé de ce travail se fera dans l'ordre suivant :
CHAPITRE I. —2-4 dinitrophénylhydrazones. Généralités.
Première partie : Mode de
formation. Préparation. Purification et séparation des 2-4 dinitrophénylhydrazones.
Régénération du dérivé carbonylé.
Deuxième partie : Caractères des
2-4 dinitrophénylhydrazones.
CHAPITRE II.—2-4 dinitrophénylhydrazones des aldéhydes.
CHAPITRE III. — 2-4 dinitrophénylhydrazones des cétones.
CHAPITRE IV. — 2-4 dinitrophénylhydrazones des acides.
CONCLUSIONS.
Au cours de ce travail, nous avons :
1° Très rapidement résumé les travaux antérieurs sur les 2-4
dinitrophénylhydrazones et l'application pratique de la formation de ces
dérivés.
2° Rassemblé sur des tableaux répartis dans les chapitres
successifs relatifs aux hydrazones des aldéhydes, cétones et acides, tous les
points de fusion relevés dans la littérature, auxquels nous avons ajouté ceux
déterminés par nous au laboratoire. Nous avons remarqué qu'il existe parfois un
désaccord assez grand entre les points de fusion d'une même hydrazone donnés
par les différents auteurs.
3° Essayé d'étendre le dosage de l'aldéhyde benzoïque,
expérimenté jusqu'alors sur des simples solutions aqueuses de cet aldéhyde, à
l'essai des eaux de laurier-cerise. Nous avons abouti à un échec que nous
attribuons à la stabilité du nitrile phénylglycolique en milieu acide, celui-ci
dans ces conditions ne libérerait qu'une partie de son aldéhyde et ainsi serait
expliqué le faible rendement en hydrazone obtenu avec la 2-4
dinitrophénylhydrazine.
4° Dosé : a) l'aldéhyde cinnamique à l'état de 2-4
dinitrophénylhydrazone. dans ses solutions aqueuses et les préparations
galéniques qui en contenaient ; les résultats se sont révélés, dans l'ensemble,
satisfaisants.
b) Parmi les cétones, le camphre. Le procédé par la 2-4
dinitrophénylhydrazine est certainement un des plus satisfaisants à l'heure
actuelle.
5° Essayé de doser la santonine, qui n'a pas semblé, comme
le laissaient supposer les travaux de FERNANDEZ et SOCIAS, pouvoir être dosée
dans le semen-contra à l'état de 2-4 dinitrophénylhydrazone, l'artémisine
contenue également, dans cette drogue possédant une fonction cétone capable de
réagir avec la 2-4 dinitrophénylhydrazine et provoquant une notable erreur par
excès.
La 2-4 dinitrophénylhydrazine peut rendre de grands services
dans l'essai des préparations galéniques. Elle possède en effet de nombreux
avantages : une bonne conservation. une, manipulation aisée, un poids
moléculaire élevé et une aptitude réactionnelle avec les composés carbonylés
aboutissant à des produits bien cristallisés, de points de fusion nets et se
prêtant à des dosages pondéraux.
Par contre, il faut signaler deux défauts importants : le
manque de spécificité de ce réactif, dont un exemple est donné dans l'essai du
semen-contra et la faible solubilité de ce composé qui ne permet de l'employer
qu'en solutions très acides.
Mots clefs : réactif / cétone / phénylhydrazine / hydrazone /
fusion / dérivé / curtius /
composé / alcool / préparation / groupement / dosage / dedichen / purgotti /
galénique / avantage / application / action / solubilité / semen-contra / hydrazine / étude / elsmie / condition / carbonyle / brady / allen /
aldéhyde / mouton
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