Duval Décombe : Composés organomagnésiens
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Mémoire

de

Duval, Cl. et Décombe, J., 1939

Sur la formule double des composés organomagnésiens


Mémoire déposé en vue de l'attribution en 1939 du prix de la
chambre syndicale de la grande industrie chimique




Les composés découverts par Grignard, auxquels on donne dans l'enseignement la formule simplifiée RMgX, ont, à l'heure actuelle, deux sortes de formules de constitution.


1°) La formule simple ou dissymétrique (pour laquelle l'oxygène a eu sa valence portée de deux à quatre sans le secours d'aucune expérience d'oxydation), qui donne les deux schémas bien connus du type oxonium :



2°) La formule double ou symétrique X2.R2Mg. 2 (C2H5)2O due à Jolibois et qu'on peut écrire, comme l'a fait Terentieff sous forme de complexe hexacoordonné.


[MgR2X2{(C2H5)2O}2]Mg


Elles expliquent indifféremment tous les faits expérimentaux d’ordre chimique. A ces deux formules qui ont eu et qui ont encore leurs partisans, est venue se superposer une nouvelle conception d'après laquelle les solutions éthérées des composés organomagnésiens renfermeraient les deux formes simple et double en équilibre (W.Schlenk. sen. et Jun.).


1°) Nous avons montré expérimentalement que les composés de Grignard habituellement formulés RMgX. (C2H5)2O doivent avoir leur schéma doublé pour satisfaire à nos expériences de migrations d'ions, à nos mesures de conductibilité et de poids moléculaire. La formule de Jolibois. malgré toutes les critiques dont elle a été l'objet est donc justifiée.


2°) La théorie des affinités nous a conduits à remplacer le magnésium anodique par du zinc ce qui nous a donné des composés organo-zinciques, puis à remplacer le magnésium cathodique par le calcium plus électroposItif que lui. Nous obtenons ainsi des dérivés insolubles mais d'une technique aisée, d'une grande régularité d'action et fournissant, jusqu’ici, des rendements accrus sur les préparations déjà connues. La préparation de l'alliage calcium-magnésium qui leur donne naissance est maintenant mise au point; elle peut se faire par kilogrammes à la fois. circonstance heureuse pour exploiter la mine de recherches qui viennent de nous être suggérées par les conceptions de Werner.


Dans ce mémoire, nous allons exposer les expériences qui nous ont conduits à choisir la formule double, plus particulièrement la formule complexe. Nous ne nous occuperons que des dérivés organomagnésiens du type courant, c'est à dire de ceux qui renferment une molécule d'éther par atome de magnésium. Nous verrons aussi que les conclusions tirées de l'examen de cette formule double ont été vérifiées par l'expérience.


Si la formule des organomagnésiens, fondée sur les conceptions de Werner, a été proposée dès 1926 par Terentiew, Duval et Décombe étudient pas à pas, expérimentalement, les conséquences de cette formulation sur le bromure de phénylmagnésium, préparé selon la technique de Grignard, par leur méthode de migration et de piégeage des ions. Ils observent :


a) à l'anode, la présence de magnésium, de brome, de benzène etd'éther. Le rapport du magnésium au brome étant de 1/2, c'est à dire unatome de magnésium contre deux atomes de brome,

b) à la cathode, du magnésium sans trace de matière organique, décelable par la 8-hydroxyquinoléine alors que le magnésium à l'anode est dissimulé à ce réactif.


Ces faits, Joints aux déterminations de la grandeur moléculaire, réalisées soit par voie ébullioscopique (Grignard, Terentiew), soit par les expériences cryoscopiques toutes récentes de Duval lui-même, conduit cet auteur à représenter les réactifs de Grignard sous forme d'auto-complexe, à magnésium de coordinence 6, et à les incorporer ainsi à une classe de complexes analogues, étudiée par le même chimiste. Les organo-magnésiens s'écrivent alors :


[Mg (R)2 (X)2 {(C2H5)2 0} 2] Mg
comme la kaïnite qui devient : [Mg Cl SO4 (H2O)3] K
la tachydrite formulée :
l'acétate triple d'uranyle, de magnésium et de sodium que Duval représente comme ceci : [Mg{Uo2 (CH3 CO2)3}3]Na
la carnallite étant [Mg Cl3 (H2O)3] K., 3H2O
et la schonite [Mg (SO4)2 (H2O)2]K2, 4 H2O

 


Les résultats de cryoscopie obtenus avec les organomagnésiens sont tels qu'ils excluent les deux formes en équilibre : forme simple RMgX (C2H5)2O et formule double d'autocomplexe donnée plus haut.


Depuis 1912, époque à laquelle Jolibois a opposé la formule symétrique ; (R)2 Mg, MgX2 à la formule mixte RMgX, proposée dès l'origine par Grignard, de nombreux auteurs ont apporté une contribution à la défense de l'une ou de l'autre formule. Quelques chimistes, Kierzek, Ivanoff, ont pensé que leurs expériences devaient élucider définitivement la question de la constitution des réactifs de Grignard. Toujours, le raisonnement ne s'est pas maintenu, à la discussion, d'une rigueur suffisante pour éviter le doute.


Les conclusions de Duval et Décombe, pour Intéressantes qu'elles soient, résisteront-elles à un examen plus approfondi ? Il serait souhaitable que ces auteurs envisagent la façon de se comporter des organomagnésiens, considérés comme autocomplexes, sur les divers groupements fonctionnels et la formulent. Il serait désirable qu'ils lèvent les objections faites à la formule symétrique de Jolibois et qui restent encore avec la conception nouvelle, en ce qui concerne la formation de MgX(OH) et MgX(SH).


MM. Duval et Décombe cependant, en accord avec la formule hexacoordonnée des composés organomagnésiens, ont cherché à faire des hétérocomplexes, comprenant outre le magnésium, du zinc, moins électropositif et qui devra se trouver dans la branche anodique et des complexes magnésiocalciques; le calcium, étant plus électropositif que le magnésium, devra se retrouver au contraire dans la branche cathodique. Les expériences de migration d'ions ont confirmé ces hypothèses. Duval et Décombe ajoutent donc à la série des complexes avec magnésium hexacoordonné des composés organomagnésiens, ont cherché à faire des hétérocomplexes, comprenant outre le magnésium, du zinc, moins électropositif et qui devra se trouver dans la branche anodique et des complexes magnésiocalciques; le calcium, étant plus électropositif que le magnésium, devra se retrouver au contraire dans la branche cathodique. Les expériences de migration d'ions ont confirmé ces hypothèses. Duval et Décombe ajoutent donc à la série des complexes avec magnésium hexacoordonné :


[MgI2 (CH3)2{(CH3-CH2)2O}2]Ca


et considèrent les zinco-magnésiens comme répondant à la formule :

[Zn I2 (CH3)2 (CH3CO2C2H5)2] Mg.





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