Gessain : travaux scientifiques
Site créé le 24 octobre 2004 Modifié le 11 janvier 2006
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Titres et travaux

 

de

 

Robert Gessain

Docteur en Médecine/Docteur es Sciences

 

 

EXPOSE ANALYTIQUE

 

En 1952, je suis arrivé au Laboratoire d'Anthropologie du muséum et au Musée d'Ethnographie du Trocadéro, poussé par mon goût pour l’histoire Naturelle de l'Homme sous ses deux formes essentielles : l'Anthropologie Physique et l'Ethnologie.

 

Depuis cette date, je n'ai cessé de m'intéresser à l'Anthropologie, ne m'approchant au cours de ma carrière d'autres disciplines que lorsque leurs données ou leurs méthodes pouvaient enrichir cette science.

 

1°) ANTHROPOLOGIE PHYSIQUE.

C'est au Laboratoire d'Anthropologie du Muséum d'Histoire Naturelle puis au Musée de l'Homme que j'ai appris les techniques anthropométriques auprès de Mr. Lester, alors sous-directeur de ce laboratoire.

 

A la Fondation Française des Problèmes Humains et à l'Institut National d'Etudes Démographiques, j'ai pu acquérir des connaissances concernant la démographie et la génétique, sciences dont les données et les concepts sont des plus aptes à enrichir l'Anthropologie.

 

A l'hôpital Laënnec, j'ai suivi pendant deux ans le service d'endocrinologie du Dr. Albeaux-Fernet.

 

Dans des groupes européens, chez les Eskimo du Groenland, au Mexique, au Maroc, et enfin en Afrique Noire, j'ai recueilli de nombreux documents anthropologiques.

 

 

Anthropologie générale.

 

Je ne suis particulièrement intéressé à deux caractères raciaux ; les empreintes papillaires et les taches dites sacrées. Dès ma deuxième expédition chez les Eskimo, j'ai mis au point une technique nouvelle pour recueillir les empreintes des doigts et des paumes sans indisposer les sujets.

 

J'ai recueilli et étudié de nombreuses empreintes chez les Eskimo, chez des Français et chez 8.000 sujets de l'identité judiciaire à Paris (documents dépouillés en cours de publication).

 

J'ai étudié la tache sacrée (mieux nommée Tache Pigmentaire Congénitale) chez les Eskimo du Groenland et chez les Tepehua du Mexique.

 

Le relevé des taches sur des fiches comportant dessins, indication d'intensité, âge, sexe, origine familiale, m'a permis de montrer 1'importance des méthodes d'observations pour la validité statistique puis génétique des données recueillies.

 

J'ai publié un article sur l'Anthropologie du Maroc où j'avais pu réaliser des observations personnelles au cours du séjour que j'y fis comme médecin.

 

Dés le début de mes études anthropologiques, la valeur de la notion de race m'est apparue comme devant être révisée à la lumière des nouvelles acquisitions de la biologie et dégagée de la confusion ou un abus politique l'avait plongée.

 

J'ai consacré à cette question plusieurs études.

 

Je me suis également intéressé au métissage et aux migrations. J'ai tenté d'analyser le phénomène d'assimilation et de proposer un certain nombre de critères d'assimilation permettant une mesure de ce phénomène.

 

J'ai mis en évidence des différences dans la faculté ou la résistance à l'assimilation de deux groupes immigrants différents par un même groupe receveur.

 

J'ai ainsi étudié les groupes Arméniens et Russes en France et j'ai étudié du point de vue anthropologique les immigrants italiens en France.

 

Mais c'est surtout l'anthropologie des Eskimo qui retint mon attention.

 

Anthropologie des Eskimo.

J'ai recueilli de nombreuses observations durant mes deux séjours chez les Eskimo d'Angmassalik (Côte Est du Groenland).

Ces observations concernaient l'anthropologie physique, physiologique et pathologique, et aussi la démographie et la généalogie, base nécessaire aux études d'anthropologie génétique.

 

Après avoir dépouille quelques points particuliers - groupes sanguins, puberté, tache pigmentaire congénitale, dentition, etc... - j'ai rassemblé la plupart de mes documents anthropométriques et anthropophysiologiques dans la thèse de Doctorat es Sciences que j'ai soutenue en 1957 sur "l'anthropologie des Eskimo d'Angmassalik".

 

Dans ce travail, j'ai fait une description physique et physiologique des Eskimo d'Angmassalik tels qu'ils étaient en 1934-1935 et j'ai pu démontrer que les grands changements survenus depuis cette date dans l'alimentation et les coutumes traditionnelles du travail s'étaient inscrites dans les données anthropométriques et pathologiques de la façon la plus démonstrative.

 

J'ai observé une diminution moyenne importante des largeurs bigoniales en rapport avec un abandon de la nourriture traditionnelle carnée, résistante, au profit de farineux mous, ceci allant de pair avec l'apparition de carie dentaire récente et très développée et de tuberculose pulmonaire sous des formes évolutives jadis inconnues.

 

Comparant mes résultats avec la totalité des données anthropologiques Eskimo publiées à ce jour, j'ai pu aboutir à une nouvelle répartition raciale des tribus, du Groenland au détroit de Bering.

 

2°) ETHNOLOGIE

Technologie. Responsable, au début de l'organisation du Musée de l'Homme, de la Section Arctique, j'ai organisé la salle publique des Eskimo et des Lapons, acquérant dans cette activité une expérience concrète des techniques de Muséologie.

 

J'ai entrepris la publication progressive des très nombreux objets Eskimo rapportés par mes camarades et moi-même du Groenland.

 

J'ai publié les collections de statuettes rituelles anthropomorphes et zoomorphes et de figurines androgynes décorant les supports de fusil et j'étudie actuellement l'importante collection de masques de danse rapportés au Musée de l'Homme par mes camarades et moi-même.

 

Mais le travail le plus caractéristique de ce type de publications des collections Eskimo est une étude de la morphologie du bilboquet Eskimo.

 

Les bilboquets eskimo variés dans leur forme servent de support à un jeu social riche en symboles et en significations inter-personnelles.

 

L'importante collection ramenée par nous du Groenland a. été comparée à toutes les pièces rassemblées grâce à une recherche systématique dans tous les musées du monde ayant des collections Eskimo.

 

Une répartition par type régional a été faite, basée sur les 446 bilboquets étudiés et comparés entre eux, bilboquets actuels et objets de fouilles.

 

L'ethnologie des Eskimo nous a en effet conduit à étudier leur archéologie.

 

Nous avons publié une mise au point sur l'état actuel des connaissances concernant l'archéologie eskimo. Celle-ci a fourni au problème de l'origine des Eskimo des matériaux aussi importants que ceux fournis par les populations vivantes.

 

Ethnologie culturelle.

La connaissance des Eskimo m'a permis d'écrire sur cette population une monographie ethnologique.

 

Au Mexique des circonstances particulières (hostilité des indigènes) m'ont obligé à réduire mes recherches d'Anthropologie (notation des taches sacrées et relevé démographique du village) et à étudier la langue et les cérémonies.

 

Dès ma première mission chez les Eskimo, je m'étais particulièrement intéressé à la mythologie.

 

La signification des mythes est longtemps restée en ethnologie un sujet controversé et discuté.

 

La formation de psychologie analytique que je ne suis imposé permet d'en aborder l'étude avec des données nouvelles, ouvrant une voie peut-être pus féconde que celles proposées jusqu'à ce jour.

 

J'ai appliqué ces données à l'étude des mythes amérindiens. Cette formation de psychologue me permet par ailleurs de critiquer valablement les nombreux travaux de l'école d'anthropologie culturelle américaine.

 

Elle m'a valu d'être appelé à présenter à la première session de la Conférence Inter-Africaine des Sciences Humaines (Bukavu, Congo Belge) un rapport sur l'état des recherches d'anthropologie psychologique en Afrique Noire française.

 

CONCLUSIONS

Anthropologie et ethnologie ont été et demeureront les deux pôles de mon activité. Ma carrière m'a jusqu'ici permis de m'intéresser à ces sciences en des lieux divers.

 

J'ai étudié en Europe à divers points de vue anthropologiques et ethnologiques des groupes d'Arméniens, de Russes, d'Italiens et de Français.

 

Dix-huit mois passes au Maroc et plusieurs missions au Groenland, au Mexique, au Congo Belge et en Guinée Française m'ont mis en contact avec les problèmes qui< se posaient aux Américanistes et aux Africanistes.

 

Si l'anthropologie et l'ethnologie ont surtout retenu mon attention, l'anthropologie et l'ethnologie des Eskimo m'ont conduit à m'intéresser à 1'archéologie et à la préhistoire.

 

Plusieurs missions sur le terrain m'ont appris l'usage des techniques pratiques d'anthropologie (métrique, descriptive, physiologique et pathologique) et les méthodes d'enregistrement des faits ethnologiques et de récolte d'objets - sans oublier les méthodes audio-visuelles : photographie, cinématographie et enregistrement sonore.

 

Ma participation à l'organisation du département des Arctiques et aux salles d’exposition arctique et anthropologique du Musée de l’Homme m’ont mis au courant des méthodes muséographiques.

 

MM. les Professeurs Rivet et Vallois ont toujours témoigné de l'intérêt à mes travaux.

C'est le premier qui m'a fait entrer au Musée de l'Homme, qui - en 1937 - m'y a nommé aide-technique, puis l'année suivante Maître de Conférences au Laboratoire d'icthyologie de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.

 

C'est le second qui, après la suppression de ce laboratoire, me nomma en 1942, avec le même titre, au Laboratoire d'Anthropologie de cette école.

 

C'est lui aussi, qui, à plusieurs reprises, m'a fait participer, par des conférences à la Sorbonne, à l'enseignement du Certificat d'Etudes Supérieures d'Anthropologie.

 

Ainsi mon expérience anthropologique et ethnologique est-elle variée à la fois en ce qui concerne les sujets et les lieux étudiés et les points de vue qui ont présidé à mes recherches.

 

En Europe, en Amérique dans les régions arctiques et dans les régions tropicales, en Afrique Blanche et en Afrique Noire, j'ai recueilli des documents anthropologiques et ethnologiques.

 

J'ai publié une partie de ces documents, observations ou objets.

J'ai classé et exposé certaines collections du Musée de 1'Homme.

Je compte continuer ces récoltes, ces publications et ces travaux muséographiques.

 

PROJETS DE TRAVAUX

Je suis pleinement conscient des devoirs incombant à la place que je postule. Je sais qu'avant de pouvoir élaborer ses travaux personnels, un sous-directeur au Muséum - spécialement un sous-directeur au Musée de 1'Homme - doit consacrer son temps et ses efforts à un travail administratif et d'organisation. Je sais que mon premier devoir sera de collaborer à un climat de bonne entente et de coopération.

 

Par ailleurs, mes projets de travaux personnels découlent de ce que j'ai pu accomplir jusqu'ici.

 

A côté de 1'anthropométrie sur le vivant et sur le squelette, je me suis intressé à l’anthropologie physiologique et à l’anthropologie pathologique.

 

Si j’ai dépouillé à l’occasion de ma thèse l’essentiel des documents que j’avais recueillis concernant l’anthropométrie des Eskimo vivants à Angmassalik en 1934-1935, il me reste à étudier de nombreux documents qui n’ont pu prendre place dans ma thèse, et à publier la collection de crânes eskimo rapportés du Groenland à cette date par mes camarades et moi-même.

 

L’étude ostéologique des Eskimo permettra sans doute d’apporter un peu plus de clarté dans le problème de la répartition ancienne des types raciaux et de leurs origines.

 

J’ai également entrepris une étude d’anthropogénétique, basée sur la mise en corrélation du relevé démographique et généalogique de la population d’Angmassalik avec les caractères métriques et descriptifs.

 

Je compte terminer le plus rapidement possible cet important travail.

 

Ayant fait, à l’occasion de ma thèse secondaire, un état de nos connaissances concernant les hémoglobines atypiques, j’ai l’intention, au cours d’une prochaine mission en Guinée française, de faire une enquête sur ces hémoglobines sur lesquelles nous sommes encore mal renseignés pour de nombreuses populations d’Afrique noire.

 

En ce qui concerne l’Ethnologie, je continuerai l’étude descriptive et comparative et la publication des importantes collections de la section arctique du Musée de l’Homme.








 

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