Friant : titres et travaux
Site créé le 24 octobre 2004 Modifié le 11 janvier 2006
Plus d'information! Table des matières Page de couverture


Titres et travaux scientifiques

 

de

 

R. Fraisse-Jullien

Chargé de recherche au CNRS

 

 

Introduction.

 

«La Chaire d'Anatomie comparée du Muséum », a dit, d'une façon magistrale, M. R. ANTHONY, «est, comme CUVIER l'a voulu, essentiellement une chaire générale. A ce titre, elle est très différente de. nos chaires spéciales de Zoologie. Si les recherches que l'on fait, ici, peuvent et doivent, nécessairement, conduire à la connaissance de l'organisation de tel ou tel animal, à la vérité, ce n'est point là leur but. La fin que nous poursuivons est d'aboutir à la pénétration des grandes lois anatomiques en cherchant nos arguments et nos exemples là où nous pensons pouvoir les trouver, sans restreindre nos investigations à un groupe ou à un autre. Il va de soi que nous ne pourrions remplir notre programme sans être des Zoologistes avertis, puisque c'est dans le cadre de la Zoologie que nous travaillons ; mais, les données acquises de cette discipline sont, pour nous, des guides de recherches, alors que les établir en s'aidant de nos travaux est, au con-traire, le but final des efforts des zoologistes.

 

« Ce qui donne à la Chaire d'Anatomie comparée du Muséum son caractère vraiment exceptionnel, constituant, en même temps, ce qu'il n'est pas exagéré d'appeler son éclat, son rayonnement et sa puissance, c'est les immenses-Collections qu'elle possède.»

 

Bien qu'il s'agisse d'une Chaire essentiellement générale, elle est, tant au point de vue de ses Collections qu'à celui de l'orientation de ses recherches, limitée aux Vertébrés, car l'étude de l'anatomie des Invertébrés, aujourd'hui même, à son début, se confond encore avec celle de leur systématique.

 

Sous-Directeur du Laboratoire d'Anatomie comparée depuis le 1er janvier 1937, j'ai été appelée à guider ou à faciliter les recherches de nombreux travailleurs et aussi à conserver, à mettre en valeur et à augmenter cette immense Collection de matériaux «dont il n'existe rien de comparable dans aucun établissement d'Enseignement supérieur du monde entier » (R. ANTHONY).

 

Zoologiste et anatomiste de formation, géologue' aussi, j’avais été, à la Faculté des Sciences de Strasbourg, l'élève du Professeur GIGNOUX qui, dans son enseignement paléontologique, donnait une place très importante aux Vertébrés, consacrant à leur étude une année tout entière.

 

Dès que je fus licenciée es Sciences, j'entrepris, également à Strasbourg, mes études médicales et suivis les cours d'Anatomie, d'Histologie et d'Embryologie des Professeurs FORSTER, BOUIN et ANCEL.

 

La Faculté de Médecine de Strasbourg est la seule, en France, qui possède une chaire d'Embryologie, et le Professeur ANCEL entendait que son enseignement portât, non seulement sur l'Embryologie humaine, mais sur celle des Vertébrés en général.

 

Ce que j'appris à ses cours et dans son laboratoire eut certainement, par la suite, une très grande influence sur l'orientation de mes recherches.

 

Je complétai enfin mes études médicales par la préparation du Diplôme de l'Ecole de Stomatologie de Paris, dont l'enseignement s'adresse uniquement à des docteurs en Médecine ; c'est là, surtout, que j'ai acquis des connaissances précises et développées sur l'anatomie dentaire, traitée comme l'on sait, d'une manière beaucoup plus superficielle dans nos Facultés de Médecine.

 

Une fois diplômée de l'Ecole de Stomatologie, j'eus plusieurs fois l'occasion de suppléer le Professeur HERPIN dans ses cours d'Anatomie dentaire.

 

Je ne saurais trop me féliciter d'avoir fait des études médicales et aussi de les avoir complétées par des études spéciales de Stomatologie.

 

L'enseignement de l'Anatomie, tel qu'il se donne dans les Facultés de Médecine, me paraît apporter au licencié ou au docteur es sciences qui se destine aux recherches d'Anatomie comparée de très grandes facilités de moyens : il lui fait connaître à fond et en détail un type morphologique qui, pour particulier qu'il soit, reste cependant toujours, pour lui, une base solide de comparaison.

 

Les découvertes qui constituent le principal de mon œuvre scientifique ont trait à l'anatomie de la dentition, d'une part, à celle du cerveau, d'autre part.

 

L’anatomie de la dentition des Mammifères.

Au Laboratoire d'Anatomie comparée du Muséum, le Professeur R. ANTHONY me confia, comme sujet de thèse de Doctorat es Sciences l’étude de l'évolution de la dentition qui, par la force des choses, est le fondement même de la Paléontologie des Mammifères.

 

Elle lui paraissait mal comprise par les Américains, dont la théorie dentaire du trituberculisme (COPE-OSBORN-GREGORY) était presque universellement adoptée, non seulement pour les formes fossiles, mais aussi pour les formes actuelles.

 

II me conseilla de diriger mes travaux dans le sens particulier de l'Embryologie, point de vue qui, à part les indications qu'on doit, sur ce sujet au grand paléontologiste H. G. STEHLIN, récemment disparu, près de qui j'ai travaillé, à Bâle, en 1933 et en 1939, avait été complètement négligé jusqu'ici.

 

Je crois avoir introduit, en Paléontologie, l'étude systématique des formes dentaires embryonnaires.

 

Sans qu'il soit besoin d'y insister on conçoit combien l'embryologie dentaire est importante pour les dents à croissance continue qui ne se montrent qu'abrasées chez l'adulte, variant ainsi d'aspect avec l'âge (beaucoup d'Ongulés, les derniers Proboscidiens la plupart des Rongeurs), et combien, aussi, elle est difficile à réaliser surtout en ce qui concerne les formes fossiles : il faut, en effet, examiner un très grand nombre de documents pour trouver une molaire vierge de toute abrasion.

 

C'est afin de poursuivre mes recherches dans ce sens que j'ai fait de nombreux voyages et de nombreux séjours dans les Collections paléontologiques de la France et de l'Etranger.

 

J'estime que c'est surtout grâce à cette méthode que j'ai pu arriver d'abord, à mettre en lumière les faits nouveaux dont on trouvera l'exposé plus loin, puis, en prenant mes constatations comme point de départ à corriger de nombreuses erreurs concernant les affinités des groupes, de même qu'à rejeter certaines hypothèses d'ordre très général que j'ai montré être basées sur de fausses interprétations anatomiques, enfin, à fournir une base positive à la systématisation morphologique dentaire que j'oppose au trituberculisme américain.

 

L’anatomie du cerveau des Mammifères.

En ce qui concerne la systématisation du cerveau, mes recherches ont spécialement porté sur le neopallium des Carnassiers, des Ongulés et des Primates.

 

Ici, comme pour la dentition, l'étude de l'embryologie n'avait jamais été faite (pour la plupart des groupes, tout au moins).

 

En me basant sur l'ontogénie, d'une part, sur l'étude des formes adultes actuelles et fossiles, d'autre part, j'ai établi, plus complètement que n'avaient pu le faire G. ELI.IOT SMITH et R. ANTHONY, l'identité complète du plan fondamental du cerveau des Primates et de celui des non-Primates.

 

C'est aussi par cette double méthode, embryologique et paléontologique, que j'ai pu corriger de nombreuses erreurs et interpréter, notamment, le neopallium des Hippopotamidés resté, jusqu'alors, incompréhensible.

 

De même que pour l'embryologie dentaire, on se rend compte des difficultés que présente l'étude de l'évolution cérébrale.

 

Tout d'abord, il est très rare d'obtenir, et en bon état de conservation, un cerveau fœtal d'animal sauvage, d'Hippopotame, par exemple ; de plus, il faut qu'il se trouve au stade de développement correspondant à celui que l'on cherche.

 

Pour les formes disparues, les moulages endocrâniens naturels sont peu fréquents, souvent incomplets, déformés ; et les moulages que l’on peut faire de la cavité crânienne des fossiles ne sont pas moins aléatoires, car on est dans l'obligation de conserver le crâne lui-même.

 

Malgré la très riche documentation du Laboratoire d'Anatomie comparée du Muséum, j'ai donc été amenée, comme pour la dentition à faire de nombreux séjours dans les Collections de France et de l'Etranger, afin de réunir les documents indispensables à mes travaux.     

 

Pour importants que soient ces deux champs d'études l’anatomie de la dentition et l'anatomie du cerveau, je n'y ai pas limité mon activité.

 

On trouvera résumées plus loin mes recherches sur une Discinisca fossile, sur l'embryologie et le développement des Mammifères, sur l’ostéologie des Vertébrés.

 

Par l'étude de leur squelette, nous avons pu caractériser, de façon précise, plusieurs espèces actuelles rares et peu connues, l’Arctonyx dictator Thomas et le Neotragus {Neotragus} pygmaeus L., notamment, rapportés de ses missions lointaines par M. le Professeur Ach. URBAIN.

 

Chargée, depuis 1933, par le Gouvernement Grand-Ducal, des gisements pléistocènes du Luxembourg, j'ai, actuellement, complètement publié la faune des Vertébrés au point de vue anatomique.

 

Enfin, je me suis attachée à l'étude de l'appareil digestif et de ses glandes et aussi à< celle du tégument externe.

 

J'espère que cette notice montrera que l'idée qui m'a guidée a toujours été de ne point séparer l'anatomie des formes fossiles de celle des formes actuelles, d'envisager les questions dont j'ai abordé l'étude par leur côté le plus général en m'inspirant toujours, dans mes interprétations morphologiques, des données de la Physiologie, enfin, d'appliquer à l'étude des Vertébrés fossiles les méthodes embryologiques.

 

Il me semble que si l'on a bien voulu reconnaître une originalité à mes travaux, s'ils ont fourni la base de quelque recherche, ont reçu des approbations, aussi bien à l'Etranger qu'en France, c'est surtout à ma méthode de travail que je le dois.

 

Non seulement par mes publications, mais aussi par mon enseignement .public, les conférences qui m'ont été demandées, enfin les travaux< que j'ai dirigés au Laboratoire, j'ai contribué dans une large mesure à l'avancement de la Science anatomique.

 

A plusieurs reprises, j'ai exposé au Muséum, en une série de 10 leçons, mes recherches en cours : d'une part, sur la systématisation du cerveau des Ongulés artiodactyles (1938) et des Primates (1941), d'autre part, sur l'évolution des molaires chez les Mammifères (1939).

 

De 1933 à 1936, j'ai fait, chaque année, à la Faculté des Sciences, des exposés de Biologie animale aux étudiants du Certificat d'Etudes physiques, chimiques et biologiques (P. C. B.).

 

De 1931 à 1942, j'ai développé, à l'Ecole d'Anthropologie, une série de sujets ayant trait à mes travaux personnels sur l'Anthropologie zoologique.

 

Enfin, tant en France qu'à l'Etranger, j'ai eu l'occasion d'exposer le résultat de mes recherches soit à des séances de Congrès, soit dans des conférences particulières.

 

Malgré la guerre, le Laboratoire d'Anatomie comparée a fait preuve de beaucoup d'activité.

 

Le nombre des publications qui en sont sorties, chaque année, est d'une vingtaine, au moins, en moyenne, comme en témoignent les listes données régulièrement par le Bulletin du Muséum.

 

Depuis 1937, nos Collections d'études se sont enrichies de 3.200 pièces, environ.

 

J'ai vérifié, au point de vue des déterminations, ou déterminé moi-même, et fait ranger méthodiquement toutes les pièces constituant nos réserves d'études. Rappelons que le Laboratoire d'Anatomie comparée possède une Collection de viscères unique au monde, des Collections ostéologiqucs, une Collection de cerveaux, d'organes des sens, d'embryons et de fœtus qui constituent un vaste champ de recherches homme il n'en existe nulle part ailleurs: c'est grâce à ces immenses Collections que les travailleurs du Laboratoire et moi-même avons pu mener à bien nos travaux de synthèse.

 

Le rangement des Collections a eu pour aboutissant la mise en œuvre d'un Catalogue raisonné et descriptif des Collections d'Anatomie comparée, dont la publication, commencée en 1919, a pu être poursuivie jusqu'ici, grâce à des subventions de l'Institut.

 

Je vais faire paraître le IIe fascicule de ce Catalogue qui a trait aux Insectivores (Erinacéidés) et pour lequel les Professeurs du Muséum ont demandé à l'Académie des Sciences une subvention sur le legs Loutreuil.

 

Quand cette publication sera terminée, elle constituera, en même temps qu'un traité de Zoologie des Mammifères tout à fait au point, un traité d'Ostéologie comparée beaucoup plus détaillé et plus complet que ceux qui existent actuellement.

 

 

 

Mots clefs : anatomie / anthony / anthropologie / catalogue / cerveau / collection / dentition / embryologie / enseignement / étude / évolution / fossile / laboratoire / mammifère / médecine / médicale / méthode / morphologique / muséum / ongulé / ostéologie / paléontologie / publication / recherche / science / stomatologie / systématique / travaux / trituberculisme / vertébré / zoologie / friant






visiteurs