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NOTICE
SUR
LES
TRAVAUX SCIENTIFIQUES
DE
M. ARMAND DE GRAMONT
Les recherches qui sont
résumées dans cette notice ont été effectuées dans un
laboratoire de mécanique physique spécialement construit à cet effet à
Levallois en 1905.
Une station d'expériences destinée
aux recherches aérodynamiques sur les surfaces animées d’un mouvement de
translation complète ce laboratoire. C’est là que s'effectuent actuellement
certaines expériences optiques qui réclament une transparence
atmosphérique ou un sol immobile qu'on ne trouve pas dans la région parisienne.
Les travaux scientifiques sur
la résistance de l'air peuvent être rangés en deux
classes : d'une part, ceux où l’on étudie l’effet d'un courant d'air à filets
parallèles sur une surface immobile ; d'autre part, ceux où l'on étudie 1a résistance
de l'air sur une surface animée d'un mouvement de translation dans une
atmosphère calme.
Un grand nombre d'auteurs
émettent l'avis que les deux cas sont exactement comparables, et que, par
suite, les résultats des expériences faites, par exemple,
avec la première méthode sont applicables sans restriction au deuxième
cas.
Cette identification peut
paraître naturelle. Si l’on est parvenu à réaliser un courant
d'air à filets parallèles, de telle sorte que la masse d’air en mouvement,
privée de tourbillons, puisse être considérée comme animée dans son
ensemble d'un mouvement de translation rectiligne, il semble que les pressions
que ce courant produira sur la face antérieure d’une plaque seront
sensiblement les mêmes que si celle plaque était elle-même animée d’un mouvement
de translation dans un air calme. On peut donc admettre que
l'assimilation des deux cas est assez légitime en ce qui concerne la distribution
et la grandeur des pressions sur la face antérieure, celle qui est directement
frappée par l'air.
Il n'en est toutefois plus de
même lorsqu'on considère la face postérieure.
Dans le cas d'un plan fixe dans
un courant d'air, la plaque arrête les filets qui s’incurvent pour la
contourner, puis se rejoignent à une certaine distance en
arrière de l'obstacle. Il se forme en arrière de la plaque région conique
d'air calme enveloppée par les filets en mouvement. Ceux-ci font succion,
et produisent dans cette région calme une diminution de la pression
atmosphérique, qui se traduit par une aspiration sur toute la face postérieure de
la plaque.
Lorsque, au contraire, la
surface se déplace dans un air calme, les choses doivent
vraisemblablement se passer de façon différente à l’arrière. Cette surface, en
avançant, produit derrière elle un vide relatif qui, à son tour, occasionne un
appel d’air à une certaine distance de la face postérieure. C’est là
d’ailleurs un phénomène que des observations journalières permettent de
constater : par exemple, lorsque dans une automobile découverte on laisse
devant soi une glace levée, on ne sent aucun courant d’air de face, mais on est
frappé au contraire par un vent dans le dos.
D'autre part, l'air rejeté latéralement
par la face antérieure produisant des ondes réfléchies dans l'air calme
environnant, il se forme encore à l'arrière une calotte de dépression,
limitée latéralement par ces ondes d'écoulement et postérieurement par les
tourbillons de l'air appelé. En tout cas, cette calotte est environnée de
tourbillons. Sous un angle d'attaque de 90°, il parait
vraisemblable que toute la face postérieure, trop éloignée des tourbillons,
ne soit soumise qu'à des dépressions ; mais l'on conçoit que, lorsque l'angle
d’attaque est suffisamment aigu, l'arrière de la plaque, se rapprochant de l'onde
appelée, puisse être atteint par elle et qu'il se produise alors sur celle
partie arrière de la face postérieure une augmentation de pression, résultant
du choc du courant d'air aspiré.
Ce sont là les raisons qui nous
ont conduit à essayer de faire une étude de la résistance de l'air calme sur
une plaque mince se déplaçant d'un mouvement de translation. Les
résultats que nous avons trouvés montrent, par la comparaison avec les résultats
obtenus au moyen du tunnel, qu'il n'est guère permis d'appliquer sans
réserves, à l'aviation, les résultats expérimentaux obtenus par le procédé
du courant d'air.
Ayant ainsi déterminé le choix
de notre méthode, il nous restait à arrêter les détails du mode expérimental
dont nous ferions usage.
Deux procédés ont été employés
par nos prédécesseurs. Les uns ont déplacé la surface à étudier au moyen
d'un manège tournant ; il est clair que cette méthode présente l'avantage
de pouvoir réaliser facilement des mouvements uniformes, mais elle offre,
en revanche, des inconvénients. D'abord, tous les points de la plaque
ne se déplacent pas à la même vitesse ; ensuite on ne peut opérer que sur des
surfaces de petite dimension. Le professeur Langley a fait, par cette
méthode, des expériences très complètes. Son manège avait des dimensions considérables
(18m50 de diamètre) ; malgré cela, il ne put opérer sur des surfaces ayant
plus de 30 centimètres de dimensions. D'autres expérimentateurs ont
essayé la méthode de translation, soit comme l'abbé Le Dantec, G. Eiffel, Cailletet et
Colardeau, en laissant tomber les surfaces en chute libre, soit comme le
professeur Langley, dans d'autres expériences, Canovetti, MM. Ch. Maurin
et A. Toussaint, en les fixant sur un chariot guidé. Le procédé de la chute
libre offre l'avantage de donner à tous les points de la plaque la même
vitesse à chaque instant. Il pourrait permettre l'emploi de grandes
surfaces, mais il présente l'inconvénient de la variation de la vitesse, de
l'incertitude de sa détermination et surtout de l'absence d'un régime permanent.
Celui du chariot présente la difficulté de maintenir une vitesse
uniforme dans le mouvement guidé, mais permet d'atteindre un régime
permanent.
C’est à cette dernière méthode que,
nous nous sommes arrêté : elle comporte des difficultés que nous sommes
parvenu à surmonter.
Les auteurs que nous venons de
citer se sont attachés à déterminer, pour une surface donnée, la grandeur et la
position de la poussée totale. Les renseignements que l'on peut tirer de
pareilles expériences sont malheureusement difficiles à généraliser.
Lorsqu'un plan se déplace dans l'air,
la loi générale de distribution de la pression à l'avant, ou de la
dépression a l'arrière, est toujours sensiblement modifiée sur
les bords. Lorsqu'on mesure en bloc une poussée totale, il est à peu près
impossible de distinguer quelle est la grandeur de l'influence de cette
perturbation. Il est vraisemblable qu'avec les petites surfaces, la perturbation
intéresse toute l'étendue de la plaque, de telle sorte qu’on n'a opéré que dans
des cas particuliers, où les phénomènes accessoires ont une importance
telle que la loi générale est difficile à dégager. Ce sont là les raisons pour
lesquelles nous avons étudié, à l'encontre de la majorité de nos prédécesseurs,
la distribution de la pression et de la dépression, sur les deux faces
d'un solide se déplaçant dans l'air calme.
Des études de ce genre avaient
déjà été faites précédemment, soit par la méthode du courant d'air, soit par
celle du déplacement : nous citerons les travaux de Dines, Nipher, von Lossl,
Irminger et Vogt, Stanton et F. Eiffel.
Ce qui distingue notre procédé de tous
ceux qui ont été employés précédemment, c'est qu'au lieu d'observer les pressions
en divers points de la plaque, les unes après les autres, dans des
expériences consécutives où la vitesse n’est pas forcément la même, nous
avons, au moyen de la photographie, déterminé d’un seul cou toutes les
pressions, le long d’une ligne convenablement choisie sur la surface.
Nous éliminons par là l’influence des
variations de la vitesse et nous pouvons, avec une grande précision,
construire la courbe des distributions de la pression.
Nous avons ainsi pu mettre en
évidence l’influence perturbatrice des bords ; puis, en étudiant ce qui
se passait sur la face postérieure, nous avons montré, en séparant nettement
le phénomène en ses deux parties essentielles, l’influence de chacune des
deux faces dans le phénomène global qui avait été à peu près seul étudié
jusqu’alors.
Après de nombreuses expériences sur
les plans, nous avons entrepris l’étude des surfaces courbes : étant
donnée l’analyse approfondie antérieurement faite sur les plans, les
directives de l’aérodynamique des surfaces courbes ont pu être assez
rapidement dégagées.
Nous avons d’abord envisagé des
surfaces à courbure circulaire, afin d’isoler l’influence du rayon de
courbure dans le rôle d’une surface portante. Puis, essayant les surfaces des
meilleurs avions de l’époque (1913), nous avons pur rapidement montrer les
points faibles des profils alors usités. Cette étude semblait devoir être
fructueuse, puisque dès le printemps 1914, nous établissions une surface qui,
comme on le verra plus loin, était très voisine des ailes actuellement
employées.
Mais l’intégration des pressions
subies par un mobile ne représente pas la totalité de l’effet du fluide sur
lui : il faut encore tenir compte des forces tangentielles dues au
frottement. Nous avons à cet effet établi une méthode de mesures capable de
donner le coefficient de frottement de l’air dans des conditions voisines de
la pratique, c’est-à-dire à des vitesses de l’ordre de 30m à la seconde.
Les contacts très intimes que nous
avons eus pendant les années qui ont précédé la guerre avec les laboratoires
militaires de Vincennes et de Chalais-Meudon et avec nombre de constructeurs,
nous ont amené en dehors de nos recherches manométriques, à étudier certains
problèmes d’un intérêt pratique. C’est ainsi que nous avons créé un
dispositif permettant la mesure des déformations des hélices aériennes
pendant leur fonctionnement et un vibrographe destiné à enregistrer d’une
façon continue les mouvements des divers organes d’un avion en vol. L’emploi
de cet appareil s’est d’ailleurs généralisé et a permis des mesures de
vibrations dans des conditions très diverses.
Nous donnerons ensuite une description
sommaire d’un certain nombre d’appareils de navigation aérienne que nous
avons établis : indicateur de vitesse et indicateurs de direction.
Pendant la guerre, à la Section
technique de l’Aéronautique militaire et depuis l’armistice dans notre laboratoire,
nous avons réalisé divers appareils se rapportant à l’armement des avions
d’une part et à la défense contre avions de l’autres.
Ces appareils ne feront ici l’objet
que d’un bref exposé.
Enfin on trouvera à la fin de cette
Notice quelques mots sur l’Institut d’Optique théorique et appliquée dont
nous avons projeté la création en 1916. Le plan que nous avions établi à
cette époque est aujourd’hui réalisé dans ses moindres détails.
Nos recherches s’étant exercées dans
des domaines assez variés, notamment pendant et depuis la guerre qui a posé
tant de problèmes nouveaux, nous adopterons dans les pages qui suivent la
classification ci-dessous, sans tenir compte de l’ordre chronologique des
essais effectuée :
I.Recherches d’aérodynamique expérimentales
1. Disques tournants ;
2. Aérodynamique du plan et
des surfaces courbes ;
3. Mesure du frottement superficiel.
II.Problèmes pratiques étudiés pour l’aviation
1. déformation des hélices
pendant leur fonctionnement ;
2. Enregistrement des vibrations
des divers organes d’un avion en vol ;
3. Efforts supportés pendant le
vol par les différents éléments d’un avion.
III.Mesure de vibrations dans
les immeubles, sur automobiles, wagons du métropolitain, armes à feu, etc.
IV. Appareils de navigation aérienne
Indicateurs acoustique de
vitesse ;
Indicateurs gyroscopiques de virage, etc.
V. Appareils se rapportant à l’armement des avions.
VI.Appareils de télémétrie.
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