Grandidier : Notice scientifique
Site créé le 24 octobre 2004 Modifié le 11 janvier 2006
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Titres et travaux scientifiques

 

de

 

Guillaume Grandidier

 

 

INTRODUCTION

 

Le goût des recherches zoologiques m'a été inspiré tout d'abord par le grand désir que j'avais de collaborer à l'Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, dont mon père a commencé la publication en 1871, et de continuer l'étude des Mammifères et des Oiseaux tant vivants que fossiles qu'il avait entreprise avec A. Milne-Edwards ; mais, pour être apte à bien remplir cette tâche et a l'aider dans la direction de cette œuvre considérable, il m'a paru nécessaire d'aller à Madagascar étudier les diverses régions de noire nouvelle colonie, si différentes par leur aspect physique, leur climat, leur faune, leur flore et leur constitution géologique.

 

C'est dans ce but que j'ai demandé à M. le Ministre de l'Instruction publique de vouloir bien me confier une mission officielle que j'ai accomplie en 1898-1899.

 

A mon arrivée dans la colonie, j'ai reçu du général Gallieni, Gouverneur général de Madagascar et dépendances, un accueil si bienveillant et un appui si efficace que j'ai pu faire, en outre de longs itinéraires dans les parties plus connues de l'île, une véritable exploration de la région australe qui était restée jusqu'alors à peu près inconnue.

 

Néanmoins, des difficultés matérielles de diverses sortes et l'hostilité des habitants m'ont empêché de faire dans cette région de Madagascar des collections aussi complètes que je l'eusse désiré ; aussi, après être revenu me documenter en France pendant quelques mois, et après avoir publié les résultats les plus importants des découvertes que j'ai faites pendant ce premier voyage, je suis retourné à Madagascar en 1901-1902 pour y continuer les études topographiques que j'avais commencées dans le sud de l'île et surtout pour y achever mes recherches sur divers ordres de Mammifères particulièrement abondants ou même spéciaux à ce pays, tels que les Lémuriens et les Centétidés dont l'étude présente un grand intérêt, et pour y procéder à des fouilles relatives à la faune disparue.

 

Pendant ce second séjour à Madagascar, j'ai pu, à deux reprises, traverser de part en part l'extrême sud de l'île, de Fort-Dauphin à Tulear et inversement, trajet qui n'avait encore jamais été fait et pendant lequel j'ai relevé avec soin mon itinéraire et fait d'importantes collections zoologiques et ethnographiques.

 

Après ce voyage et dans le but de comparer notre nouvelle colonie aux terres voisines, tant au point de vue géologique que zoologique, je suis allé à la Réunion, d'où j'ai gagné Zanzibar, puis la côte de Mozambique; pendant plusieurs mois je me suis livré, dans cette dernière région et dans l'Afrique australe, à la chasse des gros animaux et, malgré la guerre qui sévissait alors, j'ai pu gagner le cap de Bonne-Espérance en traversant le Natal et le Transvaal.

 

En 1904, ayant eu l'honneur d'être délégué par M. le Ministre de l'Instruction publique au VIIIe Congrès international de Géographie, j'ai profilé de mon séjour dans l'Amérique du Nord pour visiter non seulement les villes de la partie orientale des Etats-Unis, telles que Washington, New-York, Philadelphie, Chicago et Saint-Louis, dans lesquelles se sont tenues les diverses réunions du Congrès, mais aussi pour aller étudier la région du Colorado, la Californie et le Mexique, que j'ai traversé d'El-Paso à Mexico, puis à la Vera-Cruz.

 

C'est pendant ces voyages et par le fait du contact intime avec la nature dont ils ont été la cause que s'est accrue ma passion pour la zoologie et surtout pour les animaux supérieurs que j'ai vu vivre dans leur milieu habituel et dont j'ai pu ainsi apprendre sur place la biologie.

 

Tous les documents que j'ai rapportés, et en particulier ceux relatifs à l'histoire naturelle, ont été rassemblés et donnés par moi au Muséum d'histoire naturelle, où, dès 1897, Alphonse Milne-Edwards m'avait accueilli dans son laboratoire. Depuis cette époque, sauf pendant mes lointaines absences, il ne s'est pas, pour ainsi dire, passé de jour où je ne sois venu travailler au Muséum et y mettre en œuvre ces collections dans lesquelles j'ai découvert beaucoup de types de Mammifères et d'Oiseaux nouveaux et intéressants.

 

J'ai entrepris ces recherches sous les auspices d'A. Milne-Edwards d'abord, puis d'Oustalet, et je leur garde une profonde gratitude pour les conseils qu'ils m'ont donnés et pour la bienveillance qu'ils n'ont cessé de me témoigner; leur mort si imprévue a été pour moi une cause de grande tristesse.

 

Au cours de ces travaux, j'ai eu constamment à comparer les animaux que j’étudiais à ceux qui habitent les pays voisins; c'est ainsi que j'ai été amené à réviser plusieurs familles, recherchant et déterminant les spécimens par lesquels elles étaient représentées dans les collections et apportant à leur classification des modifications et rectifications importantes.

 

Il m'a fallu souvent aussi recourir, comme terme de comparaison, aux animaux fossiles, lorsque j'ai étudié la faune disparue de Madagascar; MM. Gaudry et Boule ont bien voulu, l'un et l'autre, à plusieurs reprises, me guider dans ces recherches délicates et difficiles; je leur en ai une respectueuse reconnaissance, d'autant qu'ils m'ont fait voir et aimer le côté philosophique de l'étude systématique et comparative des animaux.

 

Dans l'état actuel de nos connaissances, l'étude de l'évolution des êtres et leur biologie viennent au premier rang des préoccupations d'un zoologiste dont la tâche peut se résumer par ces mots : rechercher ce que des êtres ont été et savoir ce qu'ils sont, afin de découvrir la genèse des manifestations de la vie dans le passé et dans le présent.

 

C'est en m'appuyant sur ces principes que j'ai fait mes travaux sur la faune disparue de Madagascar, dont les types principaux tels que les Megaladapis, les Palaeopropithecus, les Archaeolemur, l’Hippopotamus Lemerlei, les Aepyornis, les Mullerornis vivaient encore il y a quelques siècles.

 

Dans divers mémoires j'ai montré ce qu'étaient ces êtres, dont plusieurs n'étaient pas connus avant mes voyages, et quels étaient leurs liens de parenté, soit avec les animaux fossiles de l'époque tertiaire, soit avec ceux qui vivent encore de nos jours en Afrique, en Océanie et en Amérique.

 

Pendant les voyages qui m'ont conduit dans presque tous les pays d'Europe, aux Etats-Unis, à Saint-Denis (île de la Réunion) et au Cap (Afrique australe), j'ai étudié avec soin l'organisation des musées et des jardins zoologiques. Pendant ces visites qui ont été quelquefois fort longues puisque, à plusieurs reprises, j'ai fait, dans les collections, des recherches qui ont duré des semaines, j'ai porté d'une manière toute particulière mon attention sur les dispositions adoptées dans ceux de création nouvelle, afin de me rendre compte des avantages matériels qu'ils offraient aux travailleurs et aux visiteurs.

 

Cette notice est divisée en deux parties : comme c'est à mes lointaines pérégrinations et à mes collections personnelles que je dois presque tous les éléments de mes travaux d'histoire naturelle, dans la première, faisant abstraction de tout document zoologique, j'indiquerai simplement ce que furent mes voyages et leurs résultats généraux.

 

Dans ce but, je me contenterai de reproduire quelques-uns des passages des rapports officiels qu'à mon retour j'ai adressés soit à M. le Ministre de l'Instruction publique, soit à la Société de Géographie, afin de montrer les itinéraires que j'ai suivis et les notions nouvelles que j'ai rapportées tant au point de vue topographique qu'au point de vue ethnographique, botanique et géologique.

 

La seconde partie comprendra la liste générale de mes travaux, et un court résumé de ceux qui ont plus spécialement trait aux Mammifères et aux Oiseaux.





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