Grigaut : titres et travaux
Site créé le 24 octobre 2004 Modifié le 11 janvier 2006
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Exposé des titres et des travaux scientifiques

 

de

A. Grigaut

Chef de travaux de chimie à la faculté de médecine de Paris

 

 

I

CHOLESTÉRINE

LE DOSAGE DE LA CHOLESTÉRINE DANS LE SANG ET DANS LES TISSUS

 

J'ai indiqué deux procédés originaux de dosage de la cholestérine qui ont servi de base aux recherches cliniques et physiologiques sur la cholestérine de l'organisme, poursuivies avec M. le Pr Chauffard et ses élèves.

 

Le premier de ces procédés est un procédé pondéral. La cholestérine extraite par l'éther sulfurique en milieu alcalin, après saponification à l'autoclave, est purifiée par l'éther de pétrole. On obtient finalement un produit parfaitement pur et cristallisé, présentant les constantes physiques de la cholestérine, à savoir :

Point de fusion : 145-148°.

[a]D = — 36°,61 + 0,249p en solution chloroformique pour p == 2 à 8 grammes.

 

Le second procédé est un procédé colorimétrique. Il utilise la coloration bleue donnée par la réaction de Liebermann. La cholestérine est extraite du sérum avec la totalité des graisses et lipoïdes au moyen de l'alcool-éther et le solvant évaporé laisse un résidu sur lequel est pratiquée directement la réaction de Liebermann. Les chiffres fournis par ce procédé rapide coïncident à moins de 5 pour 100 près avec ceux que donne le procédé pondéral.

 

II

ACIDE URIQUE

LE DOSAGE DE L'ACIDE URIQUE DANS LE SANG

 

Le dosage de l'acide urique dans le sang (En coll. avec A. CHAUFFARD et P. BRODIN). Société de Biologie, 8 mai 1920, p. 672.

Procédé colorimétrique de dosage de l'acide urique dans le sang. Société de Biologie, 16 octobre 1920, p. 1373.

Spécificité de la réaction phosphotungstique pour le dosage de l'acide urique. Le rapport des bases xanthiques à l'acide urique Société de Biologie, 9 avril 1921, p. 682.

Le dosage de l'acide urique dans le sang Bulletin de la Société de Chimie Biologique, janvier 1922, t. IV, p. 11.

 

Les méthodes classiques de dosage de l'acide urique, qui utilisent la formation de précipités insolubles pour la séparation de cet élément, conviennent difficilement à l'analyse du sang.

 

On ne peut en effet songer à employer le procédé Ronchèse, car la solubilité de l'urate d’ammoniaque est telle qu'elle dépasse les proportions normales d'acide urique contenues dans le sérum désalbuminé.

 

Il en est de même de la précipitation directe de l'acide urique sous forme cristallisée.

 

Ce procédé n'a pu donner de résultats positifs entre les mains de Garrod que chez les hyperuricémiques, tandis que chez les sujets normaux la précipitation était nulle. L'urate d'argent et de magnésie est lui-même légèrement soluble. Cette solubilité, qui est de l'ordre du cent-millième, n'entraîne pas une erreur appréciable lorsqu'on agit sur un liquide relativement riche en acide urique comme l'urine, mais dans le cas du sérum normal l'erreur encourue se. trouve portée à 50 pour 100. C'est ce qui se passe pour le procédé de Folin et Denis où l'acide urique est précipité sous forme d'urate argentico-magnésien pour être évalué ensuite colorimétriquement au moyen de la réaction phosphotungstique de Folin et Macallum.

 

Au contraire dans le procédé que j'ai indiqué l'acide urique n'est pas séparé pour le dosage et la réaction phosphotungstique est pratiquée directcment sur le sérum désalbuminé. C'est pourquoi les chiffres obtenus au moyen de ce procédé sont supérieurs à ceux fournis par le procédé Folin et Denis.

 

III

GLUCOSE

LE DOSAGE DU GLUCOSE DANS LE SANG

Le taux du glucose dans le sang total chez les individus normaux (En coll. avec P. BRODIN et ROUZAUD). Société de Biologie, 8 mai 1914, p. 708.

Étude de la désalbumination par l'acide métaphosphorique. Application à l'analyse chimique du sang, des liquides pathologiques et du liquide céphalo-rachidien (En coll. avec P. ZIZINE). Bull. de la Soc. de Chimie Biologique, juillet-août 1922, t. IV, p. 388.

 

Au moment où nous avons entrepris nos premières recherches sur le glucose, l'accord était loin d'être fait sur la teneur normale en sucre du sang.

 

Pour Franck et ses élèves, le taux moyen dans le sang total oscillait entre 0gr70 et 0gr96 pour 1000 ; pour Schumm et Hegler les variations étaient encore plus étendues allant de 0gr30 à 1gr30 pour 1000. Schirokauer évaluait la glycémie normale à 1gr10 pour 1000 dans le plasma ; Baudoin adoptait le chiffre de 1gr25 à 1gr50 comme taux moyen normal du glucose dans le sang total.

 

Nous avons repris ces recherches en utilisant la défécation par le nitrate mercurique suivie du dosage par la méthode de Bertrand, procédé déjà employé par H. Bierry et P. Portier et par Baudoin.

 

La technique à laquelle nous nous sommes arrêtés ne diffère que par quelques points de détail des procédés précédents : centrifugation de l'oxydule de cuivre, emploi de solutions de Bertrand doublement concentrées de manière à pouvoir opérer sur 40 centimètres cubes de sang et à pouvoir ainsi utiliser les tables de cet auteur.

 

La voici dans ses grandes lignes :

Le sang prélevé par ponction veineuse est reçu en agitant sur du fluorure de sodium. Dans un verre à pied on place 20 centimètres cubes de sang ou de sérum fluorés, 20 centimètres cubes d'eau et goutte à goutte en agitant constamment 15 centimètres cubes de réactif de Patein.

On neutralise ensuite le mélange au moyen de lessive de soude diluée.

Dans le cas où on aurait dépassé la neutralisation, on ramènerait à une légère acidité à l'aide de l'acide acétique dilué. Le mélange est alors complété à 80 centimètres cubes avec de l'eau distillée, filtré à la trompe et débarrassé de l'excès de mercure< au moyen de la poudre de zinc.

 

A 40 centimètres cubes de filtrat (correspondant à 10 centimètres cubes de sang), ajouter 10 centimètres cubes de solution A de Bertrand doublée et 10 centimètres cubes de solution B de Bertrand également doublement concentrée.

 

Porter le mélange à l'ébullition pendant trois minutes et centrifuger.

 

L'oxydule de cuivre collé au fond du tube à centrifuger est facilement séparé de la liqueur surnageante par simple décantation.

 

On le dissout immédiatement dans la liqueur ferrométrique en lui évitant tout contact direct avec l'air et on termine le dosage par un titrage au permanganate de potasse exactement selon la méthode de Bertrand, en se servant des tables de cet auteur.

 

Au moyen de cette méthode nous avons examiné le sang d'individus pouvant être considérés comme normaux et prélevés dans les corps de troupes.

 

Les prises de sang ont été effectuées dans les conditions normales d'alimentation à des heures variables de la journée, mais toujours au moins quatre heures après les repas.

 

Nos dosages nous ont montré que les oscillations normales de la glycémie étaient très restreintes et variaient entre 0gr,88 et 1gr,o5 par litre de sang total. Nous avons pu fixer à 1 gramme le chiffre moyen normal de la glycémie chez l'homme, chiffre qui a été retrouvé depuis par tous les auteurs qui se sont occupés de la question.

*

* *

En collaboration avec P. Zizine j'ai indiqué un procédé colorimétrique de dosage du sucre dans le sang, applicable à de petites quantités de sang. Ce procédé est une nouvelle application du procédé de désalbumination par l'acide métaphosphorique déjà utilisé par nous pour le dosage de. l'urée, de l'acide urique et de l'azote non protéique le glucose est dosé colorimétriquement selon la méthode phosphotungstomolybdique de Folin et Wu.

 

IV

AZOTE NON PROTÉÏQUE

SÉPARATION DE L'AZOTE NON PROTÉÏQUE DES MILIEUX ALBUMINEUX

Les substances azotées non protéïques du sang en pathologie. Plus ultra , Madrid, décembre 1919.

L'azote non protéïque du sang. Biologie médicale, 1921, n° 10.

Étude de la désalbumination par l'acide métaphosphorique. Application à l'analyse chimique du sang, des liquides pathologiques et du liquide céphalo-rachidien (En coll. avec P. ZIZINE). Bull, de la Soc. de Chimie Biologique, juillet-août 1922, t.IV, p. 388.

La désalbumination par l'acide métaphosphorique et son intérêt en clinique La Médecine, septembre 1922.

 

L'azote non protéïque s'obtient en traitant les milieux albumineux par un désalbuminant approprié et en dosant l'azote contenu dans une partie aliquote du filtrat désalbuminé.

 

J'ai montré avec P. Zizine que la nature du désalbuminant et la façon dont il était employé étaient susceptibles de faire varier dans de larges mesures la composition et le taux de l'azote non protéïque ainsi déterminé.

 

Nous avons ainsi distingué des variations quantitatives et des variations qualitatives de l'azote non protéïque occasionnées par des modalités différentes dans la désalbumination.

 

V

UROBILINE ET BILIRUBINE

Au moment où je. me suis occupé de la recherche de l'urobiline (1909), la présence de ce pigment dans le sang était encore en discussion.

 

Certains auteurs pensaient même qu'en raison du fait qu'on ne trouvait que rarement l'urobiline dans le sang, alors qu'elle pouvait être abondante dans l'urine, cette substance prenait naissance au niveau du parenchyme rénal par réduction des pigments du sang.

 

On sait aujourd'hui que toute urobilinurie s'accompagne d'urobilinémie et qu'il existe un certain rapport de proportionnalité entre les taux de l'urobiline dans l'urine, dans le sang, et dans les matières fécales.

 

Le procédé de recherche de l'urobiline dans le sang que j'ai indiqué a contribué à établir ces faits.

 

Dans les fèces la recherche de l'urobiline et des pigments biliaires peut être pratiquée par les méthodes employées pour l'urine, mai il était utile de posséder une réaction qui, au lit du malade, permette de juger immédiatement l'abondance de l'urobiline, dans les matières fécales de la présence ou de l'absence de pigments biliaires.

 

Les réactions d'oxydation couramment employées en clinique (réaction au sublimé de Schmidt ou de Triboulet) offrent l'inconvénient de nécessiter un certain temps avant de donner une réponse.

 

En substituant l'acide chlorhydrique et le perchlorure de fer au sublimé, j'ai institué un procédé qui permet d'obtenir une réaction instantanée.

 

VI

TOXINES DIPHTERIQUE ET TÉTANIQUE

Considérations sur la méthode de l’intracérébro-inoculation pour la recherché des toxines dans le nevraxe. Fixation de la toxine diphtérique sur la substance nerveuse (En coll. Avec Georges GUILLAIN et Guy LAROCHE). Société médicale des hôpitaux, 12 nov. 1909, p. 544.

Adsorption et acivation de la toxine diphtérique par la substance nerveuse et ses lipoïdes phosphorés (En coll. avec Guy LAROCHE). Société de Biologie, 1er avril 1911, p. 516.

Rôle des protéines dans l’adsorption et la neutralisation de la toxine tétanique par la substance nerveuse (En coll. avec Guy LAROCHE). Société de Biologie, 29 avril 1911, p. 657.

Etude biologique et chimique de l’adsorption des toxines diphtérique et tétanique par la substance nerveuse et des phénomènes corrélatifs (En coll. avec Guy LAROCHE). Annales de l’Institut Pasteur, décembre 1911, p. 892.

 

J’ai montré avec Georges Guillain et Guy Laroche que 1a toxine diphterique possède in vitro une affinité spéciale pour la substance nerveuse de tous points comparable à celle quelle possède in vivo.

 

Mise en contact avec le cerveau, la toxine diphtérique se fixe énergiquement sur lui et lui communique ses propriétés toxiques. Il s’agit bien là d'une propriété spéciale de la substance nerveuse car différents corps pris au hasard, les uns absolument distincts de 1a substance nerveuse, les antres s'en rapprochant plus ou moins, traités dans les mêmes conditions ne conduisent pas aux mêmes résultats.

 

C’est ainsi que la brique pilée, l'albumine précipitée, l'axonge, nous ont donné des résultats négatifs, tandis que la substance cérébrale témoin entraînait invariablement la mort des animaux.

 

Ajoutons toutefois qu'une épreuve semblable pratiquée avec l'extrait éthéré de jaune d’œuf a déterminé chez un cobaye un léger malaise durant vingt-quatre heures.

 

Une constatation analogue avait déjà été faite par Wassermann et Takaki pour la toxine tétanique.

 

Ces auteurs ont montré que le cerveau fixe énergiquement la toxine tétanique mais ici cette fixation est accompagnée d'une neutralisation de la toxine, tandis que ce phénomène n’a pas lieu pour la toxine diphtérique fixée qui garde intacte ses propriétés.

 

Ces faits montrent que pouvoir fixateur et pouvoir neutralisant ne sauraient être confondus. Ceci est vrai non seulement pour la toxine diphtérique mais également pour la toxine tétanique.

 

En effet si dans l’expérience de Wassermann et Takaki, telle que la pratiquent les auteurs, la toxine absorbée se trouve entièrement neutralisée, il est toutefois possible de fixer sur le cerveau plus de toxine qu'il n’en peut neutraliser et, dans ce cas, une partie du poison quoique adhérent à la substance nerveuse garde ses propriétés tétanigènes.

 

L étude des affinités de la substance nerveuse pour les toxines peut donc être comprise de plusieurs façons et avant d'exposer nos recherches sur ce sujet, avons-nons pris soin de définir exactement ce que nous entendions par pouvoir adsorbant, pouvoir fixateur et pouvoir neutralisant d’une substance vis-à-vis d'une toxine donnée.

 

Le pouvoir adsorbant est la quantité de toxine qu'un poids détermine de substance est susceptible de soustraire à un certain volume d’une dilution donnée de celte toxine. La toxicité du liquide débarrasse de la matière absorbante en est la mesure.

 

Le pouvoir neutralisant est la quantité maxima de toxine qu'un poids déterminé de substance peut rendre inactive en injection à des animaux.

 

Le pouvoir fixateur se mesure par la toxicité qu'acquiert un poids donné de substance plongée dans une certaine dilution de toxine et privée ensuite du poison en excès par lavages répétés. Il est bien entendu que ce terme ne présume en rien du sort de la toxine que celle-ci soit intégralement fixée ou en partie neutralisée.

 

A ces définitions il convient d'ajouter encore le pouvoir activant. Certaines toxines comme la toxine diphtérique, la tuberculine et la malléine sont non plus neutralisées, mais au contraire activées par la substance cérébrale, soit qu'il s'agisse réellement d'une augmentation de toxicité (tuberculine, malléine), soit qu'il s'agisse simplement d'une réduction de la période d'incubation ou d'un raccourcissement de la maladie expérimentale (toxine diphtérique).

 

Ces données permettront selon le cas de mesurer le pouvoir activant.

 

Nos recherches ont porté particulièrement sur les deux toxines diphtérique et tétanique dont nous nous sommes efforcés de préciser le mode d'adsorbtion par la substance nerveuse. Nous avons cherché à dissocier le phénomène et à reconnaître parmi les constituants chimiques ceux auxquels la substance nerveuse doit dans chaque cas ses propriétés adsorbantes vis-à vis d'une toxine donnée.

 

VII

VARIA

De la stabilité des différents composés arsenicaux et en particulier de l’hectine et de l’arsenobenzol en présence des agents réducteurs (En coll. avec A. CHAUFFARD). Société médicale des hôpitaux de Paris. 18 novembre 1910, p. 480.

 

Il nous a paru intéressant et utile de présenter à la Société médicale des hôpitaux les résultats objectifs d'expériences chimiques très simples, qui permettent de comparer entre eux les différents composés arsenicaux, minéraux et organiques, au point de vue de leur stabilité vis-à-vis des agents réducteurs, et en particulier du réactif de Bougault.

 

Cette recherche, classique pour les composés arsenicaux déjà anciens, n'avait pas encore été faite pour l'hectine ni l'arsénobenzol, et l'un des réactifs dont nous parlerons n'avait pas encore été employé.

 

Nous aurons pour but principal, dans notre exposé, de faire connaître et voir les résultats très suggestifs que nous ont donnés ces recherches.

 

Le réactif de Bougault est une solution d'acide hypophosphoreux dans l'acide chlorhydrique, répondant à la formule suivante :

Hypophosphite de soude. ....    20 grammes

Eau. ...........    20 centimètres cubes

Acide chlorhydfique (D. = l,17)…    200 centimètres cubes

 

C'est un agent réducteur intense pour les composés arsenicaux, et en même temps un réactif très sensible, puisque, d'après Bougault, il permet de déceler 1/50e" et même 1/200e de milligramme d'anhydride arsénieux. Pour son emploi, il suffît d'ajouter à 1 centimètre cube du liquide arsenical à essayer 5 centimètres cubés environ du réactif.

 

La réaction s'opère lentement à froid. Elle est plus rapide lorsqu'on ajoute au mélange une à deux gouttes de solution décinormale d'iode, ou qu'on chauffe pendant une demi-heure à une heure au bain-marie bouillant.

 

C'est ce dernier procédé que nous avons mis en pratique, et le tableau précédent montre les résultats obtenus.

 

Tout aussi suggestifs sont les résultats obtenus avec un autre réducteur : le protochlorure d'étain. Ce réactif que nous avons préparé en dissolvant une partie de grenaille d'étain dans deux parties d'acide chlorhydrique concentré (D == 1,17), ne possède pas la sensibilité de l'acide hypophosphoreux et ne peut en aucune manière servir à déceler des traces d'arsenic.

 

Appliqué aux recherches sur la stabilité des composés arsenicaux, il nous a conduit à des constatations intéressantes, qui viennent à l'appui des expériences précédentes.





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