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Notice sur les travaux
scientifiques
de
APERÇU GÉNÉRAL DES TRAVAUX
Avant de
donner l’exposé sommaire de mes recherches, il me paraît indispensable d'en
présenter tout d'abord un court résumé, et de faire valoir les raisons qui
m'ont engagé à les entreprendre.
Mes
premières recherches, sur la localisation d'alcaloïdes, sont en partie d'ordre
biologique, les résultats acquis permettant de jeter quelque lumière sur le
rôle physiologique de ces corps.
Mes
travaux ultérieurs portent sur le développement et la structure anatomique du
fruit et de la graine, les organes de sécrétion, l'anatomie de l'appareil
végétatif et en particulier celle de la feuille, la systématique, le
développement de l'anthère et la formation du pollen.
I.
Localisation
d'alcaloïdes. — Personne
ne conteste l'importance que présentent la recherche microchimiqne et la
localisation des principes actifs, en particulier des alcaloïdes qui ont trouvé
eu médecine de si nombreux emplois, Ces recherches, poursuivies a l'aide de
réactifs appropriés, ont non seulement révélé l'existence de nouvelles espèces
alcaloïdifères, mais elles ont permis d'établir dans quelles régions de la
plante, à quelle époque de l'année et à quel moment de la vie de la plante,
l'alcaloïde existe en plus grande abondance. En possession de résultats aussi
précis, le chimiste peut à son tour, sans risque de s'égarer, s'engager dans la
voie nouvelle qui lui est tracée, et procéder à l'extraction du produit dont
les propriétés seront ensuite déterminées.
A un autre point de vue, la localisation des alcaloïdes
n'est pas moins attrayante, puisqu'elle est de nature à nous renseigner sur la
signification biologique de ces substances.
Les premiers travaux concernant la localisation des
alcaloïdes chez les végétaux ne datent guère que d'une trentaine d'années, et
l'on sait que c'est à ERRERA et à ses élèves que' revient l'honneur d'avoir
montré tout l'intérêt qui s'attache aux résultats de semblables investigations.
Dès 1887, la localisation des alcaloïdes fit l'objet de
plusieurs études sérieuses qui, pendant les années suivantes, ne furent
poursuivies qu'en Belgique.
En France, aucun essai de localisation n'ayant été tenté
jusqu'alors, je résolus, dès 1893, d'aborder ce genre de recherches, en mettant
en pratique la méthode si précise d'ERRERA.
Les Légumineuses présentaient, à cet égard, un vaste champ
d'observations mais, parmi elles, mon choix se portait sur l'Anagyre et les
Cytises, dont l'élude n'avait été qu'ébauchée chez le Faux-Ebénier.
Au cours de mes recherches, dont les résultats ne furent
publiés qu'en 1895, fut envisagée la question de la variation des alcaloïdes
dans les divers organes et aux diverses périodes de la végétation.
II.
A.
Développement et structure anatomique du fruit et de la graine. —La graine avait fait l'objet de
nombreux travaux, entrepris surtout dans le but de préciser l'origine des
diverses parties constitutives du tégument séminal. Néanmoins, les
représentants d’un certain nombre de familles étaient restés, à cet égard,
complètement dans l'oubli. D'autres fois, l'examen de quelques espèces
seulement avait amené les auteurs à conclure trop hâtivement à une similitude
de structure dans l'ensemble de la famille.
L'insuffisance de nos connaissances, dans le premier cas,
des inexactitudes, dans le second, justifiaient de nouvelles observations.
Mes recherches furent poursuivies successivement chez les
Graminées, les Sapindacées, les Gentianacées, les Diptérocarpées et les
Thyméléacées.
Dans les Graminées, les grains de nos Céréales étaient
pour ainsi dire les seuls dont la structure avait attiré l'attention. En ce qui
concerne l'origine de leur enveloppe séminale, le plus grand désaccord régnait
entre les auteurs, les uns, comme F. KUDELKA et W. JOHANNSEN, admettant la
persistance du tégument interne de l'ovule qui vient se souder au péricarpe,
les autres, comme JUMELLE, concluant à la disparition totale des deux téguments
ovulaires.
Croyant pouvoir se baser sur les résultats obtenus par ce
dernier auteur, VAN TIEGHEM, en 1897, n'accordant le nom de graine qu'à tout
corps formé d'un embryon, pourvu ou non d'un albumen, et enveloppé d'un
tégument propre, place, dans sa classification des Phanérogames fondée sur
l'ovule, les Graminées dans les Inséminées. Le caryopse était considéré
par lui comme un «fruit dépourvu de graine ».
La question était à reprendre dans son ensemble. Mes
observations, qui ont porté sur 120 genres, ont définitivement établi, chez les
Graminées, l'existence presque générale d'un tégument séminal, parfois très
développé, provenant du tégument interne de l'ovule, et aussi l'origine des
assises profondes du péricarpe. Elles ont eu, pour conséquence, de faire
restituer au caryopse son ancienne définition de «fruit dont la paroi est
soudée au tégument séminal».
Le développement de l'ovule en
graine n'avait été suivi, chez les autres familles, que dans un nombre très
restreint d'espèces. En reprenant cette étude, j'ai pu mettre en évidence un
certain nombre de faits nouveaux et intéressants, concernant non seulement
l'enveloppe séminale, mais encore le sac embryonnaire et le nucelle.
Chez les Gentianacées, j'ai établi que les modifications
qui s'accomplissent dans le tégument ovulaire, au cours du développement,
s'effectuent suivant un processus tout différent, selon qu'on les considère
chez les Gentianacées terrestres ou les Gentianacées aquatiques, et que, par
conséquent, se trouve justifiée, une fois de plus, la subdivision de la famille
en deux sous-familles, les Gentianoïdées et les Ményanthoïdées.
En
faisant connaître, chez les Diptérocarpées, où elle était demeurée complètement
ignorée jusqu'alors, l'origine du tégument séminal, j'ai montré combien varient
d'un genre à l'autre, parfois dans les limites d'un même genre, les
transformations dont les enveloppes de l'ovule sont le siège.
Les
.recherches que j'ai consacrées à l'étude des Thyméléacées, et qui établissent
l'origine et la structure de l'ovule, ainsi que l'organisation définitive de
l'enveloppe séminale chez de nombreuses espèces de cette famille, mettent de
plus en évidence un fait absolument nouveau, à savoir l'existence, chez
plusieurs Thyméléacées africaines, d'abondantes trachées dans la région
périphérique du tissu nucellaire.
Sans
exemple chez d'autres végétaux actuels, ces trachées ne peuvent être comparées
qu'au manteau trachéal nucellaire de certaines Cycadofilicales du
permo-carbonifère.
B.
Développement de l'anthère et du pollen. — Les observations de WARMING sur le Mentha aquatica
L., étant les seules données que l'on possédait sur le développement de
l'anthère et du pollen chez les Labiées, j'ai cru devoir combler cette lacune
en étudiant, dans cette famille, près de 80 espèces réparties en une
quarantaine de genres.
III.
Organes sécréteurs. —
Malgré le grand nombre d'observations dont ces organes ont fait l'objet, ils
m'ont encore fourni quelques faits intéressants relatifs aux cellules à
mucilage des Urticées et des Diptérocarpées, aux laticifères de deux Urticées,
l’Urera baccifera Gaud. et l’Urera Humblotii H. Bn, et aux canaux
sécréteurs du bois des Diptérocarpées.
Chez les
Urticées, j'ai montré que le mucilage est beaucoup plus répandu qu'on ne le
pensait, non seulement dans la tige et dans la feuille, mais aussi dans la
racine.
On avait
bien indiqué, chez les Diptérocarpées, la présence de mucilage, mais la
répartition des cellules qui le contiennent avait été exposée d’une façon fort
incomplète. En outre, l'attention n'avait pas été attirée sur la
différenciation parfois si marquée de ces cellules.
C'est
dans ces conditions que j'ai repris leur étude en montrant dans quelle mesure
elles peuvent servir à la distinction des genres et des espèces.
Les
Urticées proprement dites ont toujours été considérées comme dépourvues de
laticifères. Or, j'ai rencontré, chez deux représentants de ce groupe, l’Urera
baccifera Gaud. et l’U. Humblotii H. Bn, des éléments sécréteurs de
cette nature, analogues, par leur structure, à ceux que possèdent les
Artocarpées et les Morées, qui constituent, avec les Urticées, les tribus les
plus importantes de la famille des Urticacées.
Indépendamment
des canaux sécréteurs médullaires, les Diptérocarpées possèdent, dans le bois
secondaire de leur tige, des organes de même nature, dont les produits de
sécrétion, oléorésines et résines, donnent lieu, en particulier en Indo-Chine,
à des transactions commerciales assez actives.
L'existence
de ces canaux était connue depuis plusieurs années, mais leur époque
d'apparition et leur répartition, suivant les genres et les espèces, dans le
corps ligneux, n'avaient fait l'objet que d'observations très succinctes.
De plus ,
le mode de développement de ces canaux et leur trajet à l'intérieur du bois
étaient complètement méconnus.
Grâce à
mes recherches, ces diverses lacunes se trouvent à présent comblées. Elles ont
établi la généralité de l'existence de canaux sécréteurs dans le bois de la
tige des Diptérocarpées, et montré leur apparition plus ou moins hâtive et leur
disposition plus ou moins régulière dans le cylindre ligneux, suivant les
genres et les espèces.
En ce qui
concerne leur mode de formation, j'ai mis en évidence que ces canaux prennent
naissance dans le cambium, par simple écartement de cellules de cette région.
J'ai fait voir, en outre, que des anastomoses tangentielles se forment, entre
les canaux sécréteurs, parfois de très bonne heure à la périphérie du bois,
d'autres fois, au contraire, plus tardivement l'intérieur du tissu ligneux,
pour constituer un réseau à mailles plus ou moins grandes élablissant entre
canaux voisins une relation très étroite.
Par ces
caractères, les réservoirs sécréteurs du bois des Diptérocarpées offrent unee
frappante analogie avec ceux des Copaifera, Daniellia et Eperua,
de la famille des Légumineuses, étudiés antérieurement par L. GUIGNARD,
COURCHET et DE CORDEMOY.
IV.
Travaux se rapportant à la systématique. — Les travaux de systématique pure auxquels je me suis
consacré se bornent à l'étude des Diptérocarpacécs d'Indo-Chine, qui constitue
ainsi le témoin de ma collaboration à l'oeuvre si importante entreprise par M.
LECOMTE, la Flore générale de l'îndo-Chine.
Mais les
observations anatomiques amènent parfois à des résultats dont la systématique
peut tirer le plus grand profit. Tout en aidant à la détermination de certains
genres et de certaines espèces, elles permettent souvent aussi d'en préciser la
place dans la classification.
Poursuivies
dans ce but quelques-unes de mes recherches ont largement contribué à faire
ressortir, une fois de plus, les applications que peut avoir l'étude anatomique
à la classification.
L'étude
histologique du fruit d'une Graminée, le Boissiera bromoides Hocht., m'a
permis de trancher le désaccord qui existait entre les auteurs sur les
affinités systématiques de cette plante, en montrant qu'il y a lieu de la
ranger au voisinage des Bromus et Brachypodium.
Dans un
travail sur les «Didierea de Madagascar». M. PERROT et moi avons
fait une étude anatomique complète de la tige, de la feuille, du fruit et de la
graine de ces curieuses plantes, et montré que, suivant l'opinion de BAILLON et
de DRAKE DEL CASTILLO, elles doivent plutôt constituer une tribu anormale des
Sapindacées, qu'être rapprochées des Polygonacées et des Amarantacées. comme
l'indiquait RADLKOFER.
On sait,
surtout depuis les travaux de VESQUE, les précieux renseignements que peuvent
fournir les caractères tirés de l'anatomie de la feuille.
Aussi,
dans mon Mémoire sur la structure des Diptérocarpées, ai-je consacré une large
part à l'étude de cet organe. Dans cet ordre de recherches, la forme et la
répartition des cellules à mucilage, celles des poils tecteurs et glanduleux,
la disposition des stomates pourvus ou non de cellules annexes, me sont
apparues, en particulier, comme constituant des caractères de réelle valeur
pour la détermination de plusieurs genres, voire même de certaines espèces.
V.
Application des caractères anatomiques à la détermination des drogues végétales
et à la recherche des falsifications. — Dans ce Chapitre, j'attire l'attention, en me basant sur les
caractères anatomiques, sur un certain nombre de falsifications et de
substitutions dont certaines drogues végétales ont fait l'objet, à diverses
reprises.
VI. Travaux
divers. — Ce Chapitre
contient diverses recherches qui ne rentrent pas dans le cadre des précédentes,
et qui ont trait à l'existence curieuse d'un Champignon dans l'Ivraie, aux
domaties, à l'expertise des Houblons, etc.
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