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Titres
et travaux scientifiques (Supplément)
de
Docteur es Sciences Physiques/Sous-directeur du laboratoire
de chimie au Muséum National d'Histoire Naturelle
MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
Les végétaux renferment des
substances appartenant aux groupes les
plus divers : matières amylacées et cellulosiques, oses, holosides simples,
hétérosides, lipides, essences, protides, matières colorantes, etc. On est
confondu par le nombre, la variété et la complexité de ces substances, surtout
si l'on songe à l'extrême simplicité des principes nutritifs que le végétal
emprunte au milieu ambiant.
La plante puise dans l'air
l'anhydride carbonique et l'oxygène, dans le sol les nitrates et nitrites,
l'ammoniaque, les sulfates, phosphates et autres sels minéraux, produits de
composition simple qui apportent à la plante les éléments carbone, hydrogène,
azote, soufre, phosphore, etc., à l'aide desquels se constituent au sein de la
cellule vivante, suivant des processus souvent complexes, les nombreux
principes immédiats présents dans l'organisme végétal.
La cellule vivante est un
merveilleux laboratoire ou, dans un espace infiniment restreint, s'effectuent
simultanément des réactions à la fois délicates et variées, avec des moyens
dont le secret échappe bien souvent à la sagacité des chercheurs. Il n'est
peut-être pas de problème plus captivant mais aussi plus difficile que celui
dont l'objet est de pénétrer le mystère de l'activité de la cellule végétale : c'est
au physiologiste qu'incombe la mission d'entreprendre cette vaste tâche.
Pour l'aborder avec quelque chance
de succès le savant doit tout d'abord déterminer, qualitativement et
quantitativement les substances contenues dans la plante étudiée, discerner les
variations qu’elles subissent au cours de l’évolution du. Végétal, constater les
modifications qu’elles supportent lorsqu’on en vient à changer un ou plusieurs
des facteurs qui conditionnent la vie de la plante : composition du milieu nutritif, température,
état hygrométrique, radiations, etc.
Après avoir déterminé avec
précision les substances élaborées dans la cellule végétale, le. physiologiste doit se demander comment
elles prennent naissance aux dépens des principes très simples servant à l'alimentation
de la plante.
La formation de l'amidon, par
exemple, se produit-elle par étapes successives représentées par des corps à poids moléculaires de
plus en plus élevés. Dans ce cas, l'anhydride carbonique absorbé par la plante se
transformerait, sous l'action combinée de la chlorophylle et de la lumière, en
aldéhyde formique ; celle-ci, par condensations successives, conduirait d'abord
aux oses, puis aux holosides et enfin à l'amidon lui-même.
Une autre hypothèse consiste à
supposer que l'amidon< résulte de l'agrégation faite d'emblée d'un grand nombre de molécules
d'aldéhyde formique sans aucune discontinuité dans le mécanisme de cette
condensation. Cette manière de voir a été adoptée, par Maquenne qui explique fort
ingénieusement la production d'amidon, sans admettre toutefois la formation
préalable d'aldéhyde formique. Cette interprétation est en accord avec
le fait que cette aldéhyde ne peut être décelée régulièrement dans l'organisme
végétal.
Les difficultés que rencontre le
physiologiste pour expliquer la genèse des oses et des holosides se retrouvent
encore lorsqu'il s'agit de mettre en évidence le mode de formation des matières grasses,
des lipoïdes ou encore d'expliquer la production, à partir de l'ammoniaque
provenant de la réduction des nitrates, soit des matières albuminoïdes en passant par l'intermédiaire
des acides aminés ou amidés qui forment les chaînons de ces molécules complexes, soit
des noyaux azotés (pyrrol, pyridine, quinoléine, isoquinoléine, indol, purine, etc.), parties fondamentales
de la molécule des alcaloïdes présents dans un grand nombre de végétaux.
Au physiologiste incombe encore la
mission de déterminer comment s'effectuent, au sein de la cellule végétale, ces multiples
réactions chimiques souvent irréalisables in vitro, de préciser
notamment les facteurs qui favorisent les phénomènes de condensation,
d'isomérisation, d'oxydation, de réduction, de déshydratation, d'hydrolyse ou de
dégradation des molécules.
On sait déjà que la chlorophylle,
en présence des rayons solaires,
intervient dans un grand nombre de ces réactions, que certaines
diastases présentes dans l'organisme végétal ont un pouvoir tantôt
synthétisant, tantôt hydrolysant. D'autres réactions ne sont-elles pas conditionnées
par la nature colloïdale de certaines substances végétales dont les micelles
pourraient former, avec différents corps élaborés par la plante, des complexes
instables, dont la décomposition ultérieure conduirait aux principes
immédiats avec régénération du colloïde initial?
Le mécanisme chimique cellulaire
n'est-il pas aussi sous la dépendance de la valeur du pH ou encore de traces de métaux< dont la présence a
été signalée dans les plantes, etc.?
L'exposé qui précède révèle
l'étendue du domaine que doit explorer le physiologiste. La valeur des résultats obtenus< dépendra de la
précision des méthodes d'investigation : le chercheur devra employer des techniques
rigoureuses à l'aide desquelles il pourra déceler avec certitude la présence des divers principes
de la plante et déterminer exactement leur teneur aux différents stades d'évolution
du végétal. Pour l'interprétation des réactions chimiques qui se passent dans le milieu cellulaire,
le physiologiste tiendra compte des propriétés chimiques des principes immédiats
et de leur aptitude à se transformer les uns dans les autres par condensation,
dégradation et aussi par isomérisation. C'est donc à la chimie et plus
particulièrement à la phytochimie qu'il fera appel pour élucider le
mystère qui entoure les réactions complexes qui se poursuivent dans la cellule végétale.
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* *
La réalisation d'un tel, programme
serait particulièrement féconde en résultats scientifiques ; elle présenterait
en outre l’avantage de maintenir un contact étroit et permanent entre la
physique végétale et les chaires de botanique du Muséum et d'assurer entre ces
services une constante collaboration qui s'avère de plus en plus indispensable.
Le physiologiste utilise pour ses
recherches les nombreux matériaux dont dispose le botaniste ; par contre, celui-ci
peut tirer
parti des renseignements apportés par le physiologiste. Cette entente
devrait déjà se manifester heureusement dans un tout proche avenir. Pourquoi, dans les
collections de botanique qui seront exposées dans le nouveau bâtiment en voie
d'achèvement, ne mentionnerait-on pas, à côté du nom de la plante, celui ou
ceux des principes immédiats utiles qu'elle renferme? L'intérêt de la collection s'en
trouverait accru et de nombreux public appelé à la visiter, pourrait établir un
rapprochement très instructif entre la plante elle-même et ses constituants que
le visiteur connaît parfois, mais dont il ignore souvent les origines.
La physiologie apporte au botaniste
des renseignements à la fois intéressants et inattendus. Un principe immédiat
déterminé n'existe parfois que dans une seule espèce végétale, alors qu'il fait défaut
dans les autres espèces de la même famille ; dans d'autres cas, il se retrouve dans
deux espèces appartenant à des familles différentes et ayant leur habitat dans
des régions très
éloignées l'une de l'autre; enfin chez les végétaux inférieurs, tels
que les champignons, la présence ou l'absence d'une substance facile à
caractériser peut dans certains cas servir de base à leur classification.
Depuis quelques années les
botanistes du Muséum concentrent leurs efforts vers l'étude des plantes
coloniales dont l'intérêt prend une importance toute, particulière en cette période économique
profondément troublée. L'industrie et la thérapeutique ont déjà su tirer parti des
substances élaborées par les plantes de nos colonies ; grâce à la collaboration de
la botanique et de la
physiologie, on peut espérer élargir le champ d'utilisation de nos richesses
coloniales.
La physiologie végétale doit encore
apporter sa contribution dans le domaine des applications. En modifiant les facteurs physiques
et chimiques qui déterminent la vie de la plante, ne sera-t-il pas possible
d'orienter les réactions chimiques cellulaires vers la formation plus abondante
d'un principe immédiat particulièrement utile? On peut sans hésitation répondre
par l'affirmative ; la haute teneur en sucre de certaines variétés de
betterave, la richesse en quinine des quinquinas cultivés, en opposition avec
celle des quinquinas sauvages, justifient amplement cette assertion.
Si les recherches de physiologie végétale
se poursuivent dans le large cadre qui vient d'être tracé, on peut être assuré
que les points de contact entre la chaire de Physique végétale et les autres
chaires du Muséum seront aussi nombreux que possible et assureront l'union
indispensable à toute œuvre utile et fructueuse.
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végétaux / hasenfratz
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