JACCOUD : TRAVAUX SCIENTIFIQUES

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Notice sur les titres et travaux scientifiques

 

de

 

Jaccoud

Candidat à l'Académie des Sciences/Membre de l'Académie de médecine/Membre du Conseil général des Facultés de l'Académie de Paris/Professeur de clinique médicale à la faculté de Paris

 

 

 

TRAVAUX SCIENTIFIQUES

Cette notice expose la méthode de ces travaux ; — les formes morbides nouvelles et les faits nouveaux qu'ils ont établis ; — après quoi elle en présente l’énumération dans l'ordre chronologique.

 

EXPOSÉ DE LA MÉTHODE

Dès ses premiers travaux (1800), M. Jaccoud a appliqué à l'étude de la pathologie et de la clinique médicales une méthode qui était alors entièrement nouvelle.

 

En peu d'années, elle est devenue la méthode universelle des études médicales d'ordre scientifique, et cette généralisation rapide a pu en faire oublier le promoteur et les premières applications.

 

Deux principes constituent cette méthode.

Le principe fondamental est celui de l'analyse physiologique et pathogénique appliquée à l'interprétation des phénomènes morbides.

 

Il n'est pas un seul acte organique normal qui résulte d'une condition unique et indivisible ; tous ces actes qui peuvent sembler d'abord les effets directs et immédiats d'une seule cause, sont en réalité l'expression ultime d'une série d'opérations distinctes, mais étroitement unies par une immuable subordination.

 

Qu'il me soit permis d'en citer un exemple. Soit le fait si simple en apparence de l'ampliation thoracique inspiratoire : que de conditions complexes doivent être successivement réalisées pour l'accomplissement de ce mouvement final !

 

Un certain état du sang, résultant déjà lui-même de causes multiples, doit mettre en jeu l'automatisme du centre respirateur dans le bulbe; ce centre doit être en état de répondre à l'excitation qu'il subit ; il faut que les nerfs moteurs, agents de transmission de l'incitation bulbaire, puissent conduire aux muscles l'impulsion motrice ; il faut que ces muscles, instruments d'exécution, possèdent intacte la propriété de contractilité qui leur permet de répondre à l'excitation transmise ; enfin, tout cela étant supposé parfait, il faut encore qu'aucun obstacle extra- ou intra-thoracique ne puisse entraver l'accomplissement du mouvement régulièrement préparé ; alors seulement l'ampliation thoracique apparaît avec ses qualités normales.

 

Inutile d'insister; il n'est pas un acte physiologique qui ne soit susceptible d'une semblable dissociation.

 

Les progrès surprenants de la physiologie sont précisément dus à la rigueur absolue de son analyse, et à la distinction constante des conditions multiples d'où dépend l'accomplissement régulier des actes fonctionnels normaux.

 

Or les phénomènes morbides ne sont que des troubles de fondions ; ils expriment le mode fonctionnel de l'organisme en l'état de maladie, comme les actes normaux en représentent le mode fonctionnel en l'état de santé.

 

Il résulte de là que chaque acte physiologique a son acte pathologique correspondant, et par suite l'obligation de la dissociation analytique n'est pas moins impérieuse pour le second que pour le premier.

 

La raison de celte obligation est évidente.

Si l'acte normal n'exigeait pour son accomplissement qu'une seule opération, il est clair que le phénomène pathologique ou symptôme qui en exprime la perturbation, aurait toujours, lui aussi, la même signification, il dénoterait constamment la perversion d'une seule et même condition physiologique.

 

Mais, puisqu'il n'en est pas ainsi, puisque l'acte normal est subordonné à l'exécution régulière et successive de plusieurs opérations, il y a nécessairement autant de formes du symptôme que d'opérations distinctes ; car chacun de ces processus intermédiaires peut être troublé isolément, et donner lieu, pour son compte, au désordre pathologique de la fonction.

 

Cela étant, pour arriver à l'interprétation exacte et complète d'un phénomène morbide, il n'y a pas d'autre voie que celle-ci :

1° connaître toutes les origines ou conditions pathogéniques possibles du phénomène ; — 2° déterminer les caractères différentiels qu'il présente, selon les conditions diverses qui lui donnent naissance, afin de pouvoir déduire de ces caractères l'origine même du symptôme.

 

Pour remplir la première partie de ce programme, nous n'avons d'autre guide que l'analyse physiologique et pathologique, laquelle exige le concours de toutes les sciences dont la médecine est tributaire; pour satisfaire à la seconde condition, nous avons l'observation même des actes morbides, et la pathologie expérimentale, qui complète en bien des cas les données de l'observation. — La simple constatation d'un phénomène morbide n'est donc point suffisante, il faut son origine et sa condition instrumentale ; pour atteindre ce but, indispensable condition d'une pathologie scientifique, il n'y a d'autre voie que l'analyse physiologique qui dit le pourquoi, et l'analyse pathogénique qui révèle le comment. Le pourquoi et le comment des choses, tout est là.

 

La même méthode analytique doit être appliquée à l'étude des rapports qui unissent les symptômes ou les groupes de symptômes les uns aux autres.

 

Si les phénomènes morbides se développent dans un ordre régulier qui constitue la marche de la maladie, ce n'est point par suite de quelque chronologie, fatalement préétablie, c'est en raison des lois d'une subordination saisissable ; lorsqu'un symptôme ou un groupe de symptômes apparaît secondairement, c'est qu'il est la conséquence physiologiquement nécessaire de celui qui l'a précédé.

 

De même donc que l'anatomie pathologique a ses lésions à distance, effets secondaires de l'altération de l'organe qui est le siège primitif du mal, de même la symptomatologie a ses phénomènes de seconde et de troisième étape, qui ne sont point la conséquence directe de la cause de la maladie ou de la lésion initiale, mais qui sont le produit des désordres les premiers en date.

 

Que l'on méconnaisse ce principe, et la symptomatologie des maladies ne peut aller au delà d'une simple énumération chronologique ; seule, la méthode de l'analyse et delà dissociation pathogéniques peut assigner aux faits la place que comporte leur importance relative ; seule, elle peut grouper les symptômes suivant leur subordination réciproque ; seule, elle peut donner la raison de leur développement et de leur date, et substituer ainsi à la chronologie muette de tantôt, une filiation rationnelle, dont les termes, hiérarchiquement classés, sont logiquement déduits les uns des autres.

 

Le second principe de la méthode peut sembler tout d'abord sans lien avec le précédent ; pourtant il en est le complément indispensable, à ce point que, s'il fait défaut, la méthode, demeurant incomplète, reste stérile et peut conduire à l'erreur.

 

Ce principe est celui de l'extension des études au delà du cercle restreint de la nationalité.

 

Les recherches et les progrès ne sont point l'apanage exclusif d'une seule nation, elle n'est jamais qu'un élément dans le concours général, et, quelque important que soit cet élément, son unité ne peut valoir contre la pluralité, au point que l'on puisse négliger sans péril les travaux de provenance étrangère.

 

En réalité, c'est se désarmer, c'est s'amoindrir soi-même, que de limiter ses vues à son entourage immédiat, et de négliger les documents d'origine plus lointaine.

 

La connaissance et le progrès des choses de la médecine exigent une condition tout opposée; il faut que le médecin étende aussi loin que possible le domaine de ses études, il faut qu'il utilise les travaux de tous les pays.

 

C'est sans doute, la déchéance de la langue latine, comme langue médicale universelle, qui a amené et maintenu pendant nombre d'années l'abandon de ce principe salutaire, en en rendant l'application plus difficile ; ce qui est certain, c'est qu'il était complètement méconnu, lorsque dans mes premiers travaux (1860) j'en ai démontré la nécessité par le précepte et par l'exemple.

 

Que l'on compare, au point de vue de l'utilisation des documents étrangers, la littérature médicale française antérieure à cette période, avec les productions de l'époque suivante, et l'on sera bientôt fixé sur l'importance de cette réforme, et sur la date qu'il convient de lui assigner.

 

En résumé, adaptation étroite de l'analyse physiologique et pathogénique à l'interprétation des phénomènes morbides ; — appel aux travaux de toute provenance, tels sont les principes de la méthode dont je ne me suis jamais départi.

 

Je l'ai appliquée d'abord à l'étude de la séméiologie et de quelques sujets de pathologie ; un peu plus tard, en 1866, je l'ai étendue à la clinique; enfin, en 1870, je l'ai appliquée à l'ensemble de la pathologie dans un Traité didactique.

 

L'accueil fait par le public médical à cet ouvrage, dont la septième édition a paru en 1882, témoigne clairement de la supériorité de la méthode.




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