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de
"Permanence et actualité de
la Systématique", "La volonté d'être Entomologiste...",
"Les révolutions de la Communication en Histoire naturelle" ... Le
souci d'efficacité et de modernité dont témoignent ces titres d'essais
récents s'applique à la fois aux disciplines considérées et à 1’établissement ou je
les pratique.
Depuis quelques années, en
effet, le Muséum se trouve entraîné dans l'une de "ces tempêtes qui soufflent
parfois sur nos institutions" et qui, selon la formule toujours
valable d'Alfred LACROIX (Les Cinq de JUSSIEU, 1936), n'ont que "peu de
rapport avec les progrès de la Science".
Au mépris des turbulences, ou
pour les exorciser, transparaîtra ainsi, dans les pages ci-après,
"une certaine idée" de l'Histoire naturelle et du Muséum.
Ni pour la discipline, ni pour
les institutions, cette idée ne sera exclusive car je mesure combien l'Histoire
naturelle dépend du savoir en général, et je reconnais mes dettes envers
l'Ecole pratique des Hautes Études de mes débuts, l'Université où j'ai pris mes
grades et le CNRS des années 1950, filiale des enseignements supérieurs.
Ce n'est pas de dettes
toutefois dont je veux parler, mais d'une adhésion à l'image d'exigence et
d'éminence qu'avec l'Institut - garant organique des libertés savantes - nos
Grands Etablissements donnent toujours d'eux-mêmes a qui sait prendre le
recul nécessaire.
Cette adhésion se comprendra
mieux si l'on observe qu'elle fut acquise aux jours sombres de
l'Occupation, durant lesquels ces institutions exercèrent, sans faillir, leurs
responsabilités pour l’avenir.
C'est en 1943, en effet,
qu'étant entré, pour la première fois, à la Bibliothèque Centrale du
Muséum, ou je consultais "Les Fossiles" de BOULE & PIVETEAU (1935), je
reçus, d'Alfred LACROIX en personne, les premiers mots d'encouragement venus de
cet établissement.
Retrouvés l'an passé - au fort
de la tempête - les autres mots de confiance empruntés plus haut à ce
Maître n'en ont que plus de résonance. Ils nouent, l'espace d'une page, les
fils réels d'une histoire toute personnelle qui sera réécrite plus loin selon la rigueur
anonyme d'un cours ou d'un programme qu'impose une notice de Titres et Travaux.
L'histoire vraie est celle d'un
enfant du quartier à qui l'on avait inculqué pour pratique dominicale la promenade au
Jardin des Plantes et qui en vint à vouer une sorte de culte aux sortilèges des
lieux.
Qui étaient les hommes dont les
noms me devinrent familiers dès que je pus les déchiffrer sur les plaques des
rues, les façades des bâtiments ou les socles des statues et que mes parents
me présentaient comme des "savants" ?
Que voulaient dire les mots de
minéralogie, paléontologie, géologie ?
Dans la galerie de
zoologie - dont j'ai retrouvé avec émotion et respect l'odeur conventuelle
d'encaustique en l'église Saint Joseph de Varsovie en 1978 - que signifiaient
toutes ces étiquettes d'animaux, bocaux, et squelettes ?
Comment posséder les livres
merveilleux et les appareils extraordinaires présentés à la devanture de Vaast ?
Ces interrogations ont un sens
profond. Si la personne résulte d'une histoire, cette histoire est suffisamment complexe
et effacée, ou oubliée, pour prendre l'apparence d'un mystère.
La recherche de son secret individuel peut
commencer un jour, pour chacun, par quelque madeleine de PROUST. Dois-je
chercher à me comprendre par l'acuité du souvenir de l'achat, en
décembre 1941, au Pavillon Roland Bonaparte, d'un premier volume de la
Faune de France de Rémy PERRIER, le tome III choisi pour un mot rare de sa
page 23 : "Aptérygogènes" ?
Ce pas entomologique se préparait
certes depuis deux ou trois ans, mais je le crois décisif car, entre des mains
de 14 ans, un ouvrage aussi sérieux - ne donnait-il pas les étymologies en
caractères grecs ? - indique nécessairement une métamorphose. Peut-être le
passage de l'inclination à la méthode.
J'ai récidivé depuis avec les
centaines de livres bien plus ardus qu'appellent les Insectes ou
l'Entomologie, les matériaux du savoir ou celui-ci mène en tant qu'objet de
recherche. J'ai mené une vie studieuse, variablement semée de résultats,
entreprises, partages et projets.
Je crois pouvoir
aborder, sinon résoudre, quelques problèmes d'Insectes, de lecture, de technique et
de méthode.
Tout ceci s'explique autant par
les circonstances qui l'ont permis que par le "feu sacré" (cette
irremplaçable formule de pédagogie, chère aux naturalistes
"réguliers" du 19e siècle, me fut, si j'ai bonne mémoire, transmise en
1945 par Jacques CARAYON, mon initiateur au métier d'entomologiste).
C'est du moins ce que j'ai fini
par conclure, pour le moment, des affaires séculières dont j'ai eu à connaître,
de l'histoire de mes devanciers et de la variété des "savants"
rencontrés dans vingt pays de quatre continents. Ici s'arrêtera donc mon histoire ou, si
l'on préfère une formule moins assurée, mon mystère.
Ce qui a suivi est dûment
analysé ci-après à l'aide d'un vocabulaire aussi soigneusement que possible dépouillé de
mystère.
Le mot entomologie sera
omniprésent, puisqu'au nom des Insectes parasites entomophages, j'ai toujours
été entomologiste.
Il demeure que j'ai fait mes
débuts, au CNRS, dans le laboratoire d'Helminthologie et Parasitologie
comparée de l'École pratique des Hautes Études, dirige par mon maître R.
Ph. DOLLFUS.
J'ai de même poursuivi ma
carrière au Muséum comme Sous-Directeur au laboratoire de Zoologie (Vers), dirigé
par A.G. CHABAUD, successeur de DOLLFUS aux Hautes Études.
Ces labels sont précieux, car la
parasitologie, que j'ai servie de mon mieux (bibliothèque du laboratoire ;
fondation de la Société française de Parasitologie ; thèses ; Station de
Richelieu première manière ...) m'a aussi beaucoup apporte.
Etant donné que la moitié
peut-être des espèces vivantes pratiquent le parasitisme, cette science est
foncièrement interdisciplinaire. On y apprend que les hôtes, qui
appartiennent à tous les phyla, et pas seulement aux Vertébrés, ont autant
d'importance, dans les couples hôte/parasite, que les parasites eux-mêmes.
On y rencontre, pour leur plus
grand profit mutuel, des Protozoologistes, des Mycologistes, des
Hetminthologistes et des Entomologistes.
C'est sans doute pourquoi, en
établissant, en 1981, à l'occasion d'une redistribution de locaux, mes pénates en
Entomologie - ce que j'aurais éventuellement pu envisager plus tôt - je ne
changeais pas de métier mais j'emportais avec moi un sérieux capital d'échanges intellectuels.
Le mot taxinomie (De
Candolle 1813, emend. Littré) - préférable à systématique - reviendra lui aussi en
permanence, alors qu'à strictement parler la taxinomie est moins une
science qu'une méthode.
En réalité, il n'y a pas de
science en progrès sans rapports réciproques des méthodes aux objets. Si l'on
distingue aujourd'hui une "biologie évolutive" et une "taxinomie",
ce ne peut être que par commodité, selon le point de départ dominant.
L'on ne voit guère
d"'evolutionary biology" sans présupposés taxinomiques (à
commencer par celui de l'espèce) ni de taxinomie sans références
biologiques (que ce soit la ressemblance, l'adaptation, l'affinité, la
généalogie...).
Une distinction qui se voudrait
fondamentale serait stérile ; pour le naturaliste de bonne foi, la biologie
et la
taxinomie
ne sont que deux regards qui convergent sur une seule réalité.
Le mot pratique, employé
substantivement, comme dans la dispute entre Théoricque et Practique de
PALISSY, signifiera une action informée en permanence de la valeur de ses outils
par l'exercice concret d'un métier. Sans chercher s'il s'agit vraiment - la
pédanterie en moins - de la "praxis" des philosophes, j'entends bien prendre
au mot les coureurs de "workshops".
Dans les ateliers vrais, sur les
chantiers et dans les champs, chacun sait que n'importe quel outil, si
"powerful" qu'on le dise, ne convient pas à n'importe quelle tâche.
Une bêche ne permet pas de
souder un rivet. Chaque matériau, selon ce que l'on veut en faire, exige
son outil propre. Chaque outil et chaque tâche ont leurs noms. Ces
réflexions ne sont pas triviales et j'y reviendrai à propos de 1'adéquation des
méthodes aux objets et aux buts de la taxinomie dans les conditions
opératoires concrètes (autres mots indispensables).
Le mot objet, appliqué
aux organismes vivants, sera toujours utilisé dans le sens fort de
1'"existant" des philosophes, ce qui existe par soi-même
indépendamment de l'observateur. Il importe donc peu que l'observateur
puisse véritablement saisir l'objet (individu, lignée courte expérimentale),
le confiner, intervenir sur lui et le suivre ou seulement le reconnaître
(lignée monophylétique).
"Objectif" sera
toujours pris adjectivement dans l'acception forte de ce qui a rapport aux
objets, et non pas substantivement comme synonyme de but. Les objets sont
caractérises par des attributs intrinsèques et des relations extrinsèques,
distinction fort importante en taxinomie.
Le mot histoire désignera
le plus souvent, comme plus haut, une succession unique d'événements
déterminés et assez rarement la discipline du même nom. Je parlerai peu
d'"Histoire des Sciences", car il faut appeler chaque chose
par son nom : biographie, édition de textes, chronologie, sociologie...
et enfin épistémologie, ou science de la science, laquelle s'attache plus
aux constats explicatifs largement informés qu'aux imageries narratives trop
souvent déformées.
Le mot évolution sera
généralement remplacé par les notions objectives qui en expriment les
processus : descendance et développement, ou les résultats : généalogie
(préférable à "phylogénie") et modification.
Mes raisons sont ici évidentes :
l'évolution n'est ni une théorie, ni un concept; elle est simplement une histoire,
celle des vivants, que scande la reproduction des individus.
En l'absence de génération
spontanée escompte tenu de l'apparition de certains êtres à un certain moment,
cette histoire est nécessairement un constat de "descent with
modification" (DARWIN).
Le mot écologie,
passablement galvaudé, était inévitable sous la plume d'un pratiquant assidu du
terrain. Le contexte lui donnera, selon les cas, une signification restreinte aux
rapports organisme/milieu (la "mésologie" de BERTILLON) ou une acception
large, quelque peu synonyme d'Histoire naturelle du vivant.
Divers mots, comme technique,
moniteur, spécialiste, s'entendent assez relativement à d'autres,
tels que méthode, précepteur, connaisseur, pour n'exiger
aucune explication.
L'on verra, ci-après, les
circonstances dans lesquelles je me prétends spécialiste ou connaisseur et
celles qui appellent des recettes ou des préceptes.
Quant à distinguer les
techniques des méthodes, il suffit de rappeler qu'utiliser, et défendre,
lorsqu'il y a lieu, les techniques les plus modernes, en bibliographie par
exemple, n'interdit pas de s'interroger sur leurs raisons d'être.
Selon le mot de F. de SAUSSURE, en
effet, il faut parfois montrer au chercheur "ce qu'il fait" (1894, cité par
E. BENVENISTE, Problèmes de linguistique générale, 1966 p. 37).
On peut toutefois ajouter que
l'outil universel le plus performant, le plus coûteux aussi, le cerveau
humain, mérite au moins autant de considération et de soins que les
appareils qui en constituent, somme toute, un simple prolongement.
Il est certain que cette notice
comportera d'inévitables méprises. Elle ne témoignera pour autant d'aucun
mépris. Les réticences mutuelles entre naturalistes, chercheurs en
sciences humaines, physico-chimistes, philosophes, mathématiciens, etc...,
celles aussi entre fondamentalistes et praticiens ou entre chercheurs et
enseignants, illustrent simplement la constatation classique que "l'on
traite volontiers d'inutile ce qu'on ne sait point" (FONTENELLE, Hist.
Acad. Sc., 1699, Préface).
Mon information entomologique
et parasitologique doit trop aux travaux agricoles et médicaux, mes
recherches de méthodologie m'ont trop souvent conduit aux confins de
l'ethnologie, de la biologie moléculaire, de la logique, voire de la critique
littéraire, pour que je puisse faire miennes de telles réticences.
Je m'efforcerai, au contraire,
de dire tout ce que l'Histoire naturelle peut et doit prêter ou emprunter.
On reprochera sans doute à ce
débat sur l'Histoire naturelle de masquer quelque peu l'histoire du
naturaliste. Je viens, par exemple, de parler de l'Ethnologie et des Lettres,
mais je ne dirai rien de mon engouement des années 1940 pour le Musée de l'Homme et les
conférences des "explorateurs" (GESSAIN, GRIAULE...), ni de mes
excellents professeurs de français et de langues (H. CLOUARD, L. POMPIDOU, L.
GSPANN), ni de mon admiration toujours en progrès pour les Maîtres de la pensée.
J'ose de même évoquer
l'Enseignement et la Médecine, mais je ne rappellerai ni les excursions que
j'ai dirigées à l'usage des "fontenaysiennes", ni les leçons de taxinomie
que j'ai données, des années durant, aux médecins du Certificat de
Parasitologie.
Peut-être ai-je pensé, en
accordant le pas aux écrits scientifiques sur les confidences, que le concret
du travail suffirait à dissiper le secret de l'homme.
Peut-être aussi n'ai-je fait qu'introduire
dans cette étude un choix de questions propres a servir les progrès de mes
enseignements et travaux futurs.
Il sera clair, en tous cas, que, dans
1'impossibilité de tout raconter à mon sujet, j'ai simplement poursuivi une
recherche des sources objectives, des méthodes implicites et des
perspectives de l'activité d'un naturaliste parmi d'autres.
Mon exposé sera ordonné en trois
chapitres qui correspondent aux fonctions séculaires du Jardin des Plantes : la recherche,
la conservation du savoir et des objets, l'enseignement.
Je réserve le mot
"recherche" au titre du Chapitre I, car l'on ne peut manier, pour un
enseignement, la mémoire d'une science sans avoir pratiqué, par soi-même, dans
celle-ci, des travaux originaux suivis.
Les autres chapitres, cependant,
n'en parleront pas moins de recherche.
Trois pages, intitulées
"Résumé et Prospective", qui étendent au laboratoire
d'Entomologie du Muséum la somme des conclusions particulières aux paragraphes
de ces trois chapitres, tiendront lieu de Conclusions générales.
Il a paru, en effet, que les
conclusions véritables d'une Notice de Titres et Travaux constituent un
jugement qu'il n'appartient pas à l'auteur de formuler. Elles relèvent en
fait de ses lecteurs d'aujourd'hui aidés, s'ils le désirent, de ceux
d'hier.
Ceci autorise un Appendice ou l'on trouvera
quelques références et témoignages. Encore ai-je lié ces éléments
d'appréciation au problème de l'évaluation des publications scientifiques,
espérant, la comme ailleurs, élever le débat du particulier au général.
RÉSUME ET
PROSPECTIVE.
La présente étude expose comment
l'un des fidèles du Muséum s'y est formé aux questions permanentes et ouvert aux
problèmes actuels qui animent l'action de l'établissement qu'il entend honorer.
L'auteur part de recherches
entomologiques originales, appuyées sur "l'Histoire naturelle dans
toute son étendue", pour montrer en quoi consistent fondamentalement la
taxinomie (= systématique) et ses supports opératoires.
Parmi ceux-ci, les média de la
communication scientifique et les témoins objectifs du savoir (collections) doivent être
constamment réévalués dans leurs présupposés et conséquences.
Par suite, le souci dominant de
cette Notice est celui de la transmission, aux futurs naturalistes de métier,
entomologistes et autres, de la capacité d'approfondir et d'enrichir
leurs méthodes.
Les domaines considérés sont
aujourd'hui éclairés par des percées conceptuelles majeures, comme la
taxinomie hennigienne (qu'on ne saurait se contenter de saluer, en passant, du nom
de "cladistique") ou les vues de la linguistique moderne. Ces
avancées rejoignent des problèmes d'une grande actualité, tels que la biologie
du développement, car les gènes homéotiques dérangent nos idées sur l'homologie, ou
1’"intelligence artificielle", car la théorie des arbres n'est pas très
éloignée de la phylogenie.
S'il est nécessaire qu'un Grand
Etablissement prenne en compte des questions de ce genre pour éclairer
celles qu'il se pose en propre, il ne saurait cependant s'abstraire ni de son
environnement concret, ni de ses tâches immédiates.
Ceci peut parfois renverser
l'ordre des préoccupations. Celles de l'auteur ont été résumées à la fin de chacun des
paragraphes A à D des chapitres consacrés à ses apports didactiques (Chap. III),
à son
expérience
de la conservation des données et des objets (II) et à ses recherches
originales (I).
Elles montrent qu'en raison de
l'immensité et de la diversité du Monde des Insectes (les trois-quarts des espèces
vivantes inventoriées, mais nullement "connues") un grand
laboratoire d'Entomologie ne sera jamais à cours d'ambitions légitimes.
Aucune de celles-ci ne doit
toutefois méconnaître ce qui vit dans ce laboratoire, comme conséquence de
son exceptionnel patrimoine de collections et de documentation et du rare capital de
savoir-faire de ses travailleurs de tous statuts, honoraires et amateurs
compris.
Notre devoir est de transmettre
tout cela, intact, d'abord, et enrichi, au maximum. Il s'agit donc d'une oeuvre
collective pour nos successeurs, d'où le "nous" et le futur qui se
substituent ci-après au "je" et au présent.
En matière d'enseignement,
la future création d'une Galerie de l'Évolution exigera de nous des efforts
nouveaux, mais nous n'oublierons pas que notre exposition permanente, le
Vivarium et l'Harmas méritent une réflexion nouvelle sur leur rôle
pédagogique.
Nous devrons être attentifs à des publics
divers, y compris celui des associations d'entomologistes et de naturalistes,
celui des étudiants qui doivent conserver le droit à l'Entomologie
et celui - peut-être un peu différent - des entomologistes du futur.
A ces derniers devront
s'adresser plus directement certaines de nos publications, certaines de nos
entreprises de terrain et des présentations ouvertement taxinomiques relevant d'un
"secteur sauvegardé" de la Galerie de l'Évolution.
En matière de conservation,
si l'informatisation des collections, à commencer par les types, et de la documentation,
doit retenir toute notre attention, elle ne nous détournera pas d'enrichir notre
patrimoine.
Nous veillerons à
susciter des missions productives pour nos collections comme pour nos
recherches, à encourager tous les dons, à ne laisser échapper aucune
acquisition significative. Ceci vaut pour les objets et pour la documentation.
En ce dernier domaine, nous maintiendrons d'autant mieux notre position
nationale et internationale que nous continuerons à publier nos périodiques
français d'Entomologie, à être présent à la Commission internationale
de Nomenclature, à nous faire entendre dans les réunions scientifiques
et à accueillir de nombreux collègues étrangers.
Afin de diversifier notre
patrimoine, nous pratiquerons les collections classiques d'images, les
collections de larves, les collections biologiques (p. ex. les Gryllides de
Melle G. COUSIN).
Nous chercherons à combler nos
lacunes quant à la faune de France (la publication du recueil de ce nom à depuis
toujours notre appui total), quant aux faunes des marges paléarctiques
et aux faunes endémiques ou menacées du Globe, nous attachant beaucoup aux
taxa "mineurs" et hyperplésiomorphes ("fossiles vivants").
En matière de recherche, la
taxinomie "traditionnelle" et les identifications conserveront notre
faveur parce qu'elles engendrent l'ordre (taxis !) dans nos collections,
demeurent scientifiquement productives et ne sont prises en compte à part entière
qu'au Muséum. Nous entretiendrons donc dans un esprit de loyale
réciprocité notre étroite collaboration avec les organismes qui font appel à nous à
ce sujet.
Une action spécifique de
recherche est en cours au laboratoire d'Entomologie sous le titre de
"Construction d'un Précis des Méthodologies taxinomiques" ; elle est
aidée par la RCP Systématique du CNRS et menée vigoureusement pour servir
d'incitation a d'autres.
Quant à notre association avec
le CNRS, dont le développement importe autant a l'Entomologie qu'aux Entomologistes, au
Muséum qu'aux autres établissements de recherche, nous saurons renforcer la
cohésion de nos actions.
Les programmes définis en
Biologie évolutive (spéciations, polymorphisme, systèmes
infraspécifiques). Ecologie (écosystemes tropicaux) et Phylogénie
seront considérés comme solidaires en vertu de deux principes méthodologiques
: 1) les résultats de l'évolution éclairent les modèles de processus, et
réciproquement ; 2) la taxinomie intensionnelle des attributs et relations
éclaire la taxinomie extensionnelle des objets et des lignées, et
réciproquement.
Selon l'enseignement de HENNIG,
nous saurons donc renouveler l'exploration des caractères morpho-anatomiques,
structuraux et biochimiques, y compris dans leur développement.
Nous renouvellerons de même nos
"modèles", afin que nos recherches reflètent la diversité même des objets dont
l'exploration nous est confiée.
Nous essayerons, en outre, de compléter ces
programmes par l'introduction de recherches que certains d'entre nous
pratiquent déjà avec succès, l'entomoparasitologie, par exemple.
En toutes circonstances, les
travaux sur le terrain et sur le vivant viendront à l'appui de notre
compréhension des matériaux de collection et les techniques modernes d'investigation et
de traitement seront appliquées selon les exigences d'une adéquation mutuelle,
rigoureusement pensée, des objets, des buts à atteindre et des méthodes.
Tout ceci implique certes des
moyens à une époque ou les illusions ne sont pas de mise, mais moins il y a
d'illusions à se faire, plus la volonté s'impose.
Au reste, qui prétendrait
illusoire l'affirmation des maîtres-mots de cette Notice : didactique préceptrice,
conservation dynamique, recherche ouverte ?
Ils constituent un programme
dont notre établissement, dès l'An III, a démontré, avec éclat, la
fécondité, et ils résument, par conséquent, selon la formule même qui ouvre cette
Notice, la "permanence et actualité" du Muséum.
Mots clefs :
biologie, chercheur, collection, conservation, développement,
écologie, écosystème, enseignement, entomologie, entomologiste, ethnologie, évolution, galerie,
histoire, insectes, laboratoire, méthode, muséum, naturaliste, parasite, parasitologie,
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zoologie, dupuis
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