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Notice sur les titres, services
et travaux
de
A ma sortie de l'Ecole de Physique et de Chimie, en 1920,
je fus admis à travailler, à titre militaire, au Conservatoire National des
Arts et Métiers, dans le laboratoire d'un Maître éminent, André JOB, dont je
devins le collaborateur particulier.
En 1925, je fus nommé préparateur de la chaire de chimie
générale. En 1926, le professeur JOB décida la création de travaux pratiques
qu'il me confia le soin d'organiser et de diriger.
En 1929 fut officiellement créé le poste de Chef des
Travaux pratiques de Chimie. M. le Professeur DUBRISAY, qui succédait au Maître
disparu, voulut bien me désigner.
Le succès toujours croissant des Travaux pratiques nous
fit alors décider l'adjonction d'une deuxième année.
L'enseignement pratique, qu'il m'avait été donné de
fonder et de développer, comprenait des conférences et des manipulations
étroitement solidaires, à raison d'une séance par semaine d'octobre à juin.
J'avais pensé que, pour initier des débutants à la
discipline chimique, comme aussi pour les mettre en mesure de rendre à
l'industrie des services immédiats, rien ne saurait mieux convenir que
l'enseignement et la pratique de l'analyse chimique, dont la valeur éducative
est profonde si le professeur a le souci de faire saisir la portée générale des
faits au delà de leur intérêt strictement analytique.
Dans les conférences j'exposais les caractères
analytiques des principaux métaux et acides, les principes et la technique de
l'analyse quantitative, les grandes lignes de l'analyse organique, enfin,
insistant sur la nécessité pour le chimiste de faire appel aux méthodes
physiques, je donnais un aperçu sur les procédés de détermination des
constantes physiques les plus fondamentales.
Les manipulations de première année étaient consacrées à
l'analyse qualitative minérale, à quelques dosages simples, volumétriques et
colorimétriques, à des préparations, minérales et organiques, destinées surtout
à montrer l'utilité d'opérations essentielles comme la cristallisation et la
distillation et l'importance de la notion de rendement, enfin à des exercices
de physique, mesures de densités, déterminations de points de fusion et
d'ébullition, spectroscopie.
En deuxième année les élèves exécutaient des analyses
quantitatives des plus diverses, gravimétriques, volumétriques,
électrolytiques, s'initiaient aux principes de l'analyse organique, procédaient
à quelques dosages industriels, alliages, matières grasses, sucres, et à de
nouvelles mesures physico-chimiques. Bref, je m'étais attaché toujours non pas
tant à accumuler dans l'esprit des élèves un grand nombre de faits
qu'à leur faire connaître des méthodes et des techniques
les plus variées.
J'ai été nommé en 1935 professeur de Chimie analytique à
l'Ecole de Physique et de Chimie et n'ai pas méconnu la portée d'un tel cours.
Sans doute la Chimie analytique ne constitue-t-elle pas à
proprement parler une discipline scientifique, mais elle nécessite
l'application raisonnée d'un ensemble de connaissances de toutes natures.
Je m'étais en conséquence attaché à reprendre l'exposé de
ces connaissances sous l'aspect nouveau de leurs applications à l'analyse, dans
le but de bien faire comprendre le pourquoi des procédés analytiques.
Je réservais donc une part très large à ce qu'il est
convenu d'appeler les généralités, insistant tout spécialement sur l'intérêt
des notions de pH et de potentiel d'oxydoréduction, sur les complexes, sur les
modalités du phénomène de précipitation, sur l'importance des méthodes
physiques ou physicochimiques d'analyse.
Pour ne pas faire un cours uniquement descriptif,
j'évitais cependant l'écueil d'un cours purement théorique, avec le souci
constant de ne jamais perdre le contact ni avec les principes ni avec les
applications. Je m'efforçais d'éviter la monotonie des monographies ; par
exemple, je groupais les propriétés et les réactions communes aux métaux appartenant
à un même groupe, insistant sur les analogies afin de mieux mettre ensuite en
valeur les différences.
Je me disposais à faire éditer cet enseignement, mais je
fus privé en 1940 des droits de professer et de publier.
A la Libération, je dus renoncer, mon cours s'étant
trouvé dépouillé par une autre publication de ce qui constituait à mes yeux son
originalité. Le Conseil d'administration de l'Ecole de Physique et de Chimie,
sur la proposition de son Directeur Paul LANGEVIN, décida alors de créer un
cours de Chimie physique et de me le confier.
C'est en chimiste et en vue de la résolution des
problèmes chimiques que j'ai conçu ce nouvel enseignement, assignant pour but à
la Chimie physique de rattacher les propriétés des composés et des systèmes chimiques
à l'ensemble même des propriétés de la matière, c'est-à-dire, en dernier
ressort, à des considérations de structure.
Le domaine de la Chimie physique est si vaste que j'ai
cru devoir me borner au traitement approfondi de quelques problèmes des plus
fondamentaux.
Un premier problème est celui du calcul a priori, au
moyen des données entropiques, des équilibres chimiques en phase gazeuse, qui
constitue sans conteste le plus grand succès de la thermodynamique.
Un second problème concerne les réactions chimiques en
solutions, plus particulièrement les réactions ioniques, dont l'étude est
susceptible de fournir des données fondamentales sur l'énergétique des
réactions, grâce à la détermination des forces électromotrices.
Je réserve ensuite une place importante à l'étude des
phénomènes de surface et de l'adsorption dont les applications intéressent de
nombreux domaines de la chimie, des composés tensioactifs aux colloïdes, et
plus spécialement la catalyse hétérogène.
Puis je traite de la cinétique, qu'il s'agisse des
réactions thermiques usuelles, des réactions électrochimiques ou des réactions
photochimiques, insistant sur la notion d'ordre de réaction et sur les
réactions en chaîne qui jouent un rôle si important dans les phénomènes
d'oxydation et de combustion et aussi de polymérisation et de.
polycondensation.
Je finis par les questions touchant à la structure des
molécules et aux liaisons chimiques ; après avoir situé les problèmes sur le
plan théorique, je montre quels renseignements sont susceptibles de fournir les
données spectrales, magnétiques, électriques.
Ce cours de Chimie physique est en voie d'édition.
APERÇU GÉNÉRAL SUR LES TRAVAUX
SCIENTIFIQUES
Mon œuvre scientifique fut marquée dès ses débuts par
l'empreinte d'André JOB, Professeur de Chimie générale au Conservatoire
National des Arts et Métiers, puis à la Sorbonne. Je lui dois ma formation de
chercheur et mon goût pour l'étude profonde du mécanisme des phénomènes
chimiques. J'ai débuté avec André JOB par des recherches photochimiques et la
photochimie demeura, somme toute, jusqu'en 1939, le centre de mon activité
scientifique, sans que j'aie pu encourir le reproche d'une trop grande
spécialisation, car, d'une part, j'avais été conduit à découvrir des types de
réaction et des produits nouveaux, et, d'autre part, j'avais tenté de tirer de
la photochimie des enseignements profitables à la chimie tout entière.
Avant de donner de mes travaux un compte rendu
analytique, je voudrais en dégager les idées directrices.
D'abord, je me suis efforcé de montrer l'apport de la
photochimie au problème de la structure des molécules. Ce problème a pour but,
non de saisir une insaisissable nature des choses, mais de coordonner, par
l'intermédiaire de relations atomiques, l'ensemble des propriétés des corps et
de leurs molécules.
A la base sont les formules de constitution familières au
chimiste et auxquelles la chimie organique doit en partie son remarquable
essor. Cependant les formules usuelles se révèlent parfois insuffisantes ; trop
rigides, elles présentent l'inconvénient de ne pas mettre en évidence dans leur
totalité les interactions des atomes constitutifs.
Dans l'oeuvre de révision qui paraissait s'imposer, le
rôle de la photochimie me semblait devoir être important.
Dans les réactions ordinaires, la nature du réactif mis
en présence détermine dans une certaine mesure la façon de se comporter de la
substance qu'on étudie et il est utile par suite de connaître l'attitude
chimique des substances en l'absence de tout autre corps.
L'étude de l'action de la lumière présente ainsi un
intérêt primordial, en particulier en chimie organique.
Mais, pour pouvoir tirer des enseignements d'ordre
général sur des structures, il importe de ne pas s'adresser seulement à
quelques corps particuliers ; il faut étudier de façon systématique l'action
chimique de la lumière sur toute une série de corps à mêmes fonctions.
Il importe aussi de pouvoir dresser des bilans complets
des transformations, tache difficile, car on ne peut le plus souvent décomposer
par la lumière que de petites quantités.
J'ai choisi, pour une telle étude systématique, les
composés organiques iodés parce que leur décomposition par la lumière est
relativement simple avec les moyens ordinaires du laboratoire.
L’étude de la décomposition photochimique des iodures
d'alcoyle m'a permis de révéler la présence dans leurs molécules d'un atome
d'hydrogène singulier, solidaire de l'atome d’iode et relié au même atome de
carbone que lui quand c est possible.
Dans le cas de l'iodure de butyle tertiaire, où il n’en
peut être ainsi, la lumière provoque une dislocation de la molécule, quelque
peu imprévue. Ainsi la solidarité entre l'atome d’hydrogène singulier et
l'atome d'iode a une répercussion importante sur la solidité des liaisons entre
les autres atomes de la molécule.
J'ai étendu ce résultat à l'iodure de vinyle où se
retrouve un atome d'hydrogène lié au même atome de carbone que l'atome d'iode.
Dans les dérivés diiodés, j'ai reconnu qu il existait a
la fois des solidarités entre les atomes d'iode et entre atomes d'iode et
d'hydrogène. La première se révèle prépondérante lors, de l'action de la
lumière, pour les iodures d’éthylène et d'acétylène, dont les atomes d'iode
sont fixés sur deux atomes de carbone différents, la seconde pour les iodures
de méthylène, d'éthylidène et de vinylidène, dont les deux atomes d’iode sont
liés au même atome de carbone
Toutefois une solidarité entre les atomes d'iode se
manifeste lors des oxydations photochimiques des iodures de méthylène et de
vinylidène.
Aussi il y a lieu de penser que, dans les molécules
polyiodées, coexistent des solidarités iode-iode et iode-hydrogène, mais
qu’elles ont des importances relatives variables avec les positions des atomes
d’iode, comme aussi avec la nature des réactifs mis en présence dans les
réactions chimiques.
La solidarité iode-hydrogène se retrouve pour
l’iodoforme.
II est intéressant de remarquer la facile oxydabilité
photochimique de tous les dérivés iodés ou se manifeste par photolyse une
solidarité entre atomes d'iode et d'hydrogène tandis que ceux où prédomine la
liaison iode-iode ne s’oxydent pas.
De même, mes recherches sur les actions du gaz
iodhydrique m'ont permis de constater qu'il ne pouvait y avoir à froid des
réactions de substitution que sur les seconds.
Ainsi certaines actions interatomiques, jusqu'à présent
négligées, peuvent agir grandement sur les propriétés des molécules.
J'ai pensé que les solidarités interatomiques révélées
par mes études photochimiques pourraient se traduire par des caractères
spectraux. J'ai examiné les spectres d'absorption ultraviolets des composés
organiques iodés, mais ils n'étaient pas de ceux que l'état des connaissances
permettait d'interpréter.
Par contre l'étude de l'absorption infrarouge, effectuée
en collaboration avec M. Jean LECOMTE, a montré que, parmi les fréquences de
vibration, il en est une que l'on retrouve dans toutes les molécules renfermant
simultanément des atomes de carbone, d'hydrogène et d'halogène, et qu'on peut
considérer comme liée à une interaction carbone-hydrogène-halogène.
L'étude des réactions photochimiques présente aussi
l'intérêt qu'elle est de nature à contribuer à la compréhension des réactions
ordinaires. Il est admis que les molécules ne sont susceptibles de
transformation chimique que si elles possèdent une quantité suffisante
d'énergie, énergie qui leur est apportée dans les réactions ordinaires par
l'agitation ou le rayonnement thermique, par la lumière dans les réactions photochimiques.
Dans les réactions usuelles, les molécules actives sont
difficilement reconnaissables ; il est plus aisé de les distinguer dans le cas
des réactions photochimiques puisque ce sont les molécules qui absorbent la
lumière.
Au cours de l'étude, faite avec André JOB, sur le
noircissement photochimique du sulfure de zinc, nous avions pu précisément
mettre en évidence les formes actives transitoires des molécules créées par la
lumière, en montrant que l'eau agit comme un révélateur sur le sulfure de zinc
activé par la lumière et détermine une série de réactions qui donne finalement
du soufre et du zinc.
Cette véritable métallurgie photochimique exige un
sulfure phosphorescent ; la transformation photochimique du sulfure de zinc est
donc soumise aux mêmes conditions de structure que sa phosphorescence et le
parallélisme des deux phénomènes permet de les éclairer l'un par l'autre.
Dans le cas des dérivés organiques iodés, la connaissance
des modalités de l'utilisation chimique de la lumière m'a conduit à préciser
les conditions de leur activation. L’étude des photoxydations de iodures
organiques m’a paru susceptible aussi de fournir des enseignements utiles sur
le mécanisme même des oxydations.
L’étude de l’action de la lumière sur l’iodoforme m’a amené
à élucider, aved M. René DUBRISAY, un point important concernant son oxydation
photochimique, encore inexpliqué depuis longtemps.
Nous avons établi pourquoi des solutions d’iodoforme qui
demeuraient inaltérées dans l’obscurité étaient susceptibles de continuer à s'y
décomposer après avoir subi une ooxydation photochimique partielle.
Nous avons de plus reconnu que l’iodoforme peut s'oxyder
dès la température ordinaire et dans l’obscurité dans des solvants divers dont
nous avions réussi à pousser très loin la purification.
Le phénomène est, en effet, empêché par des quantités
extrêmement petites d’impuretés, de l’ordre du millionième, et c’est la raison
pour laquelle il était jusqu'à présent demeuré inaperçu.
L’étude de la potoxydation de l’iodure de méthylène m’a
révélé la production en quantités relativement importantes d’anhydride
iodique ; j’ai reconnu la généralité de ce phénomène et, , considérant
combien est difficile l’union directe de l'iode et de l'oxygène, j’ai pensé
qu’il y avait là un point intéressant à élucider.
Si j’ai plus particulièrement étudié le cas de l'iodure
de méthylène, j’ai repris aussi des essais sur la photoxydation des solutions
d’iodoforme, puis ai expérimenté sur l’iodoforme et le tétraiodure de carbone
solides. Ces recherches m'ont permis de reconnaître que l’anhydride iodique
n’est pas un produit primaire de la photoxydation, bien que sa production soit
liée à l’oxydabilité même de l’iodure, que de plus la réaction secondaire qui
lui donne naissance est favorisée par la lumière, qu’enfin le produit dont
l’oxydation photochimique donne l'anhydride iodique est entraînable par un
courant d’oxygène, tout au moins dans le cas de l’iodure de méthylène et du
tétraiodure de carbone.
La formation transitoire de composés oxyiodés,
assimilables peut être aux composés iodylés connus en série aromatique, étant
susceptible de permettre une interprétation, j’ai abordé l’étude de la
photoxydation des solutions aqueuses d’iodylobenzène.
Elle a été interrompue en 1939, ainsi qu’une étude sur
l’oxydation de la diiodotyrosine menée avec la collaboration expérimentale de
M. Stéphane HITTNER.
L'intérêt théorique des études photochimiques ne m'a pas
fait perdre de vue leur intérêt pratique. J'ai insiste à diverses reprit sur la
portée technique de la photochimie, J'ai consacré quelques études à la synthèse
photochimique des glucides. J’ai repris à ce sujet des expériences de BALY sur
la photosynthèse in vitro de glucides, avec la collaboration
expérimentale de M. Henri HUET, mais sans réussir à retrouver les résultats
publiés. Mes documents sur ce travail ont disparu.
Mes recherches photochimiques m'ont conduit à étudier
accessoirement un certain nombre de questions intéressantes en elles-mêmes,
soit qu'elles ajoutent au domaine des organométalliques, soit qu'elles
permettent des possibilités nouvelles pour la synthèse organique.
Mon étude sur l'action du magnésium, puis du couple
zinc-cuivre sur l'iodure de méthylène m'a permis de préparer un organomagnésien
d'un type nouveau, ou deux fonctions magnésiennes mixtes se trouvent présentes
sur un même atome de carbone, et un composé organozincique non moins singulier
puisqu'un groupement fonctionnel zincique s’y trouve juxtaposé à un halogène
sur un même atome de carbone. C’est la. première fois je crois, que des dérivés
organométalliques de types différents sont obtenus suivant qu'on fait agir sur
un dérivé halogéné le magnésium ou le couple zinc-cuivre.
D'autre part, avant même de pouvoir procéder aux essais
photochimiques, il m'a fallu souvent chercher des méthodes pratiques de
préparation de corps jusqu’alors parfois peu ou même inconnus.
J'ai établi une méthode générale d'obtention de dérivés
iodés, en utilisant et en développant une observation faite au cours de mes
études photochimiques. J’ai reconnu que le gaz iodhydrique constituait un
réactif particulièrement énergique, susceptible d'agir dans des conditions où
ses solutions aqueuses, même concentrées, sont inactives. C'est un agent de
synthèse dont on n'a guère usé et qui réagit dès la température ordinaire sur
un certain nombre de composés organiques iodés ; il peut se produire des
réactions d’addition ou des réactions de substitution, soit encore des
réactions d’addition et de substitution successives ou simultanées.
A partir de l'éthylène périodé j'ai prépare simplement du
méthyliodoforme. A partir des iodures d’acétylène j’ai préparé à la fois
suivant les conditions expérimentales, de l’iodure de vinyle, de l'iodnre
d'éthylidène et du 1.1.2-triiodoéthane ; ce dernier corps, jusqu'ici inconnu,
m'a servi lui-même à préparer un autre corps nouveau, le 1.1-diiodoéthène ou
iodure de vinylidène.
Je me suis attaché à étudier en détail ses propriétés,
physiques et chimiques, en partie avec la collaboration expérimentale de M.
Alfred PFEUFFER, mais mes documents sur ce travail ont disparu.
Mes fonctions professorales m'ont nécessairement porte à
m'intéresser à des recherches de chimie analytique.
Le problème général des variations de solubilité des sels
minéraux peu solubles me conduisit à étudier un cas, en vérité assez simple
mais qui n'avait cependant pas été élucidé, celui de la solubilité du carbonate
de calcium dans les solutions de sels ammoniacaux.
Ce travail, mené avec la collaboration expérimentale de
M. Gaston CHARLOT, permit de reconnaître que l'augmentation de la solubilité du
carbonate en présence de sels ammoniacaux est due essentiellement aux
phénomènes d'hydrolyse et, pour une part beaucoup plus faible, à un effet de
sel.
J'ai par ailleurs élaboré avec M. Gaston CHARLOT une
méthode nouvelle d'analyse qualitative minérale, essentiellement basée sur
l'emploi des réactifs nouveaux de l'analyse à la touche remarquables par leur
spécificité et de nature à permettre la caractérisation d'un seul ion en
présence de tous les autres ; nous avions effectivement réussi à restreindre
considérablement les séparations, causes de lenteur, d'imprécision et souvent
aussi d'erreurs.
Mobilisé en 1939, j'ai participé à des recherches
concernant un problème de protection collective contre un gaz de combat.
Je ne devais retrouver mon laboratoire en 1940 que pour
quelques semaines et ai été pendant quatre années ingénieur de recherches dans
une grande firme chimique.
Je n'ai pu encore reprendre de recherches de photochimie,
mais j'ai été conduit, par mes fonctions professorales nouvelles, à approfondir
certaines questions de chimie physique et, par mon contact avec les réalités
industrielles, à tenter d'élucider certains problèmes posés à l'occasion de
fabrications.
Dans le domaine de la chimie physique, j'ai en
particulier, proposé une théorie des potentiels d'oxydoréduction dits
irréversibles qui rend compte de tout un ensemble de faits demeurés
inexpliqués.
Introduisant des facteurs cinétiques dans 1es relations thermodynamiques
par la considération des molécules actives, j'ai montré qu'il fallait invoquer
tout à la fois l'activation thermique usuelle et une adsorption activante par
l'électrode, et établi une formule générale des potentiels d'oxydoréduction qui
englobe les relations observées aussi bien pour les systèmes oxydoréducteurs
dits réversibles que pour les systèmes dits irréversibles.
A propos de l'oxydoréduction, je me suis intéressé aussi
au problème des propriétés oxydoréductrices de systèmes solides. L'exemple du
bleu de Prusse m'a été fourni à 1’occasion de recherches industrielles.
J'ai reconnu qu'on pouvait passer de façon continue des
formes les plus réduites aux formes les plus oxydées ; définissant le potentiel
d'oxydoréduction des solides par celui des solutions avec lesquelles ils sont
en équilibre, j’ai suivi les variations de ce potentiel dans un très vaste
domaine et précisé par là qu'il y avait bien trois formes du fer à distinguer
dans les bleus de Prusse.
Les recherches sur les bleus m'ont conduit aussi à
étudier la cinétique de la décomposition des solutions acides de ferrocyanure
de potassium et des solutions acides de ferricyanure de potassium.
Dans le domaine de la chimie appliquée, j'ai pu préciser
les raisons de la présence en quantités variables de thiosultates dans les
bouillies sulfocalciques. Le thiosulfate est produit par la réaction même du
soufre sur la chaux au cours de la préparation, puis. quand la concentration
des bouillies devient suffisante, le thiosulfate de calcium est décomposé par
la chaux présente en excès avec précipitation de sulfite de calcium, déautant
moins soluble que la solution est plus riche en produits sulfures.
Les recherches d'ordre industriel m'ont ramené à des
réactions photochimiques et j'ai découvert des dérivés hexahalogénés d'addition
du benzène à la fois chlorés et bromes, les chlorobromocyclohexanes, dans une
étude effectuée avec la collaborationde M. SACONNEY.
On fait agir en même temps le chlore et le brome sur le
benzène en présence de lumière et le mécanisme de la réaction s'interprète
aisément si 1’on admet une action primaire du chlorure de brome.
Au total, si mon activité scientifique s'est trouvée
dispersée, par suite des circonstances, dans des domaines variés, je suis resté
attaché au problème des mécanismes des transformations chimiques.
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action, analyse, atome, carbone, chimie, composé,
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