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Notice sur les travaux
scientifiques
de
Plus peut-être que pour tout autre naturaliste, l'activité
scientifique d'un géologue est déterminée par les pays successifs qu'il habite, par les
voyages qu'il peut entreprendre, enfin par les collections dont il arrive à
disposer.
Jusqu'ici, malgré d'assez nombreux et lointains voyages, je
n'ai véritablement connu que trois résidences, au moins d'une certaine
durée : Grenoble. l'Indochine et Toulouse.
On trouvera plus loin l'analyse de mes travaux dans cet ordre
géographique, qui sera, en même temps, à peu près chronologique.
Je me suis occupé surtout de Géologie théorique, avec des
recherches de Stratigraphie, de Paléontologie, de Tectonique et, en Indochine, une
incursion dans le domaine de la Pétrographie.
La Géologie appliquée n'a retenu que très accidentellement mes
efforts.
Mon résumé sera réduit aux points essentiels, à ceux qui
sont
susceptibles
d'aperçus généraux. L'énumération de mes publications n'aboutit point à un
total élevé; elle aurait même pu être réduite, sans grand inconvénient, à une
dizaine de mémoires principaux, dont les titres sont mis en évidence dans la
liste chronologique des pages précédentes.
C'est à Grenoble, dans le cadre des Alpes françaises et
près de mon pays natal, la Savoie, qu'a débuté mon initiation à un métier que la
nature nous oblige en réalité à apprendre toute notre vie.
A ma sortie de l'Ecole Normale, M. F. WALLERANT et aussi le regretté E. HAUG
ont eu l'heureuse pensée de me diriger chez W. KILIAN. Je suis resté pendant sept
années comme préparateur aux côtés d'un savant, dont la production a fait grand
honneur à la géologie française, mais dont, hélas, la belle, carrière
s'est
prématurément
close.
Durant mon séjour à Grenoble, il n'est guère
d'occupations géologiques auxquelles mon Maître n'ait tenu à m'associer :
levers de carte sur les Feuilles de Privas, de Grenoble, de Vizille et d'Annecy,
études tectoniques, besognes techniques diverses, avec des expertises d'eau et 1'étude d'un
projet de tunnel sous Ie Mont-Blanc, etc.
Mais, assez vite, mon attention s'est particulièrement
attachée aux terrains de la partie moyenne du Système crétacé et à leurs faunes,
notamment à leur riche floraison d'Ammonites.
Ce premier ensemble de travaux a fait 1'objet de ma thèse et de
différents mémoires complémentaires.
Je puis bien dire, puisqu'ils 1'ont dit eux-mêmes, que ma
classification et mes considérations, tant stratigraphiques que
paléontologiques, ont été largement utilisées par E. HAUG dans son Traité de
Géologie et par W. KILIAN dans son ouvrage de 1'encyclopédie de F. FRECH,
consacré au Crétacé Inférieur (Unterkreide, Palaeocretacicum).
Quant aux Ammonites, on verra que j'ai écrit un chapitre
important de leur histoire et noté bien des faits concernant leur
évolution.
Accessoirement, j'avais commencé l’étude des Brachiopodes
du
Sud-Est
de la France, pour lesquels les collections de Grenoble, en particulier la
Collection Gevrey, fournissent un matériel d'une exceptionnelle richesse.
Ce travail est reste inachevé. J'ai du moins terminé, en
collaboration avec M. P. FALLOT, un mémoire sur les Rhynchonelles du
Portlandien, du Néocomien et de 1'Albien.
Ces jolis fossiles ont pu être traités, indépendamment des
descriptions et des groupements systématiques, comme des «fossiles de fades», c'est-à-dire
comme les restes d'animaux, dont la répartition, sinon 1'evolution, est
commandée par le milieu : les groupes ont des représentants échelonnés à
diverses hauteurs et présents à peu près chaque fois qu'intervient la
récurrence des mêmes conditions sédimentaires.
Entre temps, aux vacances et chaque année de 1903 a 1911,
avec
MM.
FLUSIN et J. OFFNER, j'ai assuré 1'observation des glaciers actuels dans les
Alpes dauphinoises.
Là encore, à côté de la besogne, parfois
fastidieuse mais nécessaire du repérage et des levers topographiques, il s'est
dégagé quelques vues d'ensemble : la morphologie de ces glaciers permet
d'expliquer les discordances constatées dans leurs variations.
Maître de conférences de Minéralogie à Bordeaux en 1909,
Professeur de Géologie à Toulouse en 1912, je parvenais à peine à me libérer de la
tâche assez lourde de mettre en route deux enseignements successifs et
différents ; je commençais à regarder du côté des Pyrénées, lorsque est
survenue la guerre.
Pour moi, comme pour tant d'autres de ma génération, elle a
interrompu tout labeur scientifique pendant quatre ans.
J'étais sur 1'Aisne dans une Division de 1'Armée Mangin et
la
victoire
apparaissait à 1'horizon, lorsque s'est précisée la proposition de partir en
Extrême-Orient, que m'a faite M. P. TERMIER de la part du Gouvernement Général de
1'Indochine.
Le Service géologique le plus largement doté des colonies
françaises subissait alors une crise qui compromettait ses destinées.
Certes, il avait été produit là-bas de beaux travaux; mais certains
paraissaient d'une sincérité douteuse.
II ne s'agissait point, au moins pour moi,
d'intervenir dans une affaire délicate, portée à Paris devant un Conseil
d'anciens Présidents de la Société géologique de France.
On m'a demande simplement d'aller travailler moi-même
quelque temps à Hanoi et d'y réorganiser 1'exploration géologique de la Colonie.
Je dirai comment, avec des collaborateurs dont je ne
vanterai jamais trop 1'activité disciplinée, nous avons pu, en quatre ans, étendre
progressivement notre regard sur toute 1'Indochine du Nord,
c'est-à-dire sur le Nord-Annam, le Tonkin et le Haut-Laos.
J'indiquerai aussi, très brièvement, comment, sous la
direction avisée de mes successeurs, le Commandant DUSSAULT, puis M.
BLONDEL, 1'équipe que j'avais constituée naguère a complété, et par certains
côtés modifié, d'une manière assez imprévue, nos conclusions.
Revenu à Toulouse en 1922, j'ai repris le vieux projet
d'aller dans les Pyrénées. Me bornant à des études tectoniques en vue de démêler la
structure d'une chaîne dont les terrains étaient suffisamment connus, je 1'ai
abordée par le Sud, à savoir par la Catalogne, pour venir ensuite en Aragon et
aboutir jusqu'aux confins de la Navarre.
Ces travaux m'occupaient encore sur le terrain en septembre
dernier.
J'ai eu la bonne fortune de pouvoir y associer des collègues et
des élèves ; sans leur concours je n'aurais pas abouti.
On verra que le versant méridional des Pyrénées orientales et centrales
s'interprète à 1'aide d'un schéma simple et de proportions grandioses.
II apporte des exemples objectifs de ce que le puissant tectonicien
de Neufchatel, E. ARGAND, dont le nom m'est particulièrement agréable à citer, a
conçu, d'une manière jusqu'ici théorique, sous le nom de plissements de couverture.
Ayant compris, ou cru comprendre, la bordure catalane et
aragonaise de la chaîne, j'étais naturellement amené à traverser la Zone axiale
des
Pyrénées
et à rentrer en France.
Et voici que j'en arrive a reprendre, avec des conceptions
en partie nouvelles, les montagnes de 1'Ariege et de la Haute-Garonne.
Crétacé moyen des Alpes françaises, secondairement Etudes
sur
les
Rhynchonelles et Etudes glaciologiques, Structure de l’Indochine française,
enfin Etudes tectoniques dans les Pyrénées, tels sont ceux de mes travaux que je
retiendrai.
Je ferai suivre mon résumé de quelques pages consacrées à
la
Géologie
appliquée et aussi à mes taches d'enseignement et d'organisation du travail
scientifique.
Un géologue, au moins un géologue qui circule, un field
geologist suivant le terme des Anglais, est fatalement appelé dans des
consultations sur le sous-sol des régions où il se promène.
La loi française 1'a compris, puisqu'elle oblige les
communes à faire visiter leurs projets d'adduction d'eau et d'installation de
cimetière.
Certaines industries et certains grands travaux requièrent
aussi, de plus en plus, 1'avis du géologue.
Comme tout autre de mes collègues régionaux, mais en somme
très accessoirement jusqu'ici, j'ai dû répondre à de telles demandes.
Quant à 1'enseignement, il m'a fallu subvenir à des tâches
bien
diverses
: enseignement de licence, enseignement d'agrégation, enseignement
supérieur tout court, avec le souci de ne pas rester tout à fait
étranger, au moins autant qu'on le peut avec des ressources bibliographiques
limitées, aux grands courants qui traversent la géologie contemporaine.
Et, puisque j'ai dirige un service colonial,
puisque j'ai la responsabilité d'un laboratoire à Toulouse, après avoir
travaille dans celui, si vivant, de W. KILIAN à Grenoble, j'ai connu le
souci des organisations matérielles.
Certes, à ce sujet, on a parfaitement raison de souligner
«la grande pitié» des laboratoires de France, encore qu'avec le produit des
journées exceptionnelles comme la Journée Pasteur ou celui des fondations
particulières comme la Fondation Loutreuil, avec les attributions plus
régulières que permet très opportunément la taxe d'apprentissage,
il soit pallié en partie à la pénurie de nos crédits.
Mais, «un laboratoire, a dit E. HAUG en parlant de celui d'Ed. HEBERT, si
c'est un local, si ce sont des collections, une bibliothèque, ce sont surtout des
travailleurs».
Je terminerai en précisant comment, voyant naître
autour de moi de jeunes vocations, j'ai essayé de les orienter et surtout comment
j'ai cherché
à grouper et à faciliter les efforts des travailleurs, au cours d'une
carrière déjà longue de géologue et de professeur.
Mots clefs :
activité, alpe, ammonite, brachiopode, catalogne, collection,
colonie, crétacé, enseignement, étude, évolution, géologie, géologue, glaciers, grenoble, indochine,
laboratoire, paléontologie, pyrénée, rhynchonelle, structure, tectonique, terrain, toulouse,
travaux, jacob
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