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Titres
et travaux scientifiques
de
ET
PRINCIPAUX
RÉSULTATS OBTENUS
Avant de m'étendre sur mes
travaux scientifiques, je dois indiquer brièvement comment je fus conduit à
les aborder et comment je m'y suis préparé.
Les relations culturelles
étroites qui existent entre l'Alsace et la Suisse, ainsi que des circonstances
familiales particulières, ont voulu que c'est à des Maîtres de l'Université
Suisse que je suis redevable de ma première formation scientifique.
Depuis ma plus tendre enfance, en effet, ma
famille m'envoyait, chaque année, passer les grandes vacances d'été auprès
d'une
famille
amie qui exploite une grande ferme dans le Canton de Baie. C'est là que j'ai
pris un goût intense aux choses de la terre, en participant à tous les
travaux de ferme et en m'instruisant au contact d'un agronome qui avait réussi
à faire de son domaine une ferme modèle, connue et appréciée dans toute la
contrée.
Je crois qu'une vocation
particulière pour l'étude des sols s'est développée en moi de très bonne heure
par les multiples observations que je pouvais faire en labourant des terres très diverses,
comme celles formées aux dépens des argiles du Keuper, des calcaires ocreux du Jurassique ou
des limons de différente nature.
Le comportement particulier de
chacune de ces terres au labour, leur aptitude culturale pour telle ou telle
autre culture, leur productivité différente d'un cas à l'autre, comptaient pour
moi parmi les problèmes qui m'intéressaient en particulier, parmi tant d'autres
attraits de l'existence rurale qui m'incitaient à me consacrer plus tard à
l'Agronomie.
Aussi, ayant achevé mes études
secondaires, c'est vers l'étude des Sciences Agronomiques, enseignées à
l'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, que je me suis tourné pour commencer mes Études
Supérieures.
Dans cette belle Institution du
Polytechnicum qui groupe toutes les branches de la Science en autant
d'Instituts remarquables, j'ai suivi alors, non seulement tous les cours
de l'Institut des Sciences Agronomiques, mais encore ceux de l'Institut de Géologie et de
Minéralogie, et j'ai pu participer à toutes les excursions géologiques et
botaniques conduites par des maîtres éminents, comme SCHRÖTER, HEIM, SCHARDT,
GRUBENMANN, etc.
Si au cours de mes études, les
Sciences Naturelles m'intéressaient beaucoup, notamment les belles et
enthousiastes descriptions phytogéographiques du Professeur SCHRÖTER qui avait parcouru une
grande partie du monde et rapporté des collections et documents photographiques
splendides, c'est cependant au Laboratoire de la Chimie des Sols, dirigé par le
Professeur WIEGNER que je m'accrochais plus particulièrement.
WIEGNER représentait à mes yeux le grand savant
qui, par ses recherches de Physico-Chimie, en pénétrant l'intimité des
réactions, comme l'échange des bases, les phénomènes de floculation et de
dispersion des colloïdes du sol, allait pouvoir expliquer les diverses observations
que j'avais pu faire dans la nature.
Mais l'enseignement de WIEGNER
comportait encore un autre attrait. A différents endroits de son cours, il
mentionna certains types de sols qu'on rencontre à la surface du globe, comme les
podzols, les tchernozionnes, les sols bruns, la terra rossa, les latérites,
etc., en essayant d'expliquer leur genèse par une loi physico-chimique
commune, et par l'intervention de l'humus sous ses différentes formes.
C'était là le début de la
Pédologie en Europe et le commencement d'une orientation nouvelle de la
Science du Sol. Pour ce qui me concerne, j'étais tout de suite séduit par cet aspect de
l'étude des sols qui permettait de pouvoir allier la Chimie du Sol aux Sciences Naturelles et
aux Sciences Géographiques.
Peut-être aussi étais-je surtout
intéressé à ces questions par les perspectives qu'elles faisaient naître en moi
de pouvoir satisfaire un jour un goût d'exotisme et d'aventure, en allant
étudier les choses sur place, dans les pays lointains.
Dans le laboratoire de WIEGNER
nous avions reçu toute une. série de latérites provenant des Indes, du
Brésil et de Madagascar.
Les matériaux furent analysés aux
Travaux Pratiques par les élèves, tandis que le Professeur attirait notre attention
sur la concentration des hydroxydes d'alumine et sur l'élimination de la Silice
qui caractérisent la genèse des sols latéritiques, et en développant des idées
théoriques sur l'influence probable du pH, de la nature de l'humus, du
signe négatif ou positif des micelles colloïdales, etc.
Ce furent ces problèmes de
Physico-Chimie relatifs aux latérites qui ont été certainement déterminants
pour le choix de ma carrière scientifique.
Dès ce moment-là, en effet, je
commençais à mûrir le projet d'abandonner l'agronomie métropolitaine
pour me consacrer aux études coloniales, et en particulier aux sols
latéritiques de Madagascar.
Pour cela, mes études achevées,
je me rendis à Paris afin de compléter mes connaissances dans le sens indiqué.
Malheureusement, et contrairement
à ce que je pouvais espérer, je n'ai trouvé dans les milieux de l'enseignement
agronomique parisien de l'époque, aucune documentation particulière sur
les sols coloniaux.
Aussi bien à l'Institut
Agronomique de Paris qu'à l'Ecole Supérieure d'Agronomie Coloniale de
Nogent-sur-Marne, l'étude du sol n'avait été envisagée jusqu'alors que
sous l'angle de la fertilisation et du dosage des éléments fertilisants.
Aucune recherche concernant la
géographie des sols ou la genèse des différents types de sols n'avait été
seulement entrevue.
Pour Madagascar notamment,
l'étude agronomique que MUNTZ avait consacré aux sols de la Grande Ile, se
limitait au dosage des éléments fertilisants effectués sur des sols anonymes, et était
encore dépourvu de toute considération génétique.
Je m'empresse de dire, qu'étant à
ce moment dans l'ignorance quasi complète des différents aspects de la vie
scientifique et des ressources de la Capitale, je ne connaissais l'existence du
Muséum National d'Histoire Naturelle que par sa réputation muséologique.
J'étais loin de me
douter qu'il représentait, en outre, un Centre incomparable pour l'étude de
toutes les questions scientifiques concernant notre domaine colonial.
Ce n'est que quelques années plus tard que
j'ai eu le bonheur d'apprendre à connaître certains grands maîtres du Muséum, d'étudier leurs
travaux et de consulter leurs collections. En particulier, je n'ai eu
connaissance qu'à Madagascar des travaux fondamentaux que M. LACROIX avait
consacré aux latérites de la Guinée et de ceux qu'il a développé plus tard dans
sa «Minéralogie de Madagascar».
De même, c'est à Madagascar
seulement que j'ai appris à connaître la thèse essentielle de M. PERRIER DE LA
BATHIE sur l'origine secondaire des prairies malgaches, ainsi que les travaux
fondamentaux que M. HUMBERT devait consacrer par la suite à l'étude de la Flore
malgache.
Etant dans l'ignorance de toutes
ces données qui auraient pu me retenir à Paris, j'ai suivi à l'époque
un conseil qui me fut donné, c'est de me préparer à la carrière coloniale en suivant les
Cours de l'Institut Agricole et Colonial de l'Université de Nancy.
Ce fut à certains points
de vue une excellente chose, car l'enseignement reçu à Nancy m'a permis d'apprendre à
connaître les diverses cultures coloniales sous un aspect d'agronomie pratique et de m'initier
à tous les traitements technologiques des productions coloniales.
J'ai pu suivre en outre un
cours de langue malgache ainsi que les enseignements des Certificats de Licence de Botanique et
de Géologie.
J'ai quitté Nancy à la fin de
l'année scolaire 1922, après avoir obtenu le Diplôme d'Etudes Supérieures
Agronomiques et celui d'Etudes Supérieures Coloniales.
À ce moment, j'ai effectué
différentes démarches au Ministère des Colonies en vue d'obtenir une mission à
Madagascar. Mais les résultats furent entièrement négatifs, et l'étude des sols ne semblait
visiblement pas en faveur auprès de mes interlocuteurs. Je résolus donc de partir pour
la Grande Ile, à mes frais et à mes risques et périls. J'étais accompagné par mon frère
cadet qui se destinait à la prospection minière. Pour ce qui me concerne, j'avais en moi
l'espoir et la foi secrète qu'une fois arrivé à la Colonie les milieux
compétents s'intéresseraient aux questions que je me proposais d'étudier.
Il en fut heureusement ainsi.
Quelques semaines à peine après mon arrivée à Tananarive, sur la recommandation
de M. CARLE, ancien Chef du Service de Colonisation à Madagascar, qui était
vivement préoccupé par tous les grands problèmes que posait l'étude des sols
malgaches, je fus nommé Chef du Laboratoire d'Analyses et de Recherches
Agricoles à Nanisana, près de Tananarive, obtenant ainsi la possibilité de faire
mes débuts dans la Recherche Scientifique Coloniale.
Dans le court exposé que je viens
de faire de mes travaux Scientifiques, j'ai cherché à indiquer quelle
est la part que j'ai pris dans l'introduction de la Pédologie en France,
comment se sont développés mes travaux, et quel me paraît être leur intérêt
pour 1’étude problèmes d'Agronomie Coloniale, d'Ecologie et de
PhytoGéographie.
J'aimerais encore dire
maintenant, en manière de conclusion en quoi les résultat de mes travaux ont
contribué à modifier profondément les conceptions pédologiques énoncées
antérieurement à mes travaux.
Une évolution considérable sépare
aujourd'hui les thèses pédologiques que j’ai développées, des doctrines
des premiers podologues russes qui ont eu le mérite de fonder la Science
pédologique.
Leur conception initiale des sols
zonaux. correspondant aux zones climatiques et phyto-géographiques actuelles, a
dû subir des corrections profondes par l’introduction de notion de l'âge
relatif des sols que je me suis particulièrement attaché à développer au cours de mes
recherches, à l'aide d'exemples qui montrent l'indépendance génétique relative
d grandes régions
pédologiques du Globe, par rapport au Climat actuel et aux Végétations modifiées
actuelles.
Ce sont mes travaux sur les
latérites de Madagascar et les résultats qu j'ai publiés dans mon Traité de
Pédologie qui sont à l'origine de cette évolution de nos conceptions,
auxquelles les pédologues du monde entier se rallient aujourd’hui de plus en plus en
découvrant, partout, des exemples similaires à ceux que j’ai décrits.
Je n'ai pas eu grand mérite à
découvrir ces faits, étant donné qu'ils découlaient presque automatiquement
de la démonstration lumineuse faite par M, PEBBIER DE LA BATHIE sur l'origine
secondaire des prairies malgaches, et étant donné, qu'en ce qui concerne les
laterites une base minéralogique et chimique indispensable à leur étude,
avait déjà été créée par le travaux fondamentaux de M. LACROIX.
Il était fatal, par la suite, que
mes recherches m’aient porté de plus en plus, à utiliser les conceptions
physico-chimiques de la genèse des sols .que j’avais reçues comme précieux bagage au
cours de ma formation d'agronome, pour tenter de relier ou d'opposer les faits
pédologiques aux faits phyto-géographiques et à 1’observation de la couverture
végétale.
Il s'est ainsi développée en moi
une tendance à une vue synthétique des phénomènes, pour l'étude desquels
les données biologiques, chimiques, minéralogiques, géologiques et
géographiques devenaient pareillement indispensables.
C'est cette conception de l'étude des sols
que j'ai cherchée à mettre en pratique en augmentant ma culture générale et mes observations
dans le sens indiqué.
C'est elle que j'ai cherchée à
propager par mon enseignement.
L'introduction des méthodes
pédologiques que je préconisais s'est heurté pendant assez longtemps à une
incompréhension dans certains milieux scientifiques et agronomiques. Cela tient au fait
que l'étude des sols n'avait été envisagée que sous l'angle des problèmes de la fertilisation,
alors que mon objectif était l'étude générale des phénomènes de la Pédogenèse, ainsi que la
recherche d'une méthode et des principes de prospection qui permettraient d'apprécier,
grossièrement, la valeur approximative des sols des pays neufs, préalablement à toute étude
agronomique de détail.
Il est presque superflu de faire
remarquer que la nécessité d'une prospection pédologique à grande
échelle, permettant de se rendre compte des potentialités agricoles d'ensemble
de
nos
possessions d'Outre-Mer, s'est imposée aujourd'hui à tous les dirigeants de
l'Agronomie Coloniale et de la Recherche Scientifique Coloniale.
Il est devenu une quasi-banalité
que de souligner l'importance primordiale que les recherches
pédologiques représentent pour le développement de l'Agronomie Coloniale.
Mais au delà de l'objectif qui
consiste à utiliser la Science pédologique pour contribuer à la solution
des grandes tâches qui nous incombent en Agronomie Coloniale, à éclairer les problèmes
écologiques et phyto-géographiques en apportant une base d'investigation
scientifique nouvelle, la Recherche pédologique permet d'aborder dès maintenant
certains problèmes de Sciences Naturelles qui sont parmi les plus grands et les plus
passionnants que se posent les naturalistes.
Ce sont les problèmes relatifs à
l'histoire et à l'Evolution des Continents pour lesquelles l'étude des paléo-sols
deviendra un moyen d'analyse décisif, ainsi que le montreront mes prochaines
publications.
C'est pour pouvoir continuer et
développer l'ensemble des recherches dont j'ai parlé dans cette Notice, et
auxquelles je me consacre, sans réserve, depuis vingt-cinq ans, que je
sollicite l'appui des hommes de Science qui seront appelés à juger mes
travaux.
Mots clefs :
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écologie, enseignement, étude, évolution, fertilisant, fertilisation, géologie, humus, laboratoire,
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