Jacquignon : travaux scientifiques
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Titres et travaux scientifiques

 

de

 

Pierre Jacquignon

Chargé de recherche au C.N.R.S.

 

 

INTRODUCTION

Je suis entré en Octobre 1916 dans le laboratoire de Monsieur Buu-Hoï, alors Maître de Conférences à l'Ecole Polytechnique, et c'est dans le service de chimie organique de cet établissement que j'ai été initié à la pratique des synthèses dans le sens le plus large de ce mot.

 

Dès mon arrivée, Monsieur Buu-Hoï a entrepris ma formation et a exalté en moi non seulement le goût de la chimie organique, mais m'a fait aussi entrevoir l'intérêt ultérieur biologique ou pharmacologique de certaines préparations.

 

Tout d'abord affecté comme stagiaire pour l'élaboration des matières premières, puis me voyant confier de petites synthèses, j'ai pu, grâce à la patience et à l'exemple permanent de mon Maître, acquérir les connaissances de base indispensables à une bonne compréhension de la chimie organique.

 

Que ce soit dans la mise au point de techniques de laboratoire, ou dans les prises de contact avec la bibliographie, ou bien encore dans la critique de résultats apparemment contradictoires, j'ai, durant cette première année de travail, acquis un goût profond pour la recherche fondamentale en m'imprégnant d'une forme de pensée propre à notre laboratoire.

 

Notre service ayant émigré en 1947 à l'Institut du Radium, je pris contact avec un sujet entièrement neuf pour moi : la cancérogenèse chimique, sujet qui, chaque jour, se révèle être extrêmement important.

 

Monsieur le Professeur A. Lacassagne, alors Directeur de l'Institut du Radium, m'encouragea à persévérer dans la voie de la recherche en m'aidant matériellement. J'exécutais alors des travaux ou Monsieur Buu-Hoï me laissait de plus en plus d'initiative personnelle ; ces efforts furent récompensés par ma première publication en 1948 sur les dérivés du 9,10 diaminophénanthrène.

 

J'eus alors le plaisir de participer à des synthèses d’antibiotiques dont la découverte était récente, telle la chloromycétine.

 

Simultanément, des sujets de chimie pure, ayant trait soit à la radioactivité, soit à la mécanique ondulatoire, soit à des problèmes particuliers de structure; me fournirent les bagages nécessaires à une plus large optique de la notion de recherche.

 

Pour étendre mes connaissances à des sujets plus variés et plus vastes, j'allais faire un stage de plusieurs mois auprès de Monsieur le Professeur C. Mentzer, alors chef d'un laboratoire de recherches des Etablissements Roussel, ce qui me permit de progresser encore plus dans la théorie et la pratique.

 

Jugeant ces premiers pas satisfaisants, M. Buu-Hoï, en accord avec M. le Professeur Lacassagne, ms permirent de préparer une thèse comportant, outre une partie de synthèse pure, une partie étroitement liée à l'examen des propriétés cancérogènes des substances élaborées.

 

Cette thèse, dont le titre était: "Contribution, à la chimie de la 6 Aminotétraline et de ses dérivés" fut soutenue le 9 Juin 1951.

 

Dans ce travail une nouvelle voie d'accès à la matière première et à des hétérocycles azotés a été décrite, mais a également été montré le rôle important joué par les noyaux hydrogénés ou déshydrogénés dans les phénomènes de cancérisation.

 

Ma thèse terminée, je partis faire mon service militaire en Allemagne où, après quelques mois, l'Office Militaire de Sécurité me plaça en stage au Laboratoire de Chimie Organique du Max-Planck Institut de Mayence.

 

Sous la direction du Professeur Strassmann et du Docteur Götte, je me suis familiarisé avec la radiochimie en procédant à des mises au point de synthèses de substances marquées, ce qui me fit reprendre un profitable contact avec la chimie minérale que j'avais abandonnée depuis longtemps.

 

Ce stage et les obligations militaires terminés, je repris ma place à Paris au sein de l'équipe Buu-Hoï.

 

Je rentrai d'emblée dans l'exécution du programme de synthèse de familles de substances susceptibles d'éclairer d'un jour plus précis l'étiologie du processus cancérogène : quinoléines, benzacridines, benzocarbazoles.

 

A la fin de cette année 1952 débuta un travail qui est devenu un des éléments importants de mes recherches : la formation de complexes moléculaires au moyen d'anhydrides de diacides polyhalogénés. Ce point capital sera exposé en détail plus loin.

 

1954 fut pour moi une année peu fructueuse, car une très grave maladie me tint éloigné plus de huit mois du laboratoire. Ensuite je repris mes travaux, en particulier sur les substances hétérocycliques azotées et, en isolant de nouvelles familles, je m'attachais à améliorer les techniques et le rendement.

 

Les tests biologiques furent effectués soit à Paris, soit à l'Université de Bologne dans le service de Monsieur le Professeur C. Maltoni. Cette contribution à la connaissance des relations entre structure chimique et pouvoir cancérogène a été sanctionnée par le Prix Monthus-Menière de l'Académie de Médecine qui m'a été attribué en 1960.

 

Monsieur Buu-Hoï m'ayant confié des élèves, j'ai pu, en plus des recherches particulières au service de M. Lacassagne, aborder des questions relatives tant à des synthèses originales, qu'à des problèmes de substitution ou de structure. Notamment, l'étude systématique du domaine des complexes moléculaires des anhydrides de diacides, abandonnée depuis 30 ans, a été entreprise et j'en ai été récompensé en 1959 par le titre de Lauréat de la Fondation Van't'Hoff.

 

Depuis, j'assume la direction d'une équipe plus importante composée de 11 chercheurs. Grâce à leur dévouement et à leur collaboration amicale et fidèle j'ai pu poursuivre de front des travaux dans divers domaines.

 

L'équipe installée dans mon laboratoire de Gif-sur-Yvette s'occupe plus spécialement des méthodes générales de synthèse, des complexes moléculaires et des substances jouant un rôle dans la cancérogenèse (certaines sont d'ailleurs apparentées à celles qui ont été isolées dans des produits naturels par d'autres groupes).

 

L'équipe qui travaille dans l'unité de M. le Professeur F. Delbarre à l'Hôpital Cochin, est concentrée sur l'élaboration de substances antalgiques, antiinflammatoires et antigoutteuses.

 

Après avoir examiné les qualités propres à chaque chercheur, j'ai eu le plaisir de faire préparer des Diplômes d'Etudes Supérieures et des Thèses à plusieurs de mes élèves. Parmi eux je mentionnerai plus particulièrement Monsieur Germain Saint-Ruf qui vient d'être nommé Chargé de Recherche et qui, avec d'autres, me permet d'assurer la continuité et la bonne marche des recherches, et de former une équipe homogène qui puisse apporter une contribution utile à la connaissance chimique.

 

 

 

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