Janot : APERÇU GÉNÉRAL DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES
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Exposé des titres et des travaux scientifiques

 

de

 

Maurice-Marie Janot

Maître de conférences à la faculté de pharmacie de Paris

 

 

APERÇU GÉNÉRAL DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES

Avant d'aborder l'exposé sommaire de mes travaux et des résultats que j'en ai obtenus, je crois indispensable de rappeler très brièvement les circonstances qui m'ont conduit vers la recherche et d'expliquer aussi la diversité des disciplines suivies qui toutes trouvent leur application dans le domaine de la pharmacie.

 

C'est à mon père, pharmacien praticien à Plombières, ma ville natale, que je dois mon initiation scientifique.

 

C'est en suivant le cours magistral du Professeur A. BÉIIAL que le désir de me familiariser avec les techniques de la chimie organique devint irrésistible. Avec l'audace des timides, je me présentai à ce maître indulgent, dès la deuxième année de scolarité, n'ayant d'autre référence que ma bonne volonté.

 

Mon éducation fut confiée à M. le Professeur R. DELABY, alors assistant de la chaire de Chimie organique. Avec enthousiasme, je bénéficiai de son enseignement quotidien, si méthodique et si précis. En 1925, le Professeur A. BÉHAL me proposa pour sujet de thèse l'étude de la constitution d'un principe cristallisé retiré de l'essence de sauge sclarée : le sclaréol.

 

Cette étude devait me retenir plusieurs années et me conduire, sur les conseils de MM. les Professeurs M. DELEPINE et A. GORIS, à aller travailler en Suisse, à l'Ecole polytechnique de Zurich, au laboratoire du Professeur L. RUZICKA.

 

Ma carrière semblait donc normalement orientée vers la chimie organique, lorsque, en octobre 1926, M. le Professeur A. GORIS, récemment nommé titulaire de la chaire de Pharmacie galénique, me fit l'honneur de m'offrir le poste d'assistant de son cours.

 

Cette distinction inattendue, si elle me permettait d'entrer dans les cadres de l’Université, m'imposait, dans une certaine mesure, une orientation nouvelle.

 

Après une hésitation légitime, j'acceptai cette fonction où il me restait tant à apprendre. Dès ce jour, je devins l'élève de mon maître qui, depuis lors, ne cessa de me guider avec une paternelle bonté.

 

« La pharmacie galénique est avant tout une science d'application ayant ses disciplines propres ou empruntées aux autres sciences» peut-on lire en tête de la «Pharmacie galénique» de MM. A. GORIS et A. LIOT. Cette vérité s'imposa à moi dès mon arrivée au Laboratoire de Pharmacie galénique et je dus me soumettre à toutes les règles qui conduisent à la pratique rationnelle de cette branche de la pharmacie.

 

C'est ainsi que la chimie végétale, la chimie analytique pharmaceutique, la matière médicale, la pharmacodynamie ont été, tour à tour, abordées.

 

Mais la pharmacie galénique qui a, entre autres buts, celui d'élaborer les formes pharmaceutiques, doit être tenue au courant des besoins de la thérapeutique puisque, dans une certaine mesure, elle en conditionne l'évolution ; aussi est-il indispensable de bien connaître le langage médical. A cette fin et sur le conseil de M. le Professeur A. GORIS, j'ai entrepris des études médicales dont aujourd'hui la scolarité est terminée et dont j'espère sous peu clore le cycle par le doctorat.

 

A côté de ces sciences fondamentales pour la pharmacie galénique, je me suis intéressé accessoirement à la physiologie végétale, à l'hydrologie et à la chimie biologique.

 

M. le Professeur M. MASCRÉ, ayant succédé, en 1927, à M. le Professeur M. DELEPINE à la direction de la pharmacie de l'hôpital de la Pitié, où j'étais interne, c'est sous son influence que je fus amené à m'intéresser, par la suite, aux phénomènes de croissance chez les végétaux et en particulier aux problèmes posés par les phytohormones.

 

Quant aux recherches d'hydrologie auxquelles j'ai collaboré, elles se justifient par le seul fait qu'elles ont trait aux sources de mon pays natal ou à d'autres sources vosgiennes.

 

Enfin, les hasards de la guerre 1939-1940 m'ont fait prendre part aux travaux de chimie biologique de M. Y. RAOUL sur le dosage de la vitamine A et du carotène dans le sang.

 

La plupart de mes recherches se sont effectuées en collaboration, ce qui s'explique clairement.

 

En même temps, en effet, que je devenais son assistant, M. le Professeur A. GORIS se trouvait fréquemment retenu à la Pharmacie centrale des Hôpitaux dont il venait d'être nommé directeur. Là, il se consacrait à l'oeuvre considérable de la reconstruction de cet important établissement ; aussi, me chargea-t-il, sous sa haute autorité, de la surveillance puis de la direction effective de son laboratoire de recherches.

 

De nombreux élèves s'y trouvaient, leur nombre d'ailleurs demeura toujours relativement élevé puisque j'ai conduit plus de 30 d'entre eux au doctorat en pharmacie, 2 au doctorat es sciences et un autre au doctorat en médecine.

 

Cette noble, parfois ingrate, mais toujours absorbante fonction de chef de laboratoire interdit, le plus souvent, en stricte probité, la poursuite d'une œuvre rigoureusement personnelle : mais elle trouve sa récompense dans la collaboration avec les élèves que l'on éduque ou dirige.

 

Depuis près de quinze années j'ai rempli de mon mieux et uniquement cette fonction et c'est, sans nul doute, pour cette raison que M. le Professeur A. GORIS me fit le délicat honneur de me laisser dresser les plans des agrandissements récents de son laboratoire, d'en vivre la réalisation et d'en perfectionner à mesure l'adaptation.

 

En chimie organique, mon premier travail fut une synthèse. M. R. DELABY ayant donné une méthode rendant accessible, par une suite de réactions simples, l'obtention des a-alcoylglycérols, il était intéressant de savoir si cette méthode s'étendait à un substituant hydrocyclique comme le radical cyclohexyl, d'autant plus que des recherches antérieures avaient montré que tel n'était pas le cas pour le radical phényl.

 

M. R. DELABY voulut bien m'associer à ce modeste essai. La synthèse de l’ a-cyclohexylglycérol fut facilement réalisée par des étapes présentant une analogie complète avec celles suivies pour la préparation des a-alcoyiglycérols.

 

Chemin faisant, nous avons décrit le vinylcyclohexylcarbinol et le dibromure correspondant.

 

La caractérisation des doubles liaisons présente un grand intérêt pour le chimiste, soit pour vérifier à point nommé une synthèse, soit pour déceler un produit possédant ces liaisons dans un mélange, soit enfin pour orienter les premières recherches sur la constitution d'un principe immédiat nouvellement isolé.

 

Dans ces divers buts, le trichlorure d'antimoine en solution chloroformique a depuis longtemps retenu l'attention et a même été préconisé pour le dosage colorimétrique ou électrophotométrique de la vitamine A et des caroténoïdes ; mais il manquait un tableau assez général pour indiquer les applications possibles de ce réactif, à l'étude de corps non saturés pourvus de fonctions organiques variées ; c'est à dresser un tableau de ce genre, portant sur l'essai d'une centaine de substances, que nous nous sommes attachés MM. R. DELABY, S. SABETAY et moi-même en 1934.

 

L'emploi du nickel actif de Raney comme catalyseur d'hydrogénation a fait entrer cette élégante méthode dans tous les laboratoires, même dans ceux non spécialement destinés à la chimie organique.

 

C'est ainsi, qu'en collaboration avec M. Th. TOMESCO, j'ai soumis à l'hydrogénation, en 1934, quelques glucosides hydrolysables par l'émulsine.

 

Nous avons pu classer les glucosides traités en trois groupes : les indifférents, les hydrogénables d'une façon normale, tel le passage d'une fonction cétone à une fonction alcool secondaire, et ceux dont l'hydrogénation provoque l'hydrolyse avec réduction, tels le vanilloside et l'aucuboside.

 

En chimie végétale les efforts du chimiste ne doivent pas se borner à l'extraction plus ou moins facile des principes immédiats. Dès que la quantité de matière première est suffisante, la détermination de la structure doit être abordée, ce qui, le plus souvent aujourd'hui, il faut le reconnaître, présente de réelles difficultés.

 

Ce domaine, jadis apanage exclusif du pharmacien, est aujourd'hui trop délaissé par celui-ci. Il m'a paru fondamental, dès que cela a été possible, de m'initier, puis de me perfectionner chaque jour, dans ce genre de recherches, et c'est la raison pour laquelle, entre autres sujets de thèse proposés par le Professeur A. RÉHAL, mon regretté maître, j'ai choisi le seul se rapportant à l'étude d'une espèce chimique retirée des végétaux : le sclaréol.

 

Au début de l'année 1914, A. RÉHAL avait pu isoler d'une essence de Sauge sclarée préparée sans doute par épuisement de la plante au moyen d'un solvant volatil, un principe «pulvérulent blanc» qu'il nommait sclaréol dans ses notes manuscrites inédites.

 

C'est l'étude de ce corps qu'il me proposa d'entreprendre en 1925, en vue du doctorat es sciences.

 

Les méthodes d'extraction s'étant considérablement modifiées après la guerre de 1914-1918, l'essence qui arriva au laboratoire sous le nom d' «essence absolue de Sauge sclarée» était presque concrète. La fraction solide obtenue par simple essorage était uniquement, ou presque, constituée par un corps cristallisé, incolore, fusible sans grande purification à 103° et différent de celui brièvement mentionné dans les notes de A. RÉHAL.

 

Le nom de sclaréol lui fut cependant affecté et j'en poursuivais l'étude délicate lorsque, en 1928, MM. VOLMAR et JERMSTAD publièrent deux notes, précisément sur l'essence absolue de Sauge sclarée, la première relative à l'essence totale, la seconde à son principal constituant «le sclaréol», notes résumant d'ailleurs la thèse de doctorat en pharmacie de M. JERMSTAD, soutenue en 1927 devant la Faculté de Strasbourg.

 

Les résultats que j'avais acquis à cette date ne concordant pas le plus souvent avec ceux rapportés par ces auteurs, je crus bon de poursuivre mes investigations. Il va sans dire que le sclaréol de MM. VOLMAR et JERMSTAD était identique au mien.

 

Ayant enfin pressenti la nature terpénique du sclaréol et épuisé les méthodes compatibles avec l'organisation du laboratoire, je me trouvai cependant dans la nécessité impérieuse de préparer d'indispensables ozonides, de me familiariser avec la méthode de déshydrogénation sélénique.

 

C'est alors que j'obtins, en 1930-1931, sur la généreuse intervention de MM. DELEPINE et GORIS, l'autorisation d'aller remplir ce programme de recherches à Zurich, auprès du maître de la chimie des terpènes supérieurs : le Professeur L. RUZICKA.

 

Sous la direction de cet illustre savant et profitant d'une installation hors ligne, je pus montrer, en 1931, que le sclaréol répondait à la formule C20H36O2 et non C34H62O3 comme l'avaient indiqué mes prédécesseurs, non plus qu'à C17H30O2. comme je l'avais momentanément proposé en 1930.

 

La conclusion primordiale de ma thèse est que le sclaréol est un diol bitertiaire diterpénique, porteur d'une seule double liaison terminale extra-cyclique et dont les deux cycles conduisent, par déshydrogénation au moyen du sélénium, au triméthyl-1-5-6 naphtalène.

 

Pour légitimer cette constitution, il m'a fallu préparer un grand nombre de dérivés résultant de la dégradation ou de traitements divers du sclaréol. On en trouvera la relation dans la partie analytique de cet exposé.

 

Je citerai seulement ici : les carbures sclarènes et cyclosclarènes, l’acide sclaréolique, la lactone C16H26O2, le dihydrosclaréol et les carbures qui en dérivent : dihydrosclarènes et dihydrocyclosclarènes, de nombreux dérivés bromes ou d'oxydation et enfin le produit fondamental issu de la déshydrogénation sélénique : le triméthyl-1-5-6 naphtalène caractérisé par son picrate et son styphnate.

 

Le sclaréol est à l'heure présente le plus accessible des alcools de la série diterpénique ; aussi a-t-il donné lieu à de fécondes recherches de la part de M. L. RUZICKA et de ses élèves, recherches qui toutes ont pu être interprétées par le schéma indiqué dans ma thèse.

 

Des travaux inédits, par suite de la suppression des relations postales avec la Suisse et dont je ne puis faire état ici, montreront bientôt, je le souhaite, que, toujours en relation avec M. L. RUZICKA, je n'ai cessé de m'intéresser à ce sujet.

 

Il faut rapprocher du sclaréol, dans une certaine mesure, un autre alcool naturel : le catuabol retiré, avec la collaboration de M. E. CIONGA, des écorces desséchées du Catuaba du Brésil (Trichilia sp.).

 

En effet, nous lui avons attribué la formule non encore définitive de C25H40O qui en ferait un alcool sesquiditerpénique. Cette formule brute est en accord avec l'analyse de ce produit et avec celle de ses esters formique, acétique et benzoïque.

 

Dans le domaine des alcaloïdes, en collaboration avec M. R. GOUTAREL, j'ai montré, en 1938, comment il était possible d'isoler une base cristallisable à partir de l'alcaloïde amorphe signalé dès 1909 par M. E. FOURNEAU, à côté de la corynanthine cristallisée dans l'écorce d'une Rubiacée africaine : Pseudocinchona africana A. Chev.

 

Or, en 1926, P. KARRER et H. SALOMON avaient donné le nom de corynanthéine à une base également amorphe extraite par eux de résidus industriels de la fabrication de la yohimbine, puis, en 1933, M. RAYMOND-HAMET avait identifié cette corynanthéine amorphe des auteurs suisses avec l'alcaloïde amorphe de M. E. FOURNEAU. Il résulte de nos recherches que cette base amorphe est un mélange dont jusqu'alors le seul principe défini qui en ait été retiré est la corynanthéine cristallisée C22H28O3N2, dextrogyre en solution dans le méthanol et dont, tout récemment encore nous avons précisé l'entité.

 

En effet, ni par cristallisation fractionnée de la base, ni par celle du chlorhydrate nous ne sommes parvenus à la scinder, le pouvoir rotatoire demeurant constant, aux erreurs inhérentes de lecture près.

 

En pharmacie galénique, mes premières recherches ont porté, en 1928, sur le contrôle radioscopique et radiographique de l'ouverture et de la digestion des cachets.

 

Il en résulte que si l'on a pu croire que les cachets pouvaient passer intacts dans le duodénum, ceci devait être tout à fait exceptionnel sinon pathologique. En réalité, les cachets s'ouvrent rarement dans la bouche ou l'œsophage, mais le plus souvent, ce qui était à prévoir, dans l'estomac. Un protocole rationnel d'absorption des cachets a été déduit de ces observations.

 

Contribuant aux travaux de M. le Professeur A. GORIS sur l'altération des préparations d'aconit, Mme MALMANCHE et moi avons donné, en 1929, une mise au point des essais physiologiques de cette plante, mise au point dans laquelle quelques précisions originales ont été insérées sur l'intoxication du cobaye par l'aconitine et ses dérivés et sur le mode opératoire à suivre pour l'essai de toxicité sur le même animal.

 

Les préparations galéniques de ciguë (Conium maculatum L) après avoir connu une vogue marquée ont été peu à peu délaissées au profit du principal alcaloïde retiré de ce végétal : la conine.

 

Cette désaffection est due, en grande partie, à l'inconstance des résultats thérapeutiques obtenus avec les préparations ; or cet inconvénient peut être évité si l'on s'assure de la qualité du produit utilisé par le dosage de la conine.

 

Mais les méthodes habituelles de dosage des alcaloïdes ne s'appliquent pas à la ciguë, car si la conine est volatile et entraînable par la vapeur d'eau, la plante est très riche en sels ammoniacaux qui constituent une source importante d'erreurs.

 

Pour résoudre ce problème, nous avons, avec M. Ch. FAVRE, proposé l'emploi du réactif iodobismuthique qui permet de séparer les alcaloïdes préalablement libérés et transformés en sulfates, sous forme d'un précipité insoluble d'iodobismuthates, l'ammoniaque ne précipitant pas dans ces conditions.

 

Dans un deuxième temps, les alcaloïdes sont déplacés et on entraîne par la vapeur d'eau ceux d'entre eux qui sont volatils et qui sont d'ailleurs les plus actifs. Il suffit de procéder ensuite à un titrage acidimétrique et d'exprimer conventionnellement le résultat en conine.

 

Cette technique a été appliquée aux semences et feuilles de ciguë de diverses origines géographiques et aux préparations galéniques dérivées telles que poudres, suc, teintures, extraits aqueux ou hydro-alcooliques.

 

De plus, nous avons constaté que pour le cobaye la toxicité du mélange des alcaloïdes était, à poids égal, environ cinq fois plus forte que celle de la conine seule et que, dans ces conditions, le dosage chimique devait être doublé, comme dans le cas de l'aconit, de la détermination de la dose minimum mortelle pour le cobaye.

 

Dans cette note enfin nous avons décrit l'iodobismuthate cristallisé de conine.

 

La préparation de l'extrait officinal de Noix vomique selon les prescriptions du Codex 1908 comporte la récupération des alcaloïdes entraînés par l'huile de Noix vomique lors du traitement par l'éther de l'extrait alcoolique.

 

Cette manipulation est pratiquement superflue car elle ne porte que sur 1/200 des alcaloïdes totaux, comme je l'ai mis en évidence en collaboration avec M. R. MOUTON. Nous avons proposé sa suppression et cette conclusion a été retenue lors de la rédaction de la Pharmacopée de 1937.

 

Dans une communication au Congrès de Liège, en 1934, avec M. le Professeur A. GORIS, nous avons rassemblé quelques observations dont la nécessité s'imposait avant l'adoption internationale proposée des extraits secs en remplacement des extraits mous ou fermes. Les cas cités se rapportaient aux extraits d'aconit, de belladone, de coca et de noix vomique, chacun d'eux posant un problème particulier.

 

On sait que la valeur marchande du semen-contra (capitules floraux non épanouis de l’Artemisia maritima L) dépend de sa teneur en santonine et que, comme cette drogue d'importation atteint toujours un prix très élevé, il est indispensable de posséder une méthode exacte et relativement rapide d'évaluation de celle-ci.

 

Depuis 1899 la méthode de choix est celle due à KATZ, mais elle est longue et comporte de nombreuses phases ; aussi, en a-t-on proposé de multiplet modifications.

 

Dans tous les cas, la première difficulté à résoudre consistera séparer la santonine des résines qui l'accompagnent. En nous inspirant des travaux d'EDER et SCHNEITER, nous avons, en 1930, avec M. R. MOUTON, procédé à une purification de la drogue, c'est-à-dire à l'insolubilisation directe des résines dans le semen-contra avant de passer à l'extraction de la santonine.

 

Ce résultat est acquis au moyen d'une simple trituration de la poudre de semen-contra avec de l'ammoniaque ; dès lors le benzène, utilisé ensuite, n'entraîne plus que de la santonine peu souillée d'impuretés.

 

Après distillation du solvant, il suffit de faire cristalliser la santonine dans l'alcool à 15% en poids, de la recueillir et de la peser.

 

Mais si cette technique dite «à l'ammoniaque» est rapide et suffisamment précise pour le dosage d'un semen-contra renfermant plus de 1,75% de santonine, elle ne permet pas d'estimer les drogues de qualité inférieure ; en effet, elle comporte une inévitable correction de solubilité de la santonine dans l'alcool utilisé, correction qui peut être considérable puisque dans certains cas il faut ajouter, par calcul, un poids égal de santonine à celui réellement pesé.

 

Cet inconvénient interdit l'extension d'un tel procédé, par exemple à l'examen de drogues pauvres mais intéressantes néanmoins du point de vue de la répartition géographique des espèces.

 

En 1932, un auteur anglais, J. COUTTS, proposa une nouvelle méthode dans laquelle la purification ammoniacale était remplacée par une agitation de la solution extractive benzénique avec une solution aqueuse de carbonate neutre de sodium.

 

Le dosage se terminait par une pesée de la santonine régénérée de sa combinaison barytique par l'acide chlorhydrique. L'année suivante, avec M. Ch. ESTÈVE, nous avons indiqué qu'en conservant le traitement préalable à l'ammoniaque puis en appliquant la technique de J. COUTTS, on arrivait rapidement à des résultats très satisfaisants, aussi bien dans le cas de drogues riches que de drogues pauvres en santonine.

 

La Pharmacopée française a adopté cette technique et exigé pour le produit, officinal le titre minimum de 1,80% de santonine (nous avions demandé 1,70%).

 

Cependant, en 1932, 0. FERNANDEZ et L. SOCIAS avaient préconisé l'emploi de la dinitro-2-4-phénylhydrazine pour le dosage de la santonine ; or ce réactif était rare à cette époque et je n'avais pu l'expérimenter, mais, en 1936, il devint d'un emploi courant au laboratoire et avec M. M. MOUTON je pus montrer que par cette méthode on aboutissait à des résultats manifestement trop élevés par suite de la précipitation simultanée de composés carbonylés autres que la santonine.

 

Dans cette note nous avons décrit la dinitro-2-4-phénylhydrazone de l'artémisine, autre cétone voisine de la santonine et apporté une légère modification à la technique de 1933, consistant en un épuisement complet de la drogue au soxhlet, au lieu d'avoir recours à la macération.

 

Comme on le verra plus loin, le dosage de la santonine m'a permis, soit seul, soit en collaboration, de réunir quelques données sur les Artemisia de Perse et de préciser la toxicité relative du semen-contra et de la santonine.

 

En 1935, j'ai utilisé, en collaboration avec M. E. CIONGA, la dinitro-2-4-phénylhydrazine pour le dosage de la pyrryl- a-méthylcétone qu'il venait de découvrir dans la valériane et j'ai utilisé, en 1936, en collaboration avec M. M. MOUTON, le même réactif pour le dosage du camphre dans les teintures de camphre concentrée et faible du Codex.

 

En 1932, au cours de recherches sur le dosage des alcaloïdes du peyotl (Echinocactus Williamsii Lem.) nous avons été amenés, M. P. FAUDEMAY et moi, à isoler l'hordénine sous forme de silicotungstate.

 

En partant cette fois de l'hordénine elle-même, nous avons obtenu, avec une extrême facilité, la cristallisation du silicotungstate de cette base, propriété physique relativement rare chez de tels composés. De plus, son insolubilité permit de l'appliquer au dosage des solutions d'hordénine.

 

Tout récemment enfin, j'ai signalé à la Société de Pharmacie de Paris (séance du 3 juillet 1941) que, en collaboration avec M. A. MOREL, j'avais utilisé l'électrophotomètre de P. MEUNIER pour doser les dérivés anthraquinoniques libres et combinés dans les plantes qui en renferment, au moyen de la technique de MAURIN.

 

L'emploi de cet appareil permet de réduire la prise d'essai et d'aboutir au résultat cherché en deux heures environ.

 

Aux confins de la Pharmacie galénique et de la Matière médicale se placent les essais que j'ai réalisés sur les baumes, résines, gommes et gommes-résines.

 

Par l'intermédiaire de MM. Em. PERROT et A. GORIS, la possibilité me fut donnée, en 1934, d'analyser un baume du Salvador (dit baume du Pérou) authentique.

 

L'année suivante, avec M. S. SABETAY, nous avons déterminé l'indice de méthyle de quelques produits de référence : baumes, résines et drogues d origine animale telles que le castoreum, la civette et le musc.

 

Cet indice est à retenir et vient s'ajouter à la liste de ceux qui permettent de vérifier l'authenticité d'un échantillon et en particulier celle du baume du Pérou.

 

Mon collaborateur M. P. GONNABD ayant substitué, en 1937, à l'indice de méthyle trop général, celui de méthoxyle plus précis dans sa définition et son interprétation, nous avons ensemble, en 1938, rapporté les valeurs trouvées pour cet indice chez quelques gommes et principalement chez les gommes arabique et adragante.

 

D'une façon générale, les premières ont un indice très faible alors que les secondes ont un indice non négligeable dont on peut interpréter l'origine par la genèse même de la gomme.

 

En effet, d'après des travaux encore inédits, je pense pouvoir cependant affirmer qu'une gomme présentant un indice de méthoxyle nul ou très faible peut provenir seulement de la transformation de cellules à parois non lignifiées.

 

En matière médicale proprement dite, si étroitement liée à la Pharmacie galénique, j'ai étudié, en collaboration avec M. J. GAUTIER, quelques espèces d'Artemisia de Perse qu'il avait rapportées de sa mission en Iran (1930-1933).

 

Nous avons pu identifier ces espèces et y rechercher la santonine. Il est remarquable de constater que l'espèce iranienne d'Artemisia maritima L, qui fournit cependant au Turkestan russe le semen-contra officinal, est trop pauvre en santonine pour trouver un débouché légal sur le marché français.

 

M. RAMON MENDOZA, originaire de la Colombie, ayant récolté en son pays une plante connue sous le nom vernaculaire de Pinique-Pinique, depuis très longtemps utilisée, par les indigènes, contre le paludisme et les morsures de serpents, nous avons pu facilement l'identifier à Rauwolfia heterophylla Rœm et Schult et montrer, de plus, que cette Apocynacée n'était autre que le Chalchupa employé pour les mêmes indications au Guatemala.

 

Pendant ma présence aux Armées, sous la direction de M. R. PARIS, M. RAMON MENDOZA a poursuivi cette étude qui lui a permis d'acquérir, en 1940, le titre de docteur en pharmacie.

 

Enfin, dans un mémoire récent, M. R. GOUTAREL et moi avons précisé que la drogue connue au Brésil sous le nom de «Herba de Sao Joao», fournie cependant par les racines d'une Berbéridacée commune en ce pays : Berberis laurina Billb. ne pouvait être considérée comme un succédané du rhizome d'Hydrastis canadensis L.

 

Si elle contient effectivement une quantité importante de berbérine, elle ne renferme pas d'hydrastine, contrairement à ce qui avait été admis dans son pays d'origine.

 

En dehors de son emploi sous son propre nom, cet Hydrastis du Brésil n'est qu'une falsification du véritable hydrastis.

 

En pharmacodynamie, en plus des essais précédemment mentionnés sur la toxicité de l'aconit, de la ciguë ou du sclaréol, je citerai encore ceux effectués soit seul, soit en collaboration avec M. R. MOUTON sur la toxicité relative du semen-contra et de ses principaux constituants, dont la santonine en particulier.

 

En 1930, à l'origine d'un travail sur les substances hypoglycémiantes d'origine végétale, qui devait par la suite conduire M. J. LAURIN au doctorat de l'Université (mention sciences), nous avons ensemble retrouvé l'action hypoglycémiante de l'oignon Allium cepa L, signalée par J. R. COLLIP, mais ceci après stabilisation des bulbes soit par l'alcool à 95°, soit par la neige carbonique.

 

Lors de mon stage médical dans le service du Professeur A. CLERC, j'ai commencé à participer aux travaux de ce savant sur les alcaloïdes. Sous sa direction et en collaboration avec M. R. PARIS, nous avons apporté quelques précisions nouvelles sur l'action physiologique comparée du chlorhydrate de peyotline et du sulfate de mescaline que j'avais isolés de l'Echinocactus Williamsii Lem.

 

Puis, avec les mêmes auteurs, j'ai contribué, en 1937, à la connaissance de l'action pharmacodynamique d'une espèce botanique de catuaba du Brésil, différente de celle qui fournit les écorces renfermant le catuabol.

 

Il s'agit ici d'une petite plante herbacée ligneuse appartenant à la famille des Bignoniacées : Anemopœgma mirandum A. DC.

 

Toujours en collaboration avec MM. A. CLERC et R. PARIS, nous avons attiré l'attention sur les propriétés physiologiques d'une plante que j'avais rapportée de ma mission au Brésil : le Perobinha do Campo (Sweetia elegans Spreng, Papilionacées) remarquable par son action hypotensive.

 

En physiologie végétale, mettant à profit les connaissances chimiques du sclaréol, j'ai essayé pendant plusieurs années de suivre la localisation microchimique de cet alcool dans la hampe florale de la sauge sclarée : le sclaréol se trouve seulement dans les organes de la hampe florale, depuis le sommet jusqu'au niveau de la dernière paire de bractées, à l'aisselle desquelles se trouvent des glomérules.

 

Cet arrêt du sclaréol à ce niveau est très surprenant.

 

La localisation si curieuse du sclaréol représente, peut-être, un chimisme particulier à la hampe florale, témoin de son orientation physiologique vers la genèse des organes reproducteurs.

 

De même, en 1933, j'ai suivi, en collaboration avec Mlle M. BERNIER, la localisation microchimique des alcaloïdes dans le peyotl, puis démontré avec M. J. CHAZE, en 1934, que dans certaines conditions les alcaloïdes de la ciguë pouvaient exsuder de la plante, se volatiliser dans l'atmosphère où nous sommes parvenus à les caractériser.

 

La même année, au Congrès de Pharmacie de Liège, avec M. le Professeur Em. PERROT, nous avons présenté une mise au point «sur l'influence des engrais chimiques sur la teneur en alcaloïdes et en glucosides des plantes médicinales cultivées en France».

 

En 1934 également, j'ai commencé des recherches sur les substances excitant la croissance des végétaux. W. SCHOELLER et H. GŒBEL avaient publié en 1931 et 1932 que des extraits purifiés de l'urine de femelles gravides et, la b-folliculine favorisaient et hâtaient la floraison de quelques plantes.

 

Grâce à la générosité de M. A. GIRARD je pus disposer de quantités relativement importantes de folliculine, de dihydrofolliculine, d'équiline, d'équilénine et de corps de Marrian et vérifier partiellement les assertions des auteurs allemands.

 

En 1935, j'ai démontré que l'action de la folliculine et de l'équilénine, sur la croissance et la floraison de la jacinthe, était en réalité faible si l'on évitait de nombreuses causes d'erreurs et en particulier celles d'opérer sur un nombre trop restreint d'échantillons et au sein d'un milieu aussi hétérogène que la terre.

 

A cette époque, je suivais avec enthousiasme les remarquables travaux de F. KÖGL et de ses collaborateurs qui venaient d'aboutir à la découverte des auxines a et b et de l'hétéro-auxine ou acide indol-3-acétique, substances considérées à l'époque comme de véritables phytohormones de croissance.

 

En 1936, j'eus l'honneur d'exposer cette question devant la Société de Chimie biologique et d'y joindre quelques remarques personnelles portant surtout sur la définition d'une hormone végétale.

 

A mon avis, il faut réserver le mot de phytohormone : à toute substance chimique définie, engendrée par la plante elle-même et agissant à très faible dose, avec une polarité définie sur une manifestation physiologique précise.

 

On retrouve, ici, les trois conditions exigées pour les hormones animales : chimique, corps défini ; histophysiologique, polarité de transport ; et physiologique, élongation cellulaire par exemple.

 

Jusqu'alors, à part l'hétéro-auxine et l'acide  traumatique récemment découvert et tous deux encore sujets à des réserves, on ne connaît pas de véritables phytohormones.

 

En 1937, j'ai montré quel parti l'on pouvait tirer de la méthode des injections intracavitaires pour l'étude des phénomènes de croissance provoqués par l'injection de solutions aqueuses d'acide indol-3-acétique chez les végétaux à tiges creuses et segmentées.

 

N'ayant pu réaliser, par suite de la guerre, l'installation assurant toute la sécurité indispensable à la poursuite de ces études délicates sur les substances de croissance, je me suis, par contre, tenu au courant de l'énorme bibliographie relative à ce domaine et ceci avec l'aide de M. LACHAUX. Nous en avons donné, l'un et l'autre, la preuve récente dans un exposé critique fait, le 15 juillet 1941, devant la Société de Chimie biologique.

 

Personnellement j'ai traité des relations existant entre la structure chimique et l'activité des substances de croissance.

 

Dans un ouvrage, écrit sur ce sujet en collaboration avec M. LACHAUX et dont nous corrigeons actuellement les épreuves, on trouvera plus de 600 références.

 

En hydrologie, j'ai fait tout ce qu'il était en mon pouvoir pour augmenter nos connaissances sur les sources de Plombières, mon pays natal.

 

On sait que l'activité de ces eaux thermales, réputées depuis des siècles, peut se rapporter difficilement à leur très faible minéralisation, mais seulement dans une certaine mesure, à leur notable radio-activité.

 

C'est à la mesure de cette radio-activité que nous nous sommes attachés, MM. R. DELABY, R. CHARONNAT et moi-même pendant plusieurs années. Tout d'abord en 1929, avec M. R. DELABY pour la source des Arcades (résultats publiés en 1930) ; ensuite en 1931, 1932, 1933 pour les autres sources et en particulier la source des Dames.

 

Ces travaux se justifiaient soit par le captage de sources nouvelles, soit par l'amélioration de celui de sources anciennement connues.

 

Pour ces mêmes raisons la guerre nous a surpris, M. R. DELABY et moi, en 1939, à Plombières alors que nous mesurions la radioactivité des filons aqueux mis à jour par la démolition partielle de la piscine romaine.

 

Profitant de séjours antérieurs dans les Vosges, avec MM. R. DELABY et R. CHARONNAT, nous avons étudié la radioactivité de quelques sources froides des principaux sommets vosgiens.

 

C'est ainsi qu'en 1931 nous avons découvert dans les sources de la rivière Savoureuse qui jaillissent au sommet du Ballon d'Alsace, une des eaux les plus radioactives de France, faits que nous avons contrôlés en 1932 et 1933.

 

La source française indiquée alors comme la plus radioactive de France était celle de la Montagne, à Châteldon (Puy-de-Dôme), avec 106 mmc par litre. Le Ballon d'Alsace offre des sources abondantes dont la radioactivité est au voisinage de 90 mmc par litre et peut même s'élever à 106,3 mmc.

 

En 1935, dans un Congrès médical tenu à Plombières, nous avons résumé nos recherches communes jointes à celles de nos devanciers sur les caractères physico-chimiques dominants des eaux minérales de Plombières.

 

En chimie biologique, en dehors d'un travail exécuté en 1937, avec la collaboration de M. P. FAUDEMAY sur la constitution des lipides de la cantharide «de Russie» (Lytta vesicatoria Fb.) je dus me familiariser, pendant la guerre, avec le dosage des vitamines A, B1, C et D et contribuer ensuite aux travaux de M. Y. RAOUL sur ce sujet.

 

C'est ainsi que nous venons de publier une méthode de dosage de la vitamine A et du carotène dans le sang, basée sur l'action du chlorure d'antimoine en solution chloroformique pour la vitamine A et sur la coloration jaune initiale de l'extrait chloroformique du plasma pour le carotène, phénomènes étudiés au moyen de l'électrophotomètre de P. MEUNIER. Cette méthode paraît être dès maintenant suivie dans tous les laboratoires qui possèdent cet appareil.

 

Tel est brièvement résumé l'ensemble des recherches que j'ai poursuivies, pour la plupart, au laboratoire de Pharmacie galénique de la Faculté de Pharmacie de Paris en complet accord avec M. le Professeur A. GORIS.

 

Beaucoup de celles entreprises, en commun avec les élèves du Laboratoire dont l'éducation m'était confiée, ont été approfondies par ceux-ci en vue de la préparation de thèses de doctorat dont on a trouvé la liste au début de cet exposé. Quelques-unes des méthodes proposées ont été inscrites à la Pharmacopée de 1937.

 

Les encouragements ne m'ont pas manqué.

Tout d'abord la Société chimique de France m'a décerné le prix Adrian et la médaille Nicolas-Leblanc pour mes travaux sur le sclaréol ; ensuite l'Académie des Sciences m'a attribué, en 1939, le prix Houzeau et la médaille M. Berthelot pour mes recherches de Chimie végétale.

 

Enfin, c'est grâce aux subventions de la Caisse nationale des Sciences que j'ai pu consacrer tout mon temps au Laboratoire.

 

En tant que collaborateur de différents périodiques, j'ai, dans des articles, revues ou critiques de livres, attiré l'attention des lecteurs sur les actualités scientifiques les plus importantes dans quelques-unes des différentes disciplines qui trouvent leur application en pharmacie.

 

Enfin M. L.-G. TORAUDE a bien voulu m'associer à la refonte complète et à la mise à jour de la 3e édition des Notions pratiques de Pharmacie qu'il avait écrites en collaboration avec E. DUFAU.

 

Mon rôle dans l'enseignement se résume ainsi : assistant du Cours de Pharmacie galénique pendant onze années ; puis, maître de conférences de Sciences naturelles, chargé, depuis 1937, des conférences complémentaires de Botanique générale et des cours simplifiés de Pharmacie galénique et de Botanique aux étudiants démobilisés ou prisonniers libérés.

 

Enfin je n'aurai garde d'oublier qu'à plusieurs reprises M. le Professeur A. GORIS m'a fait l'honneur de me confier une partie de ses leçons : j'ai pu joindre ainsi l'enseignement à la recherche.

 

 

 

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