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Notice sur les titres et travaux
scientifiques
de
ORIENTATION GÉNÉRALE DES TRAVAUX ET RECHERCHES
Depuis
ma sortie de l'Ecole Normale en 1906, mon activité s'est partagée entre
l'enseignement de la Physique et des recherches, les unes de Science pure, les
autres relatives à ses applications dans divers domaines.
1— ENSEIGNEMENT.
Les
programmes de 1902 ont introduit dans l'enseignement secondaire des travaux
pratiques de physique et de chimie, dont la bonne exécution n'était guère
compatible avec les crédits qui leur étaient alors affectés. Le budget annuel
d'un laboratoire de lycée de province pour la physique et chimie et les
sciences naturelles se montait à 600 ou 800 francs ; le matériel était rare, le
courant électrique généralement produit par des piles.
Un
enseignement expérimental de la physique devait être, comme toute recherche
personnelle, précédé d'un aménagement du matériel et du laboratoire ; aussi,
dans chacun des lycées où j'ai exercé successivement, je dus monter avant tout
l'installation électrique indispensable. Pour suppléer à l'insuffisance des
crédits officiels et aboutir rapidement, je me suis adressé à d'anciens élèves
des lycées qui, en raison de leur situation dans l'industrie, m'apportèrent un
large concours. Grâce à cet appui, le lycée de Belfort était en 1912 doté d'une
installation électrique qui n'avait rien à envier à celles des grands lycées
parisiens et il me fut possible, tout en assurant un enseignement entièrement
conforme aux programmes, d'entreprendre diverses recherches et, avec l'aide de
l'Inspecteur Général CHASSAGNY, de tenter aussi quelques expériences
pédagogiques.
La
première fut l'installation d'un atelier où les élèves purent établir de petits
projets et les réaliser à l'aide d'outils et de machines simples. Ils purent
acquérir une dextérité manuelle qui — l'expérience l'a montré — leur fut d'un
grand secours dans les travaux pratiques de physique et chimie et aussi dans la
vie courante Ces travaux manuels, dégagés de toute préoccupation
professionnelle, obtinrent auprès des élèves, surtout de ceux des classes de
lettres, un succès qui conduisit à tenter la réalisation, pour le premier
cycle, d'une classe expérimentale, dans laquelle l'enseignement tiendrait le
milieu entre le cours pratiqué habituellement dans nos lycées et l'enseignement
par les travaux pratiques tel qu'il existe dans les pays anglo-saxons.
Les
aménagements nécessaires à cette expérience, commencés en 1914 grâce à
l'Inspecteur Général CHASSAGNY, furent arrêtés par les événements.
Mis en
1915 à la disposition de la radiotélégraphie militaire pour la réalisation d'un
dispositif de réception des signaux de T. S. F. sur les avions, j'ai effectué
divers travaux mentionnés plus loin.
En 1921,
nommé professeur-adjoint au Conservatoire des Arts et Métiers, chargé des cours
de travaux pratiques de Physique Générale, j'ai assuré aux côtés de M. le
professeur LEMOINE, soit ces fonctions, soit la préparation du cours de physique.
En 1922,
déjà collaborateur du Service technique de l'Aéronautique, il me fut possible
de reprendre certaines recherches concernant l'Aéronautique et de les
développer largement en collaboration avec MM. MAGNAN et PLANIOL, grâce au
concours du Sous-Secrétariat de l'Aéronautique.
En 1925,
M. le Professeur LEMOINE ayant assuré lui-même la direction du cours de travaux
pratiques, j'acceptai d'être chargé uniquement de la préparation du cours de
Physique Générale, ce qui me permit de continuer dans son laboratoire mes
recherches en cours d'exécution.
Ma
nomination entre 1925 de Directeur-Adjoint du Laboratoire d'Aviation de l'Ecole
des Hautes-Etudes m'a permis de mener à bien de nombreuses études concernant
l'aéronautique, le vol des oiseaux et aussi la balistique. Les publications des
résultats de ces études ont été reproduites dans diverses revues étrangères,
parmi lesquelles je citerai le Bulletin du N. A. C. A. (National Advisory
Committee for Aeronautics) américain, la Revue d'Artillerie Italienne.
Durant
les quatorze années que j'ai passées à ses côtés, le Professeur LEMOINE a bien
voulu me laisser une très grande initiative dans la préparation de nombreuses
expériences qui accompagnaient ses cours et même parfois orienter ces cours
pour tenir compte des possibilités expérimentales dont nous disposions.
C'est
ainsi que certains de nos travaux ont donné lieu à des expériences inédites et
d'un intérêt pédagogique certain ; je citerai seulement la Stroboscopie,
réalisée au Cours en projection d'une de mes «toupies» pesant 800 gr. et
tournant à 100.000 tours par minute.
Ce sont
des expériences de ce genre, dans lesquelles la physique est appliquée plus
spécialement à la mécanique, que je répète chaque année dans une série de conférences
que je fais au Conservatoire des Arts et Métiers, aux maîtres ouvriers des
écoles techniques de la Ville de Paris.
Enfin,
j'ai participé à la direction de divers travaux effectués par des élèves du
Conservatoire ou de l'extérieur.
C'est
ainsi que le diplôme d'études de M. MARTINOT-LAGARDE et sa thèse de doctorat
ont été inspirés en partie par mes recherches.
Ces
recherches ont commencé il y a plus de trente ans, en 1902, par la construction
d'un avion à ailes battantes pesant 2 kilogrammes qui réussit un vol de plus de
15 mètres.
Après ma
sortie de l'Ecole Normale, grâce aux moyens fournis par l'organisation du
laboratoire des lycées, j'ai pu entreprendre divers travaux concernant des
applications de la physique à l'enseignement ou à l'industrie.
En 1913
je construisis, dans le but de répéter l'expérience de FOUCAULT, sur la mesure
de la vitesse de la lumière par le miroir tournant, une turbine à air comprimé
sans axe solide qui atteignit la vitesse de 3.400 tours par seconde : ce fut le
point de départ des travaux repris en 1925 en collaboration avec M. HENRIOT, et
qui nous amenèrent à cette époque à dépasser la vitesse de 11.000 tours par
seconde ; en 1930, le Dr BEAMS, en Amérique, avec notre méthode, a porté cette
vitesse à 20.000 tours par seconde.
En 1911,
une étude sur les manomètres métalliques, faite en vue d'établir une
manipulation, aboutit d'une part à un manographe utilisé par les élèves de
l'atelier du lycée, d'autre part à un accéléromètre employé en 1914, en
collaboration avec ALFRED KOECHLIN, petit-fils du fondateur de la Société
Alsacienne de constructions mécaniques, à la mesure des accélérations de
freinage et de dérapage des automobiles.
Les
travaux accomplis depuis 1926 en collaboration avec MM. MAGNAN et PLANIOL
furent inspirés par cette étude.
En 1914,
les moyens déjà étendus dont disposaient le laboratoire et l'atelier du lycée
de Belfort permirent de réaliser quelques appareils destinés à la Défense
Nationale, viseurs pour lancement de projectiles par avions, lance-grenades,
électro-aimant pour l'extraction des projectiles magnétiques, appareil pour le
repérage radioscopique des projectiles.
En 1915,
n'ayant pu réussir à m'engager, je travaillai quelque temps avec M. LEMOINE au
laboratoire de M. LE CHATELIER. Je fus ensuite autorisé par mon maître, M.
ABRAHAM à collaborer avec M. A. DUFOUR au Laboratoire de l'Ecole normale
supérieure, à diverses recherches concernant tout d'abord le repérage des
canons par le son. En même temps, fut imaginée, avec M. DUFOUR, une méthode
optique de réception des signaux de T. S. F. à bord des avions. Le général
FERRIE me demanda pour mettre au point un dispositif basé sur cette méthode. Je
trouvai, au laboratoire de l'Ecole normale, des moyens de travail qui permirent
de mener à bien de nombreuses études : repérage par le son, T. S. F. en avion,
interrupteur à haute fréquence, démarreur de moteur d'avion, fusée à réaction,
obus à longue portée, explosif à grande densité, laboratoire aérodynamique à
grande vitesse, équilibrage automatique des projectiles, etc.
Je fus
chargé ensuite de recherches concernant les projectiles par l'artillerie navale
jusqu'en 1919.
En 1920,
le Service technique de l'Aéronautique me demanda d'établir les appareils de
mesure de la grande soufflerie aérodynamique d'Issy-les-Moulineaux. Je
construisis la même année, en collaboration avec M. BONNEUIL, la première
montre électrique renfermant dans un boîtier de format usuel son mouvement et
la pile qui l'actionne.
Nommé en
1921 Professeur-Adjoint du Conservatoire des Arts et Métiers, j'ai pu depuis
exécuter de nombreuses recherches soit seul, soit principalement en
collaboration avec MM. MAGNAN et PLANIOL. Mes travaux ont porté sur la mesure
des mouvements rapides de l'atmosphère, en ce qui concerne surtout leur rapport
avec le vol des oiseaux et la fatigue des charpentes d'avions. Divers appareils
nouveaux ont été créés, dont certains sont devenus d'un emploi courant, tel
l'accélérographe H. M. P. utilisé par les aéronautiques étrangères et aussi par
les Compagnies de Chemins de fer.
Un
manographe pour l'étude des pressions rapidement variables, un cinématographe
ultra-rapide, une nouvelle méthode d'enregistrement des phénomènes physiques,
appliquée à deux nouveaux procédés d'enregistrement des sons, une centrifugeuse
à très grande puissance, sont issus de ces recherches de physique appliquée,
dont l'origine s'est fréquemment trouvée dans une expérience de cours, comme aussi
beaucoup d'expériences de cours proviennent des recherches elles-mêmes.
Il ne me
paraît pas possible de concevoir un enseignement concret de la physique
générale sans ses applications, ni un enseignement de la physique appliquée
sans un solide exposé de la physique générale, groupant dans les mêmes lois des
phénomènes en apparence sans aucun lien.
Aussi
suis-je en contact permanent avec la vie industrielle, soit par ceux de nos
élèves qui ne cessent pas de fréquenter le laboratoire, soit par les artisans,
techniciens ou industriels qui viennent y chercher une suggestion, ou un
conseil.
Dans
l'exposé détaillé qui suit, divisé en plusieurs chapitres, dont chacun se
rapporte à un ordre de recherches, certains travaux n'ont donné lieu à aucune
publication, soit que ces travaux restent en cours d'exécution, soit qu'ils
touchent à des questions relatives à des applications d'ordre militaire, soit
enfin qu'ils aient été effectués avec le concours d'industriels tenus par la
nécessité de conserver, tout au moins momentanément, la propriété des résultats
acquis.
J'ai été
amené à prendre, soit seul, soit en collaboration, de nombreux brevets
d'invention, tant en France qu'à l'Etranger. La plupart d'entre eux n'ont
constitué qu'une prise de date ou une simple publication, avant que le
développement des recherches ait permis un exposé scientifique des résultats
acquis.
La liste
de ces brevets est donnée plus haut : j'ai estimé qu'au Conservatoire des Arts
et Métiers l'enseignement de la Physique générale dans ses rapports avec
l'Industrie n'a pas à dissimuler la contribution qu'il s'efforce d'apporter à
nos industries dans la lutte pour le progrès et contre la concurrence
étrangère.
Mots clefs : accélérographe / accéléromètre / aérodynamique / aéronautique /
appareil / application / atelier / avion / centrifugeuse / chimie / conservatoire / dispositif / école /
électrique / enseignement / étude / expérience / industrie / laboratoire / lycée / manographe /
manomètre / matériel / mécanique / mesure / méthode / métiers / physique / pile / projectile /
radiotélégraphie / recherche / science / stroboscopie / travaux / vol / huguenard
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