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SUR
FAVRE (Pierre-Antoine), né à
Lyon, le 20 février 1813, docteur en médecine de la Faculté de Paris (1835), a
fait preuve d'une véritable passion pour les sciences physico-chimiques.
Après avoir suivi, en 1840, les
mémorables leçons de M. Dumas, à l'École de médecine, il quitta la carrière du
praticien ; il fut admis au laboratoire particulier de M. Peligot, et, tout en
assistant son savant maître dans ses importantes recherches sur l'Uranium, il
put donner beaucoup d'extension à ses études chimiques.
Lorsque M. Peligot fut nommé
professeur de chimie générale au Conservatoire des arts et métiers, il devint
le préparateur officiel de son cours.
De cette époque datent ses
premières recherches personnelles et ses publications de chimie.
Nous citerons les Notes ou
Mémoires suivants :
Recherches sur l'équivalent du
zinc. — Recherches sur la mannite et l'acide lactique. — Recherches sur la
dessiccation des gaz. — Sur quelques carbonates doubles ammoniacaux. — Sur un
nouveau chlorure de cuivre. — Sur un nouvel oxyde de cuivre, dit intermédiaire
(en commun avec M. Maumené).
Bientôt, il entreprit et
publia, en collaboration avec J. T. Silbermann alors préparateur du cours de M.
Pouillet, au Conservatoire des arts et métiers, cette longue série d'importantes
recherches thermochimiques, qui sont devenues classiques.
Elles ont paru dans les Annales
de Chimie et de Physique (3e série, tom. XXXIV-XXXVI et
XXXVII, années 1852 et 1853) et constituent une publication de 250 pages avec planches.
Ainsi, deux fonctionnaires
modestes et d'ordre subalterne, mais dépendant de chefs bienveillants, purent,
avec un zèle infatigable, mener à bonne fin un travail de longue
baleine, de nature à intéresser vivement, à la fois, les physiciens et les chimistes.
Ils ont donc bien répondu aux desiderata
de l'Académie, qui avait fondé un prix sur ces sujets de recherches.
Ces travaux ont porté : 1° sur
les chaleurs de combustion d'un grand nombre de corps simples ou composés,
minéraux et organiques, par la méthode des combustions vives, à l'aide de leur
calorimètre à eau.
Dans un important
Mémoire sur le poids atomique du carbone, MM. Dumas et Stas, en rectifiant
les nombres trouvés par Berzélius et Dulong, avaient prouvé que le
carbone, quel que fût son état, et le diamant lui-même, brûlant, au rouge, dans un
courant d'oxygène sec, en excès, donnaient naissance à une certaine
quantité d'oxyde de carbone, dont il fallait tenir compte pour la rigueur des
expériences.
MM. Favre et Silbermann pensèrent
que cette circonstance avait pu altérer la réalité du nombre trouvé par Dulong, pour la
chaleur de combustion totale du carbone.
Ayant déterminé, préalablement,
la chaleur de combustion de l'oxyde de carbone, ils purent calculer, d'après
la proportion de ce gaz trouvée dans les combustions des diverses variétés de
carbone, effectuées dans leur calorimètre, la chaleur de combustion du carbone
se convertissant, tout entier, en acide carbonique.
Les auteurs ont constaté ce
résultat important : que le carbone, dans ses divers états allotropiques,
fournit, par sa combustion, des quantités de chaleur notablement différentes.
Plus tard, M. Favre seul, et
par l'emploi d'autres méthodes, démontra qu'il en était de même pour les divers
états allotropiques du phosphore, du soufre, etc.
La chaleur de combustion de
l'hydrogène a fourni à MM. Favre et Silbermann des résultats qui s'accordent
sensiblement avec ceux de Dulong, bien que fournis par une méthode
différente, très ingénieuse, puisqu'elle consistait à évaluer uniquement le
poids de l'eau formée et non le volume des gaz.
Passant aux carbures
d'hydrogène et à diverses substances organiques, appartenant à des séries
homologues, ils démontrèrent qu'il fallait renoncer à une loi
entrevue par Dulong, d'après laquelle on admettait que la chaleur de combustion
d'un carbure d'hydrogène représentait la somme des chaleurs du carbone et
de l'hydrogène, eu égard à leur proportion.
Or, cette circonstance ne se
présente, qu'exceptionnellement, pour le gaz oléfiant (éthylène).
La loi de Welter,
admettant la proportionnalité entre l'oxygène absorbé et la chaleur produite, ne
pouvait plus être considérée comme exacte.
Les carbures d'hydrogène
isomères et, de même, les composés organiques ternaires, isomères, ne possèdent
pas la même chaleur de combustion.
Il a fallu renoncer, aussi, à
la loi, d'après laquelle on croyait pouvoir calculer la chaleur de- combustion
d'une matière organique oxygénée, ou d'un combustible, connaissant sa
composition élémentaire et la chaleur de combustion de l'hydrogène et
du carbone, considérés isolément, après avoir défalqué l'hydrogène et
l'oxygène correspondant à leurs proportions dans l'eau.
Les auteurs ont donné des lois
pour l'accroissement de la chaleur de combustion, correspondant aux divers
termes d'une même série homologue (série des acides gras, série des éthers
composés, série des carbures d'hydrogène).
Ces lois sont très simples,
surtout en rapportant les chaleurs aux équivalents chimiques.
On voit, de nouveau, par ces
résultats, que les corps isomères ne sont pas isothermes, c'est-à-dire ne
possèdent pas la même chaleur de combustion.
Dans la deuxième partie de ces
recherches, on trouve des déterminations de la chaleur qui accompagne la
décomposition de certains corps, appelés, depuis, explosifs, ou endothermes, à
travail négatif, d'après la nouvelle nomenclature de M. Berthelot.
Citons, notamment, la chaleur
de décomposition du protoxyde d'azote et quelques déterminations calorifiques,
correspondant à des modifications survenues dans l'état moléculaire des corps.
Une troisième partie comprend
une foule de déterminations thermiques, réalisées à l'aide d'un nouveau
calorimètre à mercure, très ingénieux et que l'on a pu appeler un thermomètre à
calories.
Les auteurs sont arrivés à
déterminer, par voie humide, un grand nombre de chaleurs de combinaisons chimiques, à
l'aide d'équations dans lesquelles interviennent, avec leurs signes,
diverses actions calorifiques connues d'avance et d'où l'inconnue peut être
dégagée.
L'ensemble de ces nombreux
résultats montre l'importance de l'intervention de l'élément thermique, qui
tend, de plus en plus, à remplacer la notion un peu vague de l'affinité.
Les tableaux de ce que les
auteurs ont appelé les équivalents calorifiques (c'est-à-dire la chaleur de
formation de l'équivalent chimique de la combinaison) et l'emploi de leurs
modules pré-sentent un grand intérêt.
Ainsi le module des métalloïdes
exprime le nombre constant de calories à ajouter ou à soustraire de
l’équivalent calorifique d'un oxyde métallique, par exemple, pour
passer à l'équivalent calorifique du chlorure, bromure, etc., du même métal.
Il convient de ne pas confondre
les équivalents calorifiques des auteurs avec ce que M. V. Regnault avait
appelé les équivalents thermiques.
Ceux-ci sont les équivalents
déduits de la seule considération des chaleurs spécifiques, conformément à la
loi de Dulong.
On sait quelle extension M.
Berthelot a donnée, depuis, a ces résultats, en prouvant, de plus en plus,
l'importance des déterminations thermiques en chimie. Les recherches thermochimiques
ont, d'ailleurs, occupé plusieurs savants distingués.
Lavoisier et Laplace en
avaient, les premiers, compris l'importance et avaient tenté quelques déterminations, en
employant le calorimètre à glace.
Dulong entra, depuis, dans
cette voie, en recourant a des méthodes plus perfectionnées.
Parmi les travaux plus
modernes, nous citerons ceux de MM. Andrews, Abria, Hess, etc., et, surtout, de
M. Thomsen.
Le calorimètre à mercure de
Favre et Silbermann leur a permis de déterminer les chaleurs spécifiques et
latentes de divers corps.
II leur a servi, également, à
déterminer les effets thermiques dus à la condensation des gaz par les corps
poreux, tels que le charbon de bois.
On sait que Mitscherlich était arrivé à
conclure, d'après la condensation de l'acide carbonique que ce gaz devait
exister à l'état liquide dans les pores du charbon.
Plus tard, Favre, seul,
grâce aux facilités qui lui furent accordées par M Dumas, dans son
laboratoire de la Sorbonne, put étudier à l'aide du calorimètre à mercure, la
chaleur latente de volatilisation de l’acide sulfureux du protoxyde
d'azote liquides et de l'acide carbonique solide.
Or, la chaleur dégagée par
l'absorption de l'acide sulfureux et de l’acide carbonique par le charbon,
dépasse leur chaleur latente de liquéfaction.
Il resterait donc encore une
part à faire à l'action des cellules sur le gaz amené a l’état liquide.
Dans ses derniers travaux,
Favre a étudié l'action thermique développée par l'absorption de l'hydrogène parle
noir de platine.
Ayant étudié, également, l’action de
l’hydrogène électrolytique sur le palladium, constituant l’électrode négative d'un
voltamètre, il constata que les deux phénomènes n’étaient pas comparables et
que l'effet thermique obtenu confirmait les vues de illustre Graham sur une
combinaison véritable du métal hydrogénium avec le palladium.
Nommé, au concours, agrégé de
la Faculté de médecine de Paris en1843, Favre reçut, dans le laboratoire
particulier de M. Andral (de l’Institut), une généreuse hospitalité et, tout
en assistant ce savant médecin dans quelques-unes de ses recherches médicophysiologiques,
il put continuer d'importants travaux de thermochimie.
En 1851, il fut nommé chef des
laboratoires de chimie analytique à l'Ecole centrale des arts et manufactures,
place laissée vacante par M. Würtz, appelé à la chaire de chimie de l'Institut
agronomique de Versailles.
Il put y continuer ses travaux
dans un petit laboratoire qu'avait autrefois occupé M, Dumas, et où cet
illustre professeur-fondateur de l'Ecole Centrale avait été visité par
Mitscherlich, venu à Paris, alors que notre honoré Président s'occupait de ses
belles recherches sur les densités de vapeur.
En même temps, Favre continuait
ses fonctions d'agrégé à l'Ecole de médecine, qu'il a remplies pendant neuf
ans.
Vers la fin de son exercice, il
suppléa M. Orfila dans son cours de chimie médicale à la Faculté de médecine de
Paris.
Les thèses de Favre pour le
doctorat ès-sciences physiques (1853), contenant, toutes deux, des recherches
originales et personnelles, firent sensation.
La thèse de physique
introduisait un élément nouveau pour la théorie chimique de la pile, à la
faveur d'expériences aussi ingénieuses que rigoureuses, en faisant intervenir
la pile comme partie intégrante du nouveau calorimètre à mercure.
Les idées de Joule, restées,
pour ainsi dire, inconnues, ou non accueillies parles physiciens, recevaient
une consécration inattendue par des expériences rigoureuses.
Favre arrivait à expliquer avec
une grande simplicité, et comme conséquence de ses déterminations thermiques,
l'impossibilité connue de décomposer l'eau, à l'aide d'un seul élément de Smée
et rendait compte des effets énergiques de la pile à deux liquides.
La thèse de chimie avait trait
à la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques, formées en proportions
multiples.
Pour ces recherches, effectuées
par voie humide, à l'aide du calorimètre à mercure, l'auteur faisait
fréquemment usage de l'acide hypochloreux dissous, comme agent d'oxydation.
Dans ce même Mémoire, l'auteur
étudiait, aussi, la chaleur de combustion des états allotropiques du phosphore,
du soufre et quelques actions thermiques dues aux composés dits explosifs, soit
à travail négatif ou endothermes, suivant les expressions employées, depuis,
par M. Berthelot.
Nommé, en 1854, professeur de
chimie à la Faculté des sciences de Besançon, comme successeur de M. H.
Sainte-Claire-Deville, appelé à l'Ecole normale supérieure, comme maître de
conférences de chimie, Favre passa, à la fin de la même année, à la Faculté des
sciences, de nouvelle création, à Marseille et prit possession, en 1855, du
beau laboratoire de chimie, dont la Ville fit, en partie, les frais.
Il a continué à professer et à
travailler, jusqu'au moment où ses forces l'ont abandonné.
D'importants travaux prirent
naissance dans le laboratoire précité.
Deux fois lauréat de l'Académie
des sciences, Favre fut nommé, en 1863, correspondant de cette Académie, pour
la section de chimie.
La croix d'honneur lui avait
été décernée, dès ses débuts à la faculté de Marseille.
En 1868, la Section de physique
le plaça sur sa liste de présentation, à la suite de la. vacance survenue dans
son sein, par le décès de M. Pouillet.
Quoique non résidant, et absent
de Paris, à ce moment, il obtint un certain nombre de voix.
Les recherches les plus
importantes de P. A. Favre, de 1856 à 1865, distribuées dans un grand nombre de
fascicules des Comptes rendus de l'Académie, ont été réunies par l'auteur, en
un seul faisceau et développées dans un Mémoire intitulé :
«Sur la transformation et
l'équivalence des forces chimiques,» inséré, par décision de l'Académie,
dans le Recueil des savants étrangers.
L'impression, à l'Imprimerie
nationale, fut terminée en 1875.
Ces travaux d'ensemble ont valu
à l'auteur le grand prix Lacaze (chimie), qui lui fut décerné, par l'Académie
des sciences, en 1875.
L'Académie lui avait déjà
décerné le prix Jecker, en 1869.
L'Académie de médecine l'avait
nommé l'un de ses associés.
Depuis longtemps, il était
correspondant de la Société philomathique, membre non résidant du Conseil de la
Société chimique de Paris.
Il avait été élu correspondant
du Conseil de la Société d'encouragement, pour le comité des arts physiques et
économiques.
Dans les travaux précédemment
exposés, l'auteur avait établi l'équivalence du travail chimique et de la
chaleur qui reste en place, d'après son expression.
Dans les travaux dont il va
être, maintenant, question, il fait intervenir les phénomènes électrodynamiques.
La chaleur mise en jeu, dans
cet ordre de-phénomènes, est transmise au dehors et est employée à effectuer un
travail déterminé.
Comme le dit l'auteur,
lui-même, il a démontré, expérimentalement, la conversion du travail chimique
en travail électrodynamique et le retour de ce dernier au travail chimique.
Une très belle expérience,
réalisée à l'aide de dispositions ingénieuses, lui a permis d'établir
«l'équivalence des diverses transformations de la chaleur, de telle sorte que,
partant d'un phénomène qui développe une quantité déterminée de travail moteur,
exprimée en calories, la quantité de chaleur, mise en liberté, sera toujours la
même, lorsque le travail moteur sera détruit, quelles que soient les
différentes transformations qu'il aura pu subir.»
L'auteur arrive à déterminer
l'équivalent mécanique de la chaleur, qu'il trouve égal à 413 kilogrammètres,
par une méthode qui diffère de celle employée par d'autres physiciens.
Il montre que le travail des
affinités chimiques peut être exprimé en kilogrammètres.
Les expériences ont été faites
avec deux calorimètres, dont l'un recevait la batterie voltaïque ; le second
recevait un moteur électromagnétique, construit ad hoc, par Froment,
lequel était actionné par la pile et soulevait un poids extérieur.
Les limites de cette Notice ne
nous permettent pas d'entrer dans plus de détails ; on pourra recourir, soit au
Mémoire original de l'auteur, soit à l'exposé, admirable de lucidité, de ces
travaux de Favre dans la belle leçon professée par feu Verdet, à la Société
chimique de Paris, sur la Théorie mécanique de la chaleur et publiée en 1862.
Ce savant éminent rend
pleinement justice à la sagacité et à l'habileté expérimentale du professeur de
Marseille.
Les recherches de Favre sur les
courants hydroélectriques ont été publiées, de 1854 à 1860, dans les Comptes
rendus de l'Académie des sciences.
L'auteur s'y montre partisan de
la théorie des hydracides de H. Davy.
Dans un de ces Mémoires (Comptes
rendus, t. XLVI, p. 658), l'auteur, tout en faisant l'étude de diverses
résistances, établit que l'aimantation du fer doux par le courant voltaïque
absorbe une certaine quantité de chaleur, empruntée aux actions chimiques de la
pile
«Aujourd'hui, dit
l'auteur, je prouve expérimentalement que l'aimantation nécessite une
certaine quantité de travail, qui dépense de la chaleur empruntée à la pile et
je fais connaître, assez approximativement, la part relative qu'il faut lui
faire au milieu des résistances de l'électromoteur.»
Ce résultat important aurait
mérité un mémoire entièrement distinct.
Du reste, dans son Mémoire sur
la transformation et l'équivalence des forces chimiques (Recueil des savants étrangers, 1875), Favre
a donné, à son chapitre IV, le titre suivant : Chaleur empruntée à l'actionchimique de la
pile pour produire l'aimantation
Le phénomène inverse a été, plus
tard, constaté par une expérience très brillante de M. Jamin, qui a démontré
le dégagement de chaleur très marqué qui accompagne la désaimantation brusque du fer.
Sous le titre de : Recherches
sur la dissociation cristalline, Favre a publié, dans ces dernières années,
une série de Mémoires de thermochimie, en collaboration avec son digne ami et
confrère, M. Valson, alors professeur à la Faculté des sciences de Grenoble.
Ces recherches ont paru dans
les comptes rendus de l'Académie des sciences (1873 et 1874).
Elles se rapportent aux effets
thermiques dus à la dissolution des sels dans l'eau et aux changements de
volumes qui en résultent.
Quelques recherches dans la
voie de la chimie physiologique témoignent encore de la sagacité de Favre sur
ce nouveau terrain.
En 1853, il commença, sous les
auspices du Dr Louis Jecker, qui fut son collaborateur et son ami, des
recherches qui ont été publiées après la mort de ce protecteur des sciences,
dont l'Académie a pu apprécier les bienfaits.
Ce Mémoire, inséré
intégralement dans les Archives de médecine (1853) et, par extrait, dans
les comptes rendus de l'Académie, avait pour titre : Recherches sur la
composition de la sueur de l'homme.
L'auteur démontre, dans cette
sécrétion, la présence de l’acide lactique, analysé dans son sel de zinc
cristallisé, d'un nouvel acide azoté, l'acide sudorique, de l’urée, extraite à
l'état cristallisé, etc.
Des recherches sur la variation
des principes constituants de l'urine des goutteux sont restées inachevées, par
suite de la mort de M. Jecker, mais un résultat était déjà acquis, pour le
malade examiné, savoir : la diminution de l'acide urique avant l'accès et son
augmentation à la fin de l'accès et après.
En 1872, Favre avait été nommé
doyen de la Faculté des sciences de Marseille.
En 1875, M. le Ministre des
finances le nomma chef du laboratoire de chimie de l'Administration des
douanes, créé à Marseille.
Depuis plusieurs années et,
avant les désastres de la patrie, Favre avait organisé le laboratoire des
hautes études à la Faculté des sciences de Marseille, avec l'appui d'un
Ministre bienveillant, dont nos Facultés conservent le souvenir.
Il y avait formé, encore, de
nouveaux élèves, devenus, depuis, ses collaborateurs et dont il était aimé et
respecté.
Je crois ne pas devoir oublier
de mentionner, dans cette Notice, quelques travaux de Favre sur le terrain de la
chimie industrielle.
Pendant quelques années, de
1845 à 1849, il avait été le chimiste de l'Administration des salines de l'Est
et, en cette qualité, souvent chargé d'analyses diverses.
Il résida, même, pendant
quelques mois, à l'usine de Dieuze.
Envoyé en mission, en
Angleterre, par l'administration de ces salines, il rapporta un journal
technologique de son voyage d'exploration, qui ne fit qu'augmenter la
bienveillance que lui témoignaient M. de Grimaldi, administrateur
des salines, et feu M. Becquerel, l'illustre physicien, alors conseil de
cette Administration.
Consulté, en 1844, par un grand
fabricant de conserves alimentaires (préparées parle procédé d'Appert) sur les
altérations survenues dans les produits, fabriqués, cependant, avec grands
soins, il découvrit, après beaucoup d'expériences, que l'altération n'était pas
due à l'imperfection de l'occlusion des boîtes, ou à un défaut d'étanchéité
des parois, mais bien à l'insuffisance d'une température de 100° pour assurer
la conservation et détruire les ferments.
Il prescrivit l'emploi de bains
d'eau saturée de sel marin, ou d'autoclaves.
Depuis lors, le fabricant n'eut
plus à constater l'altération des légumes préparés, altération qui
s'était produite sur une grande échelle et dont il ne pouvait se rendre compte.
Enfin, à Marseille, il indiqua
les moyens de bien débarrasser les pétroles bruts de leur partie volatile et fit
des expériences photométriques sur les meilleures lampes à mèches
cylindriques, alimentées par l'huile lourde de pétrole.
Ces expériences ont été
confirmées par celles qui furent effectuées par le service de la vérification du
gaz à Paris.
Elles indiquèrent la valeur vénale de
l'unité de cette lumière, comparée à celle fourme par les huiles grasses
végétales épurées et à celle du gaz de houille, ordinaire, à pouvoir éclairant
moyen, brûlant dans les meilleures conditions.
Vers la fin de 1878, la santé
de Favre, gravement altérée, l'avait obligé à suspendre son cours et ses travaux.
Bientôt, en 1879, il se crut
obligé de faire valoir ses droits à la retraite. Elle lui fut accordée
et il fut nommé professeur honoraire, par arrêté ministériel, puis doyen
honoraire, par décret.
La carrière scientifique de P.
A. Favre, démontre tout ce que peut la passion de la science, associée à la
sagacité du chercheur.
Sans avoir appartenu à l'Ecole
polytechnique, ou à l'Ecole normale, dont l'enseignement élevé prépare
la jeunesse aux travaux scientifiques, Favre, simple volontaire de la
science, est arrivé, par sa persévérance et son mérite, après de dures
épreuves, à une position scientifique élevée et a joui d’une considération
légitime.
Il a succombé, le 17 février
1880, à Saint-Barthélemy, près Marseille, après une longue et douloureuse
maladie, entouré par sa femme, sa fille, veuve, et son petit-fils, qui le
chérissaient.
Ses funérailles ont réuni un
grand nombre de personnes.
Le recteur t les membres de
l’Académie d’Aix, le doyen et les professeurs de la Facultés des sciences et de
l’Ecole de médecine de Marseille, l’ont accompagné à sa dernière demeure, dans
un douloureux recueillement
Pour obéir à ses dernières
volontés, empreintes, comme toute sa vie, de simplicité et de modestie, aucun
discours n’a été prononcé sur sa tombe.
Dans la séance de l’Académie
des sciences du 23 février dernier, notre illustre Président, en annonçant la
mort de ce digne collègue, a prononcé quelques paroles émues, pour rappeler les
circonstances de sa carrière scientifique et la valeur de ses travaux.
Il a terminé par ces mots :
« L'Académie perd, en M. Favre, un de ses correspondants les plus dévoués,
les plus laborieux et les plus dignes de regrets, par le caractère,
autant que par les talents et les services.»
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