Au cours d'une expédition en 1956 aux îles de Madagascar et de La Réunion, le Prof. H. des Abbayes a récolté des échantillons de lichens du genre Siphula.

Il m'a, par la suite, proposé de les déterminer.

Le genre Siphula est en effet mal connu ; les publications le concernant sont nombreuses et éparses ; les espèces du genre Siphula sont en nombre assez restreint mais existent sur tous les continents où elles sont relativement localisées.

J'ai donc été amenée à étudier les espèces africaines que j'ai pu me procurer et les récoltes du Prof. H. des Abbayes dans lesquelles se trouvent deux espèces nouvelles.

HISTORIQUE

FRIES, 1824 crée le nom de genre Siphula pour le substituer à celui de Dufourea Ach. (in LUYKEN, 1809) : "Siphula est Dufourea Ach., aliud enim genus Dufoureae inter plantas phanerogamas".

Mais en 1820 FRIES a déjà remplacé Dufourea Ach. par le genre Siphonia.

Il propose (1821) un "Conspectus Lichenum » et donne une liste de genres de transition parmi lesquels « Siphonia (Dufourea Ach, ex em. emellan Discoidei och Cephalodei).

Siphonia Fr. est donc synonyme de Dufourea Ach. (1810) qui possède plusieurs homonymes chez les phanérogames dont Dufourea Bory.

Puis en 1825, FRIES définit le genre Siphula sans mentionner d'espèce : « Apothecium disciforme, disco aperto aequabili apicibus thalli subinflatis innato, excipulo thallode obliterato vix marginante. Thallus undique concolor, membranaceus, intus stuppeus subfistulosas (Rupestre l. terrigenae) .

H.L. Dufoureae Ach., quod nomen, consentiente ipso Cel, Dufoureo, ad homonymon phanerogumum genus aptius reseruatur. Discus coloratus »

Cette diagnose correspond au genre Dufourea Ach., 1810 et ne se rapporte pas au genre Siphula tel qu’on l’entend actuellement.

Le premier nom d’spèce associé au genre Siphula est S. maareporiformis DUBY, 1830. En 1831, FRIES reprend la définition du genre Siphula : « Apothecia in apicibus thalli tumescentibus inclusa, clausa, demum poro pertusa laceroque-dehiscentia. Nucleus globosus, dein explanatus, cum ascis disparens. Thallus verticalis , radiculosus ! fruticulosus, intus farctus stuppeus ».

Il est surprenant que Fries cite en référence son travail antérieur de 1821 qui concerne le genre Siphonia.

Siphula ceratites (Wahlenb.) FRIES, 1831, est décrit comme seule espèce du genre Siphula : "thallo ramoso, ramis fastigiatis rugosis obtusis, nucleo demum explanato tenuiflavescente... In terra nuda succosa alpium Nordiandiae, rarius in subalpinis. Wahlenberg ! Sommerfeit ! Radix ramosissima, luto arcte adnata. A caule simplici subradicali brevissimo rami primum breves, partim erecti partim ad latera adscendentes, dein omnes erecti fastigiati arcte caespitosi, per longitudinem rugosi usque ad 2 unc. longitudinem assurgunt, Sommerf. 1. c. Apices incrassati, fertiles magis tumentes ; diu clausi nucleo globoso , denique rumpentes tenuissimam disparentemque discretam urceolatam laminam includunt ».

Cet historique montre que le nom même de Siphula est contestable.

Fries l'a employé en effet dans deux sens différents. Il l'a d'abord inventé pour remplacer Dufourea Ach. (FRIES, 1824, 1825), en dépit de la synonymie antérieure (Siphonia = Dufourea) qu’il avait lui-même établie (FRIES, 1820, 1821).

Le genre Siphonia n'a d'ailleurs jamais été explicité. II a donc été abandonné au profit du genre Siphula. Mais par la suite FRIES (1831) a changé la définition même du genre Siphula.

Ultérieurement les auteurs de nouvelles espèces du genre Siphula (NYLANDER, 1858, 1860, 1888 ; MULLER, 1889, 1892 ; VAINIO, 1921 etc.) se sont toujours rapportés à cette dernière définition.

L'usage consacre donc la diagnose du genre Siphula publiée par FRIES en 1831.

Siphula ceratites (Wahlenb,) Fries, 1831 est l'espèce type du genre. Décrit fructifère par FRIES (1831) le genre Siphula est en réalité toujours stérile et sa position systématique est incertaine.

Souvent considéré au même titre que le genre Thamnolia comme lichen imparfait, il est également rapproché des groupes à thalle fruticuleux : Usnéacées, Roccellacées, Sphaerophoracées, Cladoniacées (NYLANDER, 1858, 1860 ; MASSALONGO, 1861 ; VAINIO, 1921 ; ZAHLBRUCKNER, 1926 ; KEISSLER, 1960).

La description de NYLANDER (1860) précise les caractéristiques du genre Siphula : "Thallus e stipitibus teretibus vel compressis simpliciusculis vel saepius dichotome divisis vel ramosis formatus erectis firmulis, apicibus obtusis vel obtusiusculis, extus albidus opacus vel subopacus raro dilatatus (in unica specie lobato-divisus) ; medulla alba sat dense tota ex démentis cylindricis sensu longitudinali conferte dispositis constituta. Apothecia et spermogonia adhuc ignota.
Species hujus generis valde sparsae in variis terris telluris plurimaeque distributione parca et parum extensa solum gaudere videntur.»

Selon ZAHLBRUCKNER (1930, 1932, 1934, 1940) et LAMB (1963), le genre Siphula comporterait un peu plus d’une trentaine d'espèces localisées dans les terres australes et boréales, mais plusieurs de ces espèces ont fait l’objet de commentaires séparés recouvrant souvent des synonymies.

En ce qui concerne les espèces africaines, deux d'entre elles circonscrites à la Province du Cap sont connues depuis déjà longtemps (GMELIN, 1791 ; THUNBERG ex ACHARIUS, 1798 ; NYLANDER, 1857, 1858), à savoir :

- Siphula verrucigera (J. F. Gmelin) R. Sant.

- Siphula torulosa (Thunb. ex Ach,) Nylo

Par la suite des espèces nouvelles provenant d'Afrique furent nommées, en particulier par VAINIO (1926).

Van der BYL (1931) a dénombré quatre espèces du genre Siphula toutes localisées en Afrique du Sud ; DOIDGE (1950) a recensé sept espèces et GARSIDE (1951) en a retenu finalement trois :

- S. verrucigera (J, F. Gmelin) R. Sant.

- S. torulosa (Thunb. ex Ach.) Nyl.

- S. decumbens Nyl.

Je reprendrai dans ce travail l'étude de ces trois espèces et j'y ajouterai deux espèces nouvelles :

- S. mascarena A. Mathey

- S. Abbatiana A. Mathey

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