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Titres et travaux
scientifiques
de Darius
Molho Maître de conférences au Muséum
National d'Histoire Naturelle AVANT -
PROPOS Ce fut
l'exemple d'un oncle, qui m'incita à entreprendre
des
études d'Agronomie. Celles-ci me mirent en contact avec la
Nature et
me permirent de me familiariser avec l'expérimentation
au
laboratoire, dans des domaines variés des Sciences Naturelles
(Botanique,
Microbiologie, etc...) de même que les stages que je
pus faire
ensuite dans les Laboratoires de Professeurs éminents,
que je
suis heureux de remercier ici. C'est au
cours d'un séjour dans le Laboratoire de Microbiologie des Professeurs
GUITTONEAU et CHEVALIER, à l'Institut Agronomique, que j'ai compris
l'importance, non seulement de la systématique, mais également de l'étude
du chimisme des espèces microbiennes et des biosynthèses qu'elles sont
capables de réaliser. Aussi
est-ce vers l'étude de la Biochimie, que je me suis
tourné en
entrant alors au Laboratoire du Professeur JAVILLIER,
sous la
direction de M.Paul MEUNIER. Ce
dernier s'occupait beaucoup, à l'époque, de dosages
photométriques
de vitamines. Il me demanda
d’améliorer et de
rendre
plus spécifique un dosage de vitamine E par le ferricyanure, réaction
qu'il avait mise au point, peu de temps auparavant.
Je fus
ainsi amené à entreprendre la synthèse de modèles de la
vitamine
E. Pour
m'initier à la synthèse organique, M. MENTZER m'accueillit au Laboratoire
de Chimie thérapeutique, qu'il avait
créé,
deux ans avant, aux Etablissements Roussel. |
Ce fut le
début d'une collaboration et
d'une amitié qui ont
duré
vingt-trois ans. Qu'il me
soit permis de dire ici toute l'admiration que j'avais
pour mon
Maître, pour son enthousiasme dans la recherche et sa joie
de vivre.
Bien souvent j'ai puisé auprès de lui le réconfort et un
nouveau
courage après des échecs qui sont si courants dans la Recherche
Scientifique. Je pense exprimer là le sentiment commun à tous
ceux qui
furent ses élèves. Lorsque
j'entrai dans l'équipe de M. MENTZER, son programme de
travail
était la recherche d'analogues structuraux d'hormones oestrogènes et
d'antivitamines K doués d'activité pharmacologique. Dès
lors, je
pris une part active à ces travaux, qui nous ont conduit,
avec P.
MEUNIER, à la synthèse et à la découverte des propriétés anti-coagulantes
de la phényl indanedione, devenue sous le nom de Pindione,
un
médicament très utilisé contre les thromboses. Ce sont
d'ailleurs
ces
recherches qui ont fait l'objet de ma thèse de
Sciences. En 1948»
admis dans le cadre des chercheurs du C.N.R.S., je
rejoignis
M. MENTZER au Laboratoire de Chimie biologique de la Faculté
des
Sciences de Lyon. Le but de nos recherches était alors l'élaboration de
méthodes générales de synthèses d'hétérocycles oxygénés.
C'est
ainsi que nous avons découvert une nouvelle voie d'accès à la
structure
g-pyronique
par la méthode dite "de condensation thermique".
Nous
avions de la sorte à notre portée les pigments flavoniques, ce
qui
orienta nos recherches vers la Chimie des Produits Naturels. Nous
avions en main des procédés permettant de confirmer, par la
synthèse,
des structures de composés extraits de la nature; mais il
nous
était possible également de préparer, par avance, des séries
de
substances
et de les rechercher ensuite dans les végétaux. |
Effectivement,
les collections, que nous avons ainsi constituées, nous ont beaucoup
facilité les recherches systématiques et
taxinomiques,
entreprises plus tard à la suite du développement des
méthodes
chromatographiques de fractionnement. Cette
orientation, prise par notre Laboratoire de Lyon, convenait parfaitement à
l'esprit de la Chaire de Chimie du Muséum, où M.
MENTZER
fut nommé en 1958. II me
demanda de le suivre à Paris, tout d'abord comme Maître
de
Recherche au C.N.R.S., puis comme Sous-Directeur. Là, M.
MENTZER me confia le soin d'organiser un service de
Synthèse
Organique. La Chaire
de Chimie du Muséum a pour vocation, depuis sa fondation sous Louis XIII,
l’étude des constituants organiques des
plantes,
en vue d'isoler de nouveaux médicaments utiles "pour le bon
peuple de
France et de Navarre", comme le spécifiait l'acte de fondation du Jardin
du Roy. L'esprit
analytique prévalut, au sein de la Chaire, depuis les
origines
avec DAVISSON jusqu'à SIMON, en passant par ROUELLE,
VAUQUELIN
et CHEVREUL. Cependant, Marcellin BERTHELOT écrivait, en
1902,
dans une Note aux Comptes Rendus de l'Académie des Sciences
sur
la vie et
les travaux de CHEVREUL,:"les opérations décrites par
CHEVREUL
avec tant de soin, pour définir les espèces chimiques, sont
d'ordre
purement analytiques, précisément comme les opérations des
naturalistes
pour définir les espèces vivantes. Il y manque une
notion
fondamentale, celle de la synthèse, c'est à dire de la puissance créatrice
de la Chimie sur laquelle a reposé tout son progrès,
je dirais
même tout son rêve, depuis les origines de notre science." Il semble
bien que cette remarque ait été suivie d'effet ; les
successeurs
de CHEVREUL à la Chaire de Chimie, ARNAUD, SIMON, FOSSE,
SANNIE et
MENTZER, ont consacré une partie de leurs travaux à la
synthèse
organique. Il semble
très souhaitable que cette double activité, analyse
et
synthèse, soit poursuivie à l'avenir. L'avènement
des méthodes modernes d'investigation, qui permettent d'abord un
fractionnement des plus minutieux par chromatographie,
puis la
détermination des structures, par la spectrographie U.V.,
I.R.,
de
R.M.N., de masse, le dichroïsme circulaire..., a rénové la
Chimie
extractive
et l'a rendue particulièrement féconde. Cependant,
la chimie des produits naturels, comme l'ont remarqué
de grands
chimistes, tels BARTON, WOODWARD, etc.., est particulièrement
passionnante.
Elle intéresse les domaines les plus actuels de la Chimie
mécanismes
réactionnels, problèmes de stéréochimie, qui éclairent d'un
jour
nouveau les réactions classiques de la Chimie organique. De plus
les modes de formation, au sein de la plante, des produits naturels, bien
que s'effectuant par des processus enzymatiques,
fort
éloignés des méthodes utilisées par des chimistes organiciens,
peuvent
néanmoins servir de modèles pour l'élaboration de nouvelles
synthèses.
Parfois, au contraire, c'est la synthèse chimique qui peut
permettre
d'élucider un mécanisme biogénétique : ainsi, à la suite de
travaux
purement chimiques de ALGAR et MAC KEMA, sur une transposition
avec
migration d'aryle des époxydes de chalcones en milieu acide,
GRISEBACH
a montré que la biosynthèse des isoflavones se réalisait,
in
vivo, par une
migration d'aryle. Depuis
mon arrivée au Muséum, j'ai organisé mon Service en trois
groupes
de chercheurs qui, d'ailleurs, collaborent les uns avec les
autres. Un groupe
s'occupe de synthèse organique de produits naturels
ou
apparentés par des méthodes nouvelles, parfois inspirées par
des
processus
biogénétiques. Nous étudions aussi les mécanismes de ces
réactions,
les isomérisations et certaines réactions de chimie organique. Un
deuxième groupe, utilisant les produits ou les séries de
produits
que nous a fourni la synthèse, les recherche dans la nature.
C'est
ainsi que nous avons caractérisé ou isolé des furocoumarines
dans
divers Heracleum, des périnaphténones dans les Pénicilliées
de
type
Herquei et les acides aryl polyéthyléniques dans les
Pipéracées.
Ces
recherches sont faites, soit dans un but taxinomique, soit,
plus
exhaustives,
pour mettre en évidence les filiations et passages biogénétiques possibles
des produits les uns aux autres. Enfin,
ayant toujours été intéressé par la Biochimie dynamique,
à
laquelle j'ai consacré régulièrement une partie de mon activité, j'ai
demandé à l'un de mes collaborateurs
de mettre
au point plusieurs tests d'essai d'activité phytohormonale
(antiauxine, inversion du géotropisme,
abscission, etc..). Nous
mesurons en ce moment, en particulier, les effets d'abscission sur la tige
du coton d'une série d'acides diéniques, dont nous
étudions,
par ailleurs, la synthèse. L'organisation
du Laboratoire du Muséum, suivant ces trois axes
de
recherches, me semble tout à fait souhaitable et conforme à
l'esprit
de Notre
Maison. C'est
d'ailleurs, dans les grandes lignes, la structure actuelle
de la
Chaire, telle que l'a voulue M. MENTZER. II
existe, en effet, des groupes de Recherches de Chimie de
synthèse,
de Chimie d'extraction et de Biochimie dynamique. Et cette
structuration
a été approuvée par le C.N.R.S., qui nous a nommé Laboratoire
Associé. De plus
deux services, existant déjà, me semblent particulièrement intéressants à
développer. Ce sont
:
- Le
Service du Radiocarbone. Parfaitement
équipé en matériel, ce Service manque de personnel.
Il serait
souhaitable de pouvoir réorganiser ce Laboratoire qui peut
nous
permettre des travaux tout à fait intéressants de biogénèse.
- Le
Service de Mesures Physiques. L'équipement
que nous possédons est important et moderne. Nous
pensons
recevoir, dans les prochains mois, du C.N.R.S., un
spectrographe
de masse,
appareil rare encore dans les laboratoires et qui nous rendra
de grands
services. De plus, nous
venons de commander, pour améliorer
notre
spectrographe de R.M.N, un découpleur de spins, appareil particulièrement
efficace pour la détermination de certaines structures. Il me
semble souhaitable d'envisager, pour l'avenir, l'achat
d'un
dispositif de R.P.E. pour l'étude des radicaux libres et des
réactions
radicalaires. Notre
Service de Physique, riche encore de deux chromatographes
en phase
gazeuse, d'un analyseur d'acides aminés, de spectrographes
I.R.,
U.V. et
de polarimètres, est tout à fait important et efficace et il
est
indispensable
de le maintenir à jour. Je pense
souhaitable de créer ou de maintenir des liens avec
d'autres
Laboratoires du Muséum. Par le matériel qu'ils nous fournissent, ils nous
permettent des travaux spécifiques à notre Maison,
travaux
qui, en échange, leur apportent un enrichissement dans leurs
propres
recherches et dans leurs connaissances. |
Dans ce
sens, nous avons, en relation avec le Laboratoire de
Cryptogamie
de M. le Professeur HEIM, étudié une série de
Pénicillium
et
souhaitons continuer des recherches dans ce sens, autant que
possible. L'an
dernier, trois chercheurs de notre Laboratoire ont fait un
stage à
la Jaysinia à Samöens, d'où ils ont rapporté de nombreuses
plantes
dont ils poursuivent l'étude. Nous envisageons pour l'avenir,
en accord
avec M. le Professeur HAMEL, des études de biogenèse de xanthones, à
l'aide de 14C, dans Gentiana kochana, cultivée dans les
jardins
de la Jaysinia. Enseignement Dans le
cadre de son enseignement, M. MENTZER me confiait environ
deux
conférences par an sur des sujets très spécialisés, souvent
sur
des
travaux personnels. Je pense,
qu'en plus du cours magistral du Professeur, il est
très
important d'inclure, dans le programme de l'enseignement, un
certain
nombre de conférences de Professeurs ou de Chercheurs, français ou
étrangers, sur leurs travaux personnels ayant un rapport avec
nos
lignes de travail. Un autre
aspect de l'enseignement, que nous pratiquons au Laboratoire, est la
préparation de diplômes d'Etudes Supérieures, de
thèses de
5ème cycle, de thèses d'Etat ou d'Université. Tous les
quinze jours, un séminaire réunit les chercheurs et, à
tour de
rôle, chacun parle de son travail en cours ; une discussion
suit
l'exposé. Ce procédé est riche d'enseignement : il apprend
à
l'élève à
parler en public, à présenter ses résultats et ses idées
avec
clarté, enfin, la discussion permet souvent d'enrichir son
travail
et celui de ses camarades. |
De telles
réunions contribuent à créer un climat d'équipe et
de
camaraderie.
Bibliothèque Nous
avons une riche bibliothèque. Il me semble donc essentiel
de
maintenir les abonnements, voire d'en augmenter le nombre.
Grâce
à la
ténacité de M. MENTZER et la compétence de Mme FATIANOFF, un important
fichier de produits naturels d'extraction (hormis les
alcaloïdes)
a été
constitué depuis 1959 et il est maintenu à jour constamment.
C'est un
outil de travail très utile. La diffusion de ce fichier est
faite,
dans le public, par les "Actualités de Phytochimie
fondamentale"
qui
paraissent tous les deux ans. Aussi
longtemps qu'il sera, matériellement, possible de le faire,
il me
semble souhaitable de maintenir cette publication dont aucun homologue
n'existe, (sauf quelques gros manuels, Hegnauer, Karrer,
difficiles
à mettre
à jour) et ceci tant pour son utilité que pour le souvenir de
M.
MENTZER, qui attachait un grand prix à cette partie de son
oeuvre.
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