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Etude
comparée des activités phosphatasiques acides et des paramètres hydriques
foliaires de cultivars de mil (Pennisetum americanum L.) soumis à des
contraintes hydriques de Michèle
Dassa-Girard
INTRODUCTION
L'eau est un élément
essentiel pour la vie des plantes ; elle constitue 85 à 90% du poids frais
des tissus actifs des plantes herbacées. L'eau contribue au port érigé des
végétaux ; elle permet le transport de différentes substances (éléments nutritifs,
hormones...) ; elle commande divers mouvements (feuilles, stomates...) ; à
l'échelon cellulaire, elle permet le déroulement du métabolisme. Un déficit hydrique apparaît dans la plante
quand ses pertes en eau (transpiration) excèdent ses capacités d'absorption
racinaire. La diminution du contenu en eau de la plante se répercute sur sa
morphologie, sur ses activités métaboliques (photosynthèse, respiration...).
Cette situation de déficit peut survenir aux moments les plus chauds de la
journée ; cette situation est alors transitoire. Cependant des déficits plus
sévères et durables apparaissent lorsque les conditions atmosphériques
(température, vent, humidité de l'air) provoquent une évapotranspiration
intense considérablement supérieure à la pluviométrie (cas des zones arides).
Afin de lutter contre ce déficit, on peut réaliser une bonne gestion de l'eau
par sa collecte et sa mise en réserve et réduire 1’évaporation des sols
(travail du sol, modification de la texture, apport d’hydrorétenteurs synthétiques). En zones semi-arides, la
productivité végétale est soumise non seulement à des contraintes climatiques
(sécheresse) mais aussi édaphiques (pauvreté et fragilité des sols) et aux
maladies. Dans cette étude, nous
nous sommes intéressés à la contrainte sécheresse ; nous avons essayé de
comprendre une partie des mécanismes complexes de l'adaptation des végétaux à
la sécheresse dans le but de fournir aux sélectionneurs des caractères
physiologiques de résistance et des tests de criblage. Nous avons étudié le
comportement de cultivars de mil (Pennisetum
americanum L.), graminées cultivées dans les zones sahéliennes, soumis à
deux types de contrainte hydrique, édaphique et osmotique. Le choix des
cultivars a été fait en fonction des caractéristiques climatiques de leur
zone d'origine. |
Nous nous sommes plus
particulièrement intéressés : au niveau cellulaire, au comportement d'enzymes
(phosphatases acides) dont on sait que leurs évolutions dépendent de la
contrainte hydrique supportée par les plantes et à la résistance
protoplasmique des cellules appréciée par le maintien de l'ultrastructure
membranaire au niveau de la plante entière, à l'évolution de paramètres
hydriques tel que le potentiel hydrique foliaire (YH), le potentiel osmotique (Y0), le potentiel de turgescence (YP) et le contenu relatif en eau (RWC). Nous avons alors pu mettre
en relation l'évolution des paramètres hydriques à l'échelle de l'organisme
avec celle de l'activité phosphatasique à l'échelle cellulaire et
moléculaire. Nous avons donc essayé
d'étudier la physiologie de la plante entière dans ses relations avec le
milieu extérieur. L'originalité de notre approche est le passage du général
au particulier par une analyse à plusieurs échelles de perception depuis la
plante entière passant par l'organe et en allant jusqu'aux mécanismes
cellulaires. |
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVE DE
RECHERCHE
Nous avons étudié le
comportement de 3 populations de mil d'origine géographique différente soumis à des contraintes
hydriques (contrainte édaphique progressive et contrôlée et contrainte
osmotique àl'aide de polyéthylène glycol 600). Nous avons essayé de relier
les résultats obtenus à la répartition de ces 5 cultivars en fonction des
isohyètes moyens. Nous avons pu montré que
les réponses à la sécheresse pouvaient se situer à plusieurs niveaux (à
l'échelon de la plante entière et à l'échelon cellulaire) et faire appel à
des phénomènes apparemment différents. Nous avons établi un tableau
récapitulatif des paramètres étudiés montrant le comportement plus (+++) ou
moins (+) résistant de chaque cultivar à la sécheresse et la possibilité du
rôle adaptatif de ces paramètres. Au niveau de la plante
entière, nous avons observé chez nos 3 cultivars de mil, une augmentation de
la matière sèche racinaire des plantes contraintes par rapport aux plantes témoins. Cet accroissement est
plus important chez les cultivars présumés résistants à la sécheresse. A l'échelon cellulaire,
nous avons noté chez nos 3 cultivars de mil contraints, un ajustement
osmotique, c'est à dire une accumulation nette de solutés dans la
vacuole qui permet en particulier de
maintenir une turgescence positive au niveau de la plante entière. Cet
ajustement est plus important chez les cultivars résistants à la sécheresse. Nous avons également
observé des comportements différents de nos 3 cultivars de mil. Les cultivars
présumés les plus résistants (SRM Dori et Douman) présentent une stabilité de leur activité phosphatasique
et une résistance protoplasmique plus grande que le cultivar présumé sensible
(Kamboinse). Cette plus grande stabilité enzymatique pourrait être due, en
partie, à une meilleure capacité de SRM Dori et Douman à maintenir leur ultrastructure membranaire. Il y a donc
une bonne correspondance entre la tolérance protoplasmique et les hypothèses
de départ sur la meilleure résistance
de SRM Dori et Douman. Cette résistance
protoplasmique moins grande et le fait que Kamboinse maintient, au cours de
la contrainte hydrique, un contenu relatif en eau (RWC) beaucoup plus important que celui des 2 autres
cultivars, permettrait de "classer" ce cultivar (Kamboinse) parmi
les plantes qui évitent la déshy dratation de leur tissu. Cependant, pour chaque
"stratégie" de résistance (évitement ou tolérance), il y a une
multiplicité de facteurs en cause et il est difficile de rattacher sans
ambiguïté les différents cultivars à l'un de ces 2 grands groupes. Pour le sélectionneur, les
caractères de tolérance à la sécheresse de SRM Dori et Douman (ajustement
osmotique, développement racinaire et résistance protoplasmique) semblent plus intéressants à sélectionner, dans
nos conditions expérimentales de contrainte hydrique, que ceux de Kamboinse. Cependant ces conditions
expérimentales sont très éloignées de celles du milieu naturel, et il serait
indispensable de compléter cette étude par des recherches avec les mêmes cultivars, poursuivies dans les
conditions climatiques des zones semi-arides. Par exemple, la plus grande variabilité génétique de Kamboinse,
que nous avons rencontrée tout au long de nos expériences, pourrait lui
conférer des avantages supplémentaires sur le terrain, par rapport aux deux
autres cultivars. En effet, si la population de Kamboinse a gardé, en son
sein, différentes potentialités de réponses à la déshydratation, elle
pourrait se développer et donner des rendements convenables, dans des
conditions de sécheresse différentes. A
l'opposé, la population de SRM Dori, beaucoup plus homogène,
assurerait des rendements très importants pour un certain type de contrainte
hydrique mais serait complètement décimée pour un autre type. Le mil, apparaît être une
espèce végétale moyennement résistante à la sécheresse par rapport à d'autres
espèces comme le Cajanus cajan L. qui maintient un contenu en eau élevé pour des potentiels hydriques de
-7,0 MPa (FLOWER et LUDLOW, 1986). Il serait donc intéressant d'étudier, en
parallèle, le comportement d'une autre graminée tropicale comme le sorgho qui
est aussi l'une des bases de l'alimentation
en Afrique sèche. Cette espèce présente, peut être, d'autres
caractéristiques de résistance à la sécheresse intéressantes à sélect tonner. Chez les 3 cultivars de
mil, que nous avons étudiés, au cours du traitement osmotique, a été mise en
évidence l'augmentation de l'intensité de coloration d'une isoforme de la
phosphatase acide ayant un point isoélectrique égal à 6,5. Grâce à la
chromatofocalisation, on pourrait isoler cette protéine en fonction de son
point isoélectrique et déterminer sa spécificité vis à vis de différents
substrats. Cela permettrait, peut
être, de mieux comprendre le rôle éventuel de cette isoforme dans la
résistance à la sécheresse du mil. Il serait également important de
déterminer sa compartimentation cellulaire et histologique. En particulier,
on pourrait étudier la répartition de l'activité phosphatasique acide entre
les deux tissus chlorophyliens des feuilles, les gaines périvasculaires et le
mésophylle. |
Les études sur le rôle des
protéines pourraient également être étendues à la recherche d'éventuelles
synthèses de "protéines de contrainte hydrique" par analogie aux
protéines de stress thermique
("heat shock proteins") en utilisant des techniques
complémentaires telles que 1'électrophorèse en deux dimensions de O'FARRELL
(1975), la fluorographie ou bien 1'immunoenzymologie . |
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